Anne Hidalgo met au pas la circulation dans Paris, limitée à 30 km/h dès la fin août

Par latribune.fr  |   |  692  mots
Cette annonce vient acter la nouvelle politique de la ville. Déjà, la mairie a prévu une nouvelle zone à trafic limité (ZTL) dans le centre historique, annoncée pour le premier semestre 2022. (Crédits : Reuters)
Au 30 août, la vitesse maximale dans la quasi totalité de la capitale sera rabaissée de 50 à 30 km/h. Une mesure qui déplaît à une large majorité de Franciliens qui effectuent des déplacements à Paris. Avec une réduction du bruit, "le risque de décès est 9 fois moins important à 30 km/h qu'à 50 km/h et les blessures sont beaucoup plus légères", argumente la Ville dans une synthèse pour motiver sa décision.

Après les coronapistes, la réforme du stationnement, qui prévoit de rendre payant dès début 2022 le stationnement pour les deux-roues motorisés thermiques, la Ville de Paris a présenté une nouvelle mesure qui pourrait susciter l'ire des automobilistes. Dès la fin août, la vitesse sera limitée à 30 km/h dans la capitale, sauf rares exceptions. L'objectif, rappelé par David Belliard, adjoint EELV de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, "diminuer la place de la voiture" dans la Ville Lumière.

La capitale compte déjà 60% de zones limitées à 30 km/h. La vitesse moyenne de circulation y est même de 16 km/h, a rappelé l'adjoint. Mais cette annonce vient acter la nouvelle politique de la ville. Déjà, la mairie a prévu une nouvelle zone à trafic limité (ZTL) dans le centre historique, annoncée pour le premier semestre 2022.

Pour les écologistes, qui "plaident depuis des décennies pour une baisse de la vitesse en ville", la généralisation est "une grande victoire culturelle", estime l'ancien candidat des Verts à la mairie, rappelant qu'il s'agissait d'un engagement de campagne repris par Anne Hidalgo lors de sa réélection en 2020. "Je réalise noir sur blanc ce qu'il y a d'écrit sur l'accord de mandature."

La mesure entrera en vigueur le 30 août, le temps pour la mairie de déployer les panneaux aux portes de la capitale pendant l'été, synonyme de tolérance. La période a été choisie à dessein, "l'acculturation" étant "plus facile pendant l'été" quand une partie des Parisiens sont en vacances et le trafic moins dense.

Le périphérique reste limité à 70km/h

Le boulevard périphérique, que la Ville voudrait faire passer à 50 km/h, restera limité à 70 km/h. Les boulevards de ceinture dits "des maréchaux", deux portions des quais de Seine, certaines voies des bois de Boulogne et Vincennes, quelques grands axes de l'ouest parisien (Champs-Elysées, Foch, Grande Armée, rue Royale), du XIIe (est) et du XIVe (sud) resteront limités à 50 km/h. Mais l'équipe de David Belliard espère "rouvrir les discussions" ultérieurement avec la préfecture, qui a donné son accord.

La Ville de Paris s'appuie sur une enquête qu'elle a elle-même menée : "59% des Parisiens sont favorables à la réduction de la vitesse à 30km/h dans les rues de la capitale à la condition que certains axes restent à 50 km/h". En revanche, les Franciliens favorables sont minoritaires (36%).

Selon la même source, les bénéfices avancés sont la sécurité routière devant les nuisances sonores. "Le risque de décès est 9 fois moins important à 30 km/h qu'à 50 km/h et les blessures sont beaucoup plus légères", argumente la Ville dans une synthèse motivant sa décision.

David Belliard assume: "l'enjeu, c'est de diminuer la place de la voiture, ce qui passe par la baisse de la vitesse", dit-il en mettant en avant la volonté de "sécuriser" les rues de la capitale "pour les plus vulnérables: les piétons, les cyclistes, les enfants et les seniors".

« On pensait qu'il y aurait un vrai débat »

Cette mesure vise aussi à aller vers une "ville moins bruyante", souligne M. Belliard. "On baisse les nuisances sonores, on fluidifie le trafic en diminuant les effets d'accélération et de décélération", a encore dit l'adjoint, selon lequel une réduction de 20 km/h de la vitesse permet de diviser par deux le bruit (-3 décibels) dans les rues de Paris.

La diminution de la vitesse permettra aussi de diminuer la largeur des chaussées, et donc "d'améliorer la qualité de vie sur l'espace public", estime la Ville.

L'opposition de droite a déploré une "annonce brutale": "On l'avait vu venir, mais pas aussi vite et on pensait qu'il y aurait un vrai débat", a regretté M. Véron, informé en plein conseil municipal. "On se demande vraiment à quoi sert le Conseil de Paris", peste-t-il.

L'opposition dénonce encore une "accumulation de mesures qui vise à supprimer la place de la voiture" dans la capitale.

(Avec AFP)