Régionales Île-de-France : en retard, le PS jette ses dernières forces dans la bataille.

Par Mathias Thépot  |   |  1030  mots
Le PS a-t-il encore une chance de l'emporter en Ïle-de-France ?
Les lieutenants de campagne de Claude Bartolone dénoncent la « dérive droitière » de la candidate LR-UDI-MoDem, Valérie Pécresse, et tentent de la mettre face à ses contradictions.

En façade au moins, le clan de Claude Bartolone (PS) croit encore à la victoire lors des élections régionales en Île-de-France, dont les deux tours auront lieu les 6 et 13 décembre prochains. « Nous allons gagné la campagne ! », a martelé Luc Carvounas, directeur de campagne de Claude Bartolone, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mardi 1er décembre. Pourtant, un dernier sondage Ifop réalisé pour RTL, LCI et Le Figaro donne une nouvelle fois la gauche francilienne perdante au second tour avec deux points de retard sur la droite menée par Valérie Pécresse (37 % contre 39 %). Complétant la triangulaire, le Front National de Wallerand de Saint Just réunirait quant à lui 24 % des suffrages au second tour. Le retard du PS est toutefois moindre que dans le dernier sondage d'Ipsos, un autre institut, publié la semaine dernière, qui donnait un écart de 4 points en faveur de Valérie Pécresse (LR-UDI-MoDem) par rapport à Claude Bartolone.

Dérives à droite

En retard dans les sondages à quelques jours du premier tour, le clan Bartolone abat donc ses dernières cartes. Et pour ce faire, il cible d'une part la « dérive droitière » de Valérie Pécresse, et tente d'autre part de la mettre face à ses contradictions, notamment vis à vis de ses alliés du centre-droit (UDI et MoDem). Il est, du reste, trop tard pour faire changer d'avis l'électorat Front national. « Ce n'est pas une stratégie à adopter à quatre jours des élections », concède un membre de l'entourage de Bartolone.

Le PS tire donc à boulets rouges sur les propositions de la candidate de droite. Ainsi Luc Carvounas dénonce la politique de privation de libertés que Valérie Pécresse orchestrerait si elle était élue. Il rappelle notamment que Pécresse a promis que la région ne « cofinancerait plus la construction de logements très sociaux dans les communes qui en comptent plus de 30 % ». Une atteinte aux libertés fondamentales des franciliens, selon Luc Carvounas, pour qui un habitant « doit avoir la liberté de choisir de vivre où il le souhaite ».

Quelles coupes dans les subventions aux associations ?

Sur le terrain de la sécurité, la gauche raille également la promesse de Valérie Pécresse d'instaurer des tests salivaires dans les lycées pour détecter les consommateurs de cannabis. Un véritable « flicage généralisé des lycéens », s'indignent les lieutenants de Claude Bartolone.

Ils ont également évoqué la réunion de samedi dernier à Issy-les-Moulineaux, organisée par un collectif anti-mariage gay, et à laquelle Valérie Pécresse a assisté. Elle y a notamment promis qu'elle ne subventionnerait plus les associations ayant « des projets qui font du lobbying politique ». Des propos ambigus qui font dire à la gauche que la candidate de droite tient un double discours sur la question des soutiens aux associations LGBT ; et qui au-delà du contexte électoral, inquiètent. « Dans quelle société souhaitons vivre ?», interroge ainsi Luc Carvounas.

Comment gérer les divisions à droite ?

Par ailleurs, toujours lors de la même réunion à Issy-les-Moulineaux, Valérie Pécresse a été confrontée à ses contradictions. Elle est ainsi montée sur scène juste avant Nicolas Dupont-Aignan, tête de liste de « Débout pour la France », qui réaliserait un score de 5,5 % au premier tour, selon Ifop. « Debout pour la France » représente en fait le seul véritable réservoir de voix de Valérie Pécresse pour le second tour. Et il ne fait pas de doute qu'elle lorgne son électorat pour s'assurer la victoire.

Or, comme l'a rappelé la gauche ce mardi, Nicolas Dupont-Aignan a jeté une pierre dans le jardin de Valérie Pécresse samedi dernier, en assurant devant le parterre de militants anti-mariage gays qu'il serait « écœuré » si Chantal Jouanno (UDI) - qui a voté oui au texte de loi ouvrant le mariage aux homosexuels - était nommée « vice-présidente en charge de la commission de la famille ». Une déclaration gênante, car l'ancienne secrétaire d'Etat à l'Ecologie est un soutien de poids pour Valérie Pécresse. Elle a notamment été un élément moteur pour l'élaboration de son programme écologique, un des thèmes majeurs de la campagne.

Rassembler la gauche

Bref, à quelques jours du scrutin, le PS met l'accent sur les divisions à droite. Mais il doit aussi s'atteler à rassembler ses alliés, car, selon les sondages, Claude Bartolone concède 10 points à Valérie Pécresse au premier tour. Un retard pour l'instant rédhibitoire. Le PS espère donc préserver le soutien des électeurs EELV qui pèsent 7,5 % des votes exprimés au premier tour, et dont 73 % voteront pour Claude Bartolone au second tour, relate l'Ifop. On pourrait penser que le contexte national marqué par des perquisitions dans plusieurs endroits en France chez des sympathisants écologistes au nom de l'état d'urgence fasse perdre quelques points au PS. Mais pour l'instant, du côté du clan Bartolone, on s'inquiète peu des conséquences de ces événements.

En revanche, le PS francilien aimerait bien convaincre davantage d'électeurs du Front de gauche, conduit par Pierre Laurent. Celui-ci recueillerait, certes, 7 % des suffrages au premier tour, mais le tiers de ses électeurs ne voterait pas au second tour pour Claude Bartolone, selon l'Ifop. Cette situation donne paradoxalement beaucoup d'espoir à l'entourage du candidat PS : un score record du Front national au premier tour pourrait en effet créer un électrochoc chez ces électeurs réticents, qui pourraient alors se rallier au PS.

Une élection mal engagée pour le PS

Reste que les derniers sondages réalisés au niveau national montrent une tendance qui vient en partie contredire cette analyse : depuis les attentats, le Front national récolte plus un vote d'adhésion, qu'un vote contestataire. En effet, d'un côté l'opposition à François Hollande se réduit fortement, et de l'autre le Front national est tendanciellement en forte hausse. Il n'est donc pas certain qu'une onde de choc bénéficiant aux candidats PS entre les deux tours ait lieu. Une chose est sûre : cette élection est très mal engagée pour le parti socialiste en Ile-de-France.