L’avenir de la gauche passe par une révolution régalienne

Par Bruno Jeudy  |   |  470  mots
Bruno Jeudy (Crédits : DR)
EDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.

La défense des immigrés comme plus petit dénominateur commun à gauche. Le vote de la loi sur l'immigration aura au moins permis aux Insoumis, aux écologistes, aux communistes et aux socialistes de resserrer les rangs. Haro donc sur Emmanuel Macron et son gouvernement, qui aurait « pris les idées » du Rassemblement national pour faire adopter sa loi, selon la formule de François Hollande. L'ex n'est jamais en retard pour régler des comptes avec son successeur. Que de mots entendus depuis mardi : loi lepéniste ; texte d'inspiration vichyste, etc. À les entendre, Jean-Marie Le Pen aurait pris la place d'Élisabeth Borne à Matignon. L'immigration fait perdre ses esprits à la gauche, à quelques exceptions près. Le vote de ce texte, c'est aussi l'histoire de
l'arroseur arrosé. Celle d'une gauche à l'origine de l'interruption de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale après le vote d'une motion de rejet lancée par les écologistes. À l'arrivée, ils se sont retrouvés avec un projet de loi plus dur et largement inspiré par... la droite sénatoriale.
D'évidence, le texte a heurté une partie de l'opinion. Il satisfait néanmoins 48 % des Français, selon notre sondage, quand il mécontente seulement un petit tiers d'entre eux. Si le grand perdant semble être le président de la République, la gauche apparaît encore un peu plus déconnectée des aspirations de nos concitoyens.
Depuis trente ans, elle préfère le déni à la réalité sur la question migratoire. Elle a échoué au moins en partie sur la question de l'intégration. Au fond, elle a refusé de travailler sérieusement le sujet depuis que Michel Rocard a mis les pieds dans le plat en
1989 : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, raison de plus pour qu'elle traite décemment la part qu'elle ne peut pas prendre », argumentait alors courageusement l'ancien Premier ministre. Depuis, la gauche oscille entre d'un côté une ligne « sans-frontiériste » et, de l'autre, la promotion de l'intégration des immigrés réguliers conjuguée à une maîtrise des flux migratoires. Une politique qui n'a pas fait ses preuves. En 2023, les Français réclament de l'efficacité à la fois sur les expulsions, le contrôle des frontières et la régulation de l'immigration via des quotas par métier. Dans le débat actuel, Emmanuel Macron est en accord avec l'opinion à la différence de la gauche, qui doit en urgence faire sa révolution régalienne sur l'immigration et plus globalement sur la sécurité. Sans ce travail, ses chances de revenir au pouvoir sont quasi nulles.

Joyeux Noël à tous.

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