L'économie collaborative, catalyseur des transformations de l'assurance

Autopartage, co-voiturage, crowdfunding, location de logement entre particuliers... l'économie collaborative connaît un essor indéniable et pousse l'ensemble des secteurs économiques, même les plus traditionnels comme l'assurance, à innover et à repenser leurs offres. Par Hamid Benamara, directeur général du site LesFurets.com

Selon une étude publiée par "60 millions de consommateurs" en novembre 2014 , pour plus d'un Français sur deux, l'économie collaborative représente le mode de consommation du 21e siècle et sera aussi importante que l'économie traditionnelle. Au-delà des intentions, les Français sont aussi déjà passés à l'acte. En effet, trois français sur quatre ont déjà vendu, acheté, loué ou mis à disposition des biens ou des services à d'autres particuliers . Ils sont de plus en plus à adopter ce mode de consommation, et ceci pour des raisons économiques, environnementales et éthiques.
L'économie collaborative n'est plus une tendance émergente ni même un simple effet de mode. Elle doit être considérée comme un mode de consommation pérenne et significatif. Ce marché représente un potentiel de développement et de croissance impressionnant, qui selon les projections du cabinet PWC pourrait atteindre 335 milliards de dollars en 2025.

Vers une transformation de l'assurance : de la couverture du bien à celle de l'usage...

L'automobile, l'hôtellerie, les transports, le tourisme, la finance...sont autant de secteurs transformés par l'économie collaborative. Pour être en prise avec ces nouveaux usages, l'assurance s'intéresse de plus en plus à ce phénomène. Preuve en est les nombreuses annonces de partenariats entre les grands acteurs de ce secteur et les entreprises s'appuyant sur un modèle collaboratif (Allianz et Drivy, Tripndrive, MACIF et Deways, Axa et BlablaCar...).

L'assurance joue en effet un rôle clé et ses acteurs sont des alliés de poids pour ces start-ups en plein développement. La confiance, étant l'un des socles fondateurs de l'économie collaborative, la présence d'un grand nom de l'assurance agit comme une caution crédible, supplémentaire et connue auprès du grand public. Elle permet également de réduire certaines appréhensions liées à ces nouveaux usages.
Au-delà de l'élargissement de leur écosystème, ces modes de consommation inédits poussent aussi les assureurs à repenser leurs offres pour créer de la valeur. L'économie collaborative a bousculé les modèles économiques traditionnels et les besoins en assurance sous-jacents. La notion de propriété s'estompe progressivement et les assureurs repensent désormais leurs produits en fonction de l'usage fait par le consommateur, à des fins privées ou professionnelles. De ce fait, une voiture peut-être prêtée ou partagée, tout comme un appartement.
Les risques à couvrir évoluent avec ces changements de consommation et font naitre de nouveaux besoins. Ce glissement de la notion de possession vers celle de l'usage remet également en question la durée de la couverture. Il sera de plus en plus courant d'assurer un bien pour un temps donné, celui de son utilisation et non plus de manière permanente.

Ouverture et création de valeur...

A mon sens, cette évolution de la définition du risque conduit l'assurance à relever deux grands défis. Le premier est d'assurer ces nouveaux usages en faisant coexister les modèles « traditionnels » de création et de distribution des produits et services d'assurance et ceux en lien avec l'économie collaborative. Et tout en protégeant le consommateur ! Cette cohabitation des deux systèmes peut en effet rapidement engendrer des situations de sur-assurance - et donc de sur-tarification - lorsque le consommateur double son assurance individuelle avec celle souscrite via la plateforme collaborative. A l'inverse, la sous-assurance est également un risque, d'où la nécessité d'une collaboration étroite entre les start-ups et les assureurs.

L'émergence de nouveaux modèles d'assurance entre particuliers (« peer to peer ») constitue le second challenge à appréhender par les assureurs. Les plateformes telles qu'Inspeer en France ou FriendInsurance en Allemagne, bien qu'encore à un stade de développement exploratoire, bâtissent leur modèle économique sur la force de la communauté (membres de la famille et amis).

Se réapproprier l'assurance de manière plus personnelle

Les utilisateurs peuvent ainsi se réapproprier l'assurance de manière plus personnelle, concrète et engageante en mutualisant leurs franchises avec des proches. Pour beaucoup d'assurés, en avançant des primes pour un potentiel sinistre, il est difficile de percevoir directement la création de valeur émanant de son assureur, et ceci aussi en raison des multiples intermédiaires.
L'économie collaborative est ainsi une opportunité inédite pour les assureurs de développer de nouvelles relations et interactions avec leurs clients et de détecter les tendances porteuses d'innovations. En se plaçant au cœur des usages quotidiens des consommateurs, l'assurance peut surtout redonner confiance en ses services. La finesse d'adaptation et de personnalisation des offres seront les facteurs clés de la transformation du secteur et de sa réussite.

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