Sondage Grand Paris : les Franciliens veulent se loger à tout prix... quel que soit l'impact sur la planète

Par César Armand  |   |  1007  mots
(Crédits : Getty)
SONDAGE EXCLUSIF. Selon un sondage Ifop pour les Notaires du Grand Paris en partenariat avec La Tribune sur le regard des Franciliens sur la région-capitale et le marché immobilier à un an des Jeux olympiques et paralympiques, la part des locataires qui envisagent d'acheter poursuit sa chute. Malgré tout, le rêve de propriétaire demeure. Et ce, même si les normes environnementales freinent (parfois) les acheteurs et les vendeurs. Explications.

Tic tac tic tac... Il reste 316 jours avant l'ouverture des Jeux olympiques et 349 jours avant les Jeux paralympiques de Paris 2024. Alors que la question se pose déjà de savoir comment seront logés les 45.000 volontaires et les 45.000 agents de sécurité, policiers et gendarmes, les Franciliens semblent satisfaits de l'endroit où ils habitent.

Selon un sondage Ifop pour les Notaires du Grand Paris en partenariat avec La Tribune, seuls 28% des sondés déclarent vouloir habiter ailleurs. Derrière ces pourcentages globaux, se cachent néanmoins des situations très diverses. Par exemple, 77% des Parisiens et jusqu'à 80% des Yvelinois ne souhaitent pas déménager, contre 44% des Séquano-Dionysiens, les habitants de l'Île-Saint-Louis. Dans la même logique, 81% des aisés (gagnant plus de 2.500 euros par mois) affirment être bien chez eux contre 43% des plus pauvres (moins de 900 euros par mois).

La part des locataires qui envisagent d'acheter chute encore

Sauf que dans un contexte d'accès difficile au crédit immobilier en raison de la flambée des taux d'intérêt, désormais proches des 5%, la part des locataires qui envisage d'acheter leur premier bien immobilier continue de chuter, passant de 27% en 2022 à 23% aujourd'hui. Et ce, même si 63% d'entre eux s'affirment insatisfaits de leur habitat. Et la majorité (55%) des interrogés considèrent que le Grand Paris ne facilitera pas l'accès à la propriété. 78% des Franciliens jugent en effet que les conditions d'accès aux crédits sont devenues plus difficiles. 82% estiment qu'il est beaucoup difficile de devenir propriétaire qu'il y a 20 ans en Île-de-France et que l'accession à la propriété est devenue quasiment impossible pour les jeunes générations.

Le rêve de devenir propriétaire demeure

Le rêve de devenir propriétaire demeure toujours dans les esprits malgré tout : 77% pensent qu'à long terme, il est toujours gagnant de devenir propriétaire et 74% estiment que la pierre constitue le meilleur investissement, contre 29% pour la Bourse. Et ce quelle que soit la situation familiale : seuls 47% pensent que pour devenir propriétaire, il est nécessaire d'être héritier.

« L'accession à la propriété est extrêmement difficile, mais elle conserve une dimension statutaire. Il n'y a pas de perte dans la valeur attribuée à l'immobilier. Les Franciliens restent attachés à la propriété privée », souligne François Legrand, chef de groupe Département Opinion et stratégie d'entreprise.

Sans surprise, plus de la moitié des panélistes (55%) perçoivent le contexte politique et économique actuel comme défavorable à l'achat d'un bien immobilier. Parmi les raisons évoquées, les prix très élevés des biens à Paris et certaines communes (62%) et l'augmentation des taux d'intérêt (51%). Chez les propriétaires, 52% redoutent même de devoir vendre leur logement à un prix plus bas que celui lors de l'acquisition.

Les normes environnementales freinent (parfois) les vendeurs et les acheteurs

A cela s'ajoutent les normes environnementales. Depuis le 1er janvier 2023 et aux horizons 2025, 2028 et 2034, les pires passoires thermiques, suivies des logements classés G, F et E, sont et seront interdites à la location. 26% et 35% des propriétaires voient en effet la note de performance énergétique - le DPE - et les coûts de travaux d'isolation ou de ravalement prévisibles comme des motifs qui pourraient faire baisser leur prix de vente.

Pour autant, 53% d'entre eux ne comptent pas vendre leur bien du fait de cette interdiction progressive. Cela tombe bien : 54% des acheteurs ne sont pas prêts à acheter une passoire thermique, ces logements qui consomment trop d'énergie et/ou qui laissent passer le froid en hiver, la chaleur en été. Ces dernières sont même désormais qualifiées de « bouilloires thermiques » au regard des dernières vagues de chaleur.

En réalité, 69% ne connaissent pas la note de performance énergétique de leur logement... avec des disparités très fortes selon l'âge, le revenu mensuel et le statut d'occupation. Ainsi, les étudiants (18-24 ans) sont seulement 22% à la connaître contre 44% des jeunes actifs (25-34 ans). Sans surprise, les plus aisés (42%) maîtrisent cette donnée beaucoup mieux que les plus pauvres (19%). Idem chez les propriétaires (42%) contre les locataires (20%).

Pour ceux qui auraient la possibilité de bouger, la proximité avec les transports en commun reste une priorité (43%) devant l'espace intérieur (33%) et une ouverture sur l'extérieur (33%). A contrario, le respect des normes environnementales apparaît comme l'antépénultième préoccupation avec 8% des citations... Autrement dit, les Franciliens veulent se loger à tout prix, quel que soit l'impact sur la planète.

Des ressentis confirmés par les derniers chiffres des notaires

Selon les Notaires du Grand Paris, commanditaire de cette étude, le marché immobilier francilien rime avec « accès très difficile au financement » et « taux de crédit à l'habitat au plus haut depuis dix ans ». Au deuxième trimestre 2023, les volumes de ventes de logements anciens ont certes reculé d'un quart en Île-de-France, comparé à la même période en 2022, mais cette dernière était la meilleure depuis trente ans.

« La baisse des prix [de 5 à 6% en un an], qui apporte un peu d'air au marché, mais la baisse est très largement pour restaurer la solvabilité des ménages. Les perspectives restent dégradées », relèvent encore les notaires.

Le marché de la maison ancienne a chuté de 27%, et particulièrement de 33% en petite couronne contre 25% en grande couronne. Et ce pour trois raisons : l'augmentation des coûts de l'énergie qui affecte les propriétaires de maison plutôt que les propriétaires d'appartement. Mais aussi la résistance des prix plus que dans l'immobilier collectif. Ou encore le phénomène d'achats post-Covid qui a « asséché » le marché.

Les ventes d'appartements ont, elles, reculé de 25% : 23% à Paris, 24% en grande couronne et 26% en petite couronne. En comparaison de la moyenne des dix dernières années, ce marché limite la classe : -10% en petite couronne, -2% en grande couronne et -1% dans Paris. Quelle que soit l'étiquette énergétique du logement, la capitale attirera toujours les investisseurs...

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