Toc toc toc, la COP21 s'invite au G7

Par Philippe Mabille  |   |  772  mots
Les pays du G7 afficheront une unité apparente sur le climat.
Qui n'a pas encore entendu parler de la COP21 ?

Organisée à Paris en décembre, cette conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique est en train de se perdre dans le sable des déserts diplomatiques, a dénoncé, à juste titre, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, pour mettre la pression sur le sommet du G7 à Bonn, ce dimanche, où l'on espère quelques avancées sur le financement de la transition énergétique.

De fait, force est de constater que Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, qui conduit les négociations climatiques, peine à convaincre les pays émergents, Chine et Inde en tête, de conclure un accord avec les pays riches.

« Tous ensemble pour le climat »

Pour l'heure, le seul progrès notable est l'écot qu'ont accepté de verser certaines grandes entreprises « amies du climat» pour payer les frais pharaoniques de la conférence de Paris: 187 millions d'euros inscrits au budget de l'État pour 40.000 participants attendus, une bonne nouvelle pour les recettes touristiques de la capitale.

Intitulée « Tous ensemble pour le climat», cette quête vise à financer jusqu'à 20% de la facture pour le contribuable et « verdira » ses généreux « mécènes» qui, affirmant ainsi leur volonté « d'être exemplaires et de s'engager à long terme pour le climat», bénéficieront du label COP21 pendant un an.

Approche réaliste avec les entreprises

L'opération, critiquée par beaucoup d'ONG, peut choquer ceux qui n'y voient qu'une affaire de communication. Mais elle traduit aussi une réalité : COP21 ou pas, on ne fera pas disparaître les centrales au charbon ni la consommation de pétrole du jour au lendemain. Autant donc avoir avec soi les entreprises, qui investissent pour chercher des solutions, plutôt que les considérer comme des adversaires désignés.

Six majors pétrolières européennes - Total, Shell, Statoil, BP, Eni et BG - viennent ainsi de signer un appel international pour que les États s'accordent, à défaut sur des quotas de CO2, pour donner enfin un prix au carbone. Une solution de marché prônée depuis longtemps par notre Prix Nobel d'économie, Jean Tirole, pour inciter les entreprises à « se détourner des options les plus émissives et apporter la visibilité nécessaire pour dynamiser les investissements dans les technologies à bas carbone», précisent les entreprises signataires.

Quel prix pour le carbone?

Leur objectif est clairement de promouvoir le remplacement des centrales au charbon par des centrales au gaz, plus économes en CO2. Reste à fixer le juste prix du carbone. Trop bas, comme en Europe, il ne permet pas de projeter dans l'avenir les investissements ; trop haut, il soulève des problèmes d'acceptabilité (on l'a vu avec le débat sur la taxe carbone) et de compétitivité.

Dans le genre alternatif, le projet le plus disrupteur vient comme souvent de la Silicon Valley. Elon Musk, le fondateur de Tesla, y rêve d'inonder la planète avec les batteries qu'il va construire dans son usine pilote installée dans le Nevada, la «Gigafactory», fonctionnant à l'énergie solaire.

Par un calcul un peu simpliste, il assure que 2 milliards de ses batteries permettraient de mettre en quelques années un terme aux émissions de CO2 d'origine humaine. Quand on sait qu'il faudrait, selon le Giec, laisser dans le sol 80% des énergies fossiles que le monde consomme actuellement pour éviter de franchir la barre des 2°C de réchauffement de la planète, l'hypothèse est, sur le papier, séduisante. Mais au stade actuel de nos connaissances dans le stockage de l'électricité, cette proposition semble peu réaliste : le prix reste trop élevé.

À moins d'un saut technologique

Après trois révolutions industrielles - du charbon, puis du pétrole, puis de l'électricité -, et si le XXIe siècle était celui des grandes découvertes dans le stockage de l'électricité ?

Ce sujet fait partie des priorités des plans de la Nouvelle France industrielle et de nombreux grands groupes français y travaillent avec des universitaires et des startups : hydrogène, pile à combustible, puissance des batteries, les progrès sont réels, mais pas encore assez spectaculaires pour offrir une alternative rentable au carbone et accélérer le développement des énergies renouvelables.

Stocker l'énergie, ce serait aussi la promesse d'un nouveau modèle de société, où chaque individu, chaque entreprise, serait à la fois producteur, stockeur et consommateur d'électricité, partie prenante du réseau. Une révolution pour les énergéticiens dont on comprend qu'ils ne sont pas trop pressés de voir ce fou furieux d'Elon Musk parvenir à ses fins.