Logement : Pécresse veut réorienter les financements pour les classes moyennes

Par Mathias Thépot  |   |  732  mots
Valérie Pécresse (LR) propose un PTZ complémentaire à celui de l'Etat pour les jeunes qui souhaitent acheter leur logement.
Si elle est élue président de la région, Valérie Pécresse arrêtera de cofinancer les logements "très sociaux" en Île-de-France dans les villes qui en comptent déjà plus de 30 %. Elle redirigera les moyens de la région pour loger des classes moyennes.

En déplacement à Argenteuil ce mercredi, la candidate LR aux élections régionales, Valérie Pécresse, a détaillé son programme pour le logement. Il se dégage de ses propos une ligne conductrice : donner, à budget quasi-constant, davantage de moyens aux classes moyennes pour se loger. Et donc de fait, moins pour les autres. Le but est « de lutter contre la ghettoïsation en Île-de-France, orchestrée depuis des années par les maires qui ont implanté dans leur commune entre 60 % et 70 % de logements très sociaux », assume Valérie Pécresse. Un biais politique clair qui s'oppose aux critiques régulières contre les riches villes de l'ouest de Paris, qui préfèrent payer des pénalités conséquentes plutôt que de construire plus de logements sociaux.

Un PTZ complémentaire

Ainsi la région Île-de-France ne cofinancera plus, si la candidate LR est élue, « la construction de logements très sociaux dans les communes qui en comptent plus de 30 % », a-t-elle indiqué. Plus précisément, Valérie Pécresse fait référence aux logements sociaux dits PLAI, dont les revenus maximums autorisés des locataires, par exemple pour un couple ayant deux enfants, sont de 27.300 euros en Île-de-France, hors Paris et communes limitrophes.

Concrètement, Valérie Pécresse compte réorienter les soutiens financiers de la région vers les logements sociaux pour les classes moyennes, dits PLUS et PLS, et qui sont accessibles avec des revenus maximums, toujours pour un couple ayant deux enfants en Île-de-France, hors Paris et communes limitrophes, de respectivement 49.700 euros et 64.000 euros par an.

En outre, pour aider l'accession à la propriété, Valérie Pécresse propose d'instaurer un « prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf et l'ancien » qui viendra en complément de celui de l'Etat. Elle souhaite ici cibler en priorité « les jeunes qui occupent des logements sociaux et qui souhaitent devenir propriétaire soit dans le neuf en périphérie, soit dans l'ancien dans les centres villes », explique la candidate.

Pas de grands investissements dans le logement

Ce PTZ constituera la seule enveloppe supplémentaire allouée au budget logement de la région. Pour le reste, Valérie Pécresse ne fera que rediriger des financements existants de la région Île-de-France, le budget annuel Logement de la région étant aujourd'hui de 163 millions d'euros sur un budget total de 4,9 milliards d'euros. Cette politique minimaliste de dépenses est assumée par Valérie Pécresse, puisqu'elle a promis une baisse de 400 millions d'euros des dépenses globales de la région.

Dans une optique budgétaire restrictive, elle préfère se positionner en soutien des maires pour construire des logements. Elle a d'ailleurs monté « un club des maires reconstructeurs » réunissant les maires de droite et du centre ayant arrêté ou suspendu des opérations de construction de logements, principalement sociaux, après leur élection.

Ceux-là ont été accusés de refuser de participer à l'effort national en matière de constructions de logements. Pourtant, explique Valérie Pécresse, « ces maires ont été élus pour stopper des projets qui allaient accentuer la ghettoïsation ». Ils n'ont donc rien à se reprocher selon elle, au contraire. Et selon les chiffres qu'elles s'est procurée, ils ont suspendu la construction de 4.600 logements en 2014, mais « en ont à l'inverse lancé 23.700 depuis », justifie-t-elle.

Endiguer la pénurie

Enfin, comme la plupart de ses concurrents, Valérie Pécresse met en avant la nécessité de construire partout pour endiguer la pénurie d'offre de logements en Île-de-France. Si elle est élue, le foncier de l'Etat, les friches industrielles, les terrains des lycées, où elle compte construire « plusieurs milliers de logements pour les étudiants », et ceux de la SNCF et de la RATP, seront mobilisés.

Elle se démarque cependant des autres candidats sur un sujet déjà évoqué il y a quelques semaines : en tant que président de région, elle prendra également la tête de l'établissement public foncier (EPF) d'Île-de-France qui « a construit en 10 ans autant de logements que l'EPF des Yvelines, mais avec un budget trois fois supérieur ! », s'indigne-t-elle. Enfin, elle optimisera la mobilisation du foncier autour des gares, assure-t-elle, en donnant l'exemple des gares de la future ligne 15 du métro, qui sont certes « très belles », mais au-dessus desquelles « on n'a pas pensé à construire ».