En 2017, restons optimistes

Par Robert Jules  |   |  946  mots
Si au jour le jour, nous avons tendance à nous focaliser sur les mauvaises nouvelles, et elles sont bien réelles et souvent tragiques, sur le long terme notre situation tend à s'améliorer régulièrement.

L'année 2016 aura été par bien des aspects déprimante : plusieurs attentats terroristes en France et ailleurs, chômage stagnant, faible croissance économique, pics de pollution, tragédie des réfugiés. En cela, 2017 devrait ressembler à 2016 avec en outre son lot d'incertitudes qui ont pour nom Brexit, Donald Trump président, conflits au Moyen Orient, ou encore avenir de l'Union européenne...

Et l'on peut comprendre que les Cassandre tiennent le haut du pavé. Pour autant, la situation est-elle aussi catastrophique que l'on peut l'entendre ?  A qui se plaignait devant lui que « la vie était dure », Voltaire rétorquait, selon la légende, « comparée à quoi ? »

"It's getting better all the time"

Si l'on prend un peu de hauteur par rapport à notre quotidien, si l'on regarde sur le long terme, on apprend que l'on vit de mieux en mieux. Comme le chantaient les Beatles à la fin des années 1960 : « It's getting better all the time ».

En 2016, l'historien des idées suédois Johan Norberg a publié « Progress : ten reasons to look forward to the future » (Progrès : 10 raisons d'envisager l'avenir), devenu un best-seller international mais non traduit en français, où il fournit nombre de données - accessibles à tout le monde via internet - pour expliquer que l'humanité n'a jamais eu d'aussi bonnes conditions de vie qu'aujourd'hui. E Johan Norberg considère que cela ne se sait pas suffisamment.

Le site Our World in Data, animé par Max Roser, dit la même chose mais en utilisant la visualisation de données. Il a choisi de résumer l'amélioration de nos conditions de vie en cinq graphiques.

Moins de 10% de personnes extrêmement pauvres

Ainsi, si l'on prend l'extrême pauvreté (moins de 1,90 dollar par jour), sa part dans la population mondiale entre 1981 et 2015 est passée de 44% à moins de 10% alors même que le nombre d'habitants de la planète passait de 4,44 milliards d'individus à 7,35 milliards. Un progrès dû à la croissance économique et à la productivité de l'activité.

Durant la même période, la part d'analphabétisme est tombé de plus de 40% (1981) à un peu moins de 20%, dont une majorité de gens âgés. Cette part devrait donc se réduire encore plus rapidement dans les prochaines années.

Chute de la mortalité infantile

En matière de santé, le progrès est là aussi spectaculaire, non seulement grâce aux avancées de la médecine (vaccination...) et de l'extension de l'hygiène, mais aussi grâce à l'amélioration de la qualité de la une nourriture, rendue possible avec la modernisation de l'agriculture et la hausse des rendements ainsi que l'accès à plus grande variété de produits alimentaires grâce au commerce international.

L'un des fléaux que ces progrès de la médecine ont permis de réduire est celui de la la mortalité infantile (enfants de moins de cinq ans) tombée à 4,5% en 2015, contre quelque 40% en 1900 !

Mais il n'y a pas que le corps. Les libertés politiques et civiles des individus se sont également étendues à travers le globe. Au XIXe siècle, plus d'un tiers de la population subissait des régimes coloniaux et presque tout le monde vivait sous des régimes autocratiques. C'est à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, que les régimes démocratiques ont commencé à gagner du terrain, avec la fin des empires coloniaux et la chute de l'Union soviétique. Aujourd'hui, plus d'une personne sur deux vit en démocratie, et pour ce qui concerne ceux vivant sous un régime autocratique 4 sur 5 sont situés en Chine, où seul le parti communiste chinois dirige, même si ces dernières années les possibilités de circulation et d'expression se sont assouplies.

Population croissante, ressources limitées

Fait plus remarquable encore, mais souvent négligé, toutes ces améliorations ont été réalisées avec une population croissante et des ressources limitées. En deux siècles, nous sommes passés de 1 milliard de terriens à plus de 7 milliards. L'une des raisons est que nous vivons plus longtemps. Pour autant, avec la baisse de la fertilité et le vieillissement, la population mondiale devrait se stabiliser en 2075 avant de se mettre à baisser, et faire mentir les prédictions malthusiennes.

Pourtant malgré ses progrès, une large majorité d'entre nous voient paradoxalement l'avenir avec pessimisme. Pour l'expliquer, Max Roser avance le rôle des médias qui parle tous les jours de ce qui va mal dans le monde : crash aérien, attentats terroristes, catastrophes naturelles... Mais que serait un journal qui ne parlerait que des trains qui arrivent à l'heure, qui trouverait extraordinaire ce qui est la norme ?

Effort quotidien et collectif

L'une des raisons les plus pertinentes réside dans le fait que ces progrès ne se font pas de façon spectaculaire mais à un rythme lent et à peine perceptible. Prenons l'exemple d'internet, les possibilités que le réseau offre étaient à peine imaginables avant sa création, mais aujourd'hui tout cela est intégré à notre quotidien, sans même qu'on pense au progrès qu'il a amené.

Et c'est d'ailleurs là le risque. Ce progrès n'est pas un phénomène donné et naturel mais construit par l'effort quotidien et collectif. Il nécessite donc la poursuite de cet effort volontaire pour demain éradiquer l'extrême pauvreté, réduire le chômage, augmenter les libertés... C'est la raison pour laquelle seule une vision qui embrasse le long terme est de nature à relativiser les mauvaises situations que chacun rencontre au quotidien.

C'est cette vision optimiste que voudrait formuler la Tribune en cette fin d'année 2016 en souhaitant à ses lecteurs et internautes une bonne et heureuse année 2017.