Grand Paris : comment l'Etat et les élus locaux préparent une Seine baignable pour 2025

La Seine va accueillir les nageurs olympiques à l'été 2024, mais aussi des baigneurs à partir de 2025. C'est, du moins, l'objectif affiché par l'Etat et détaillé dans le Plan Baignade, dans lequel la préfecture de Paris, préfecture de région Île-de-France et les collectivités territoriales détaillent leur programme pour dépolluer l'eau de la Seine et de la Marne.
Lors des JOP 2024, certaines épreuves de natation vont se dérouler dans la Seine. L'ambition de l'Etat est d'offrir aux Franciliens la possibilité de s'y baigner de manière durable à partir de 2025.
Lors des JOP 2024, certaines épreuves de natation vont se dérouler dans la Seine. L'ambition de l'Etat est d'offrir aux Franciliens la possibilité de s'y baigner de manière durable à partir de 2025. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La Seine va retrouver ses baigneurs. Alors maire de Paris, Jacques Chirac l'avait promis. Premier adjoint (PS) et adjoint (PS) aux Sports d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire et Pierre Rabadan l'ont fait. Car à l'été 2024, les épreuves olympiques de natation vont se dérouler sur la Seine, entre le pont Alexandre III et le pont de l'Alma. De nombreux travaux, financés en partie par l'Etat via l'Agence de l'eau Seine-Normandie, sont déjà en cours à Paris ainsi qu'en amont de la zone d'épreuves, dans le 93 et le 94, pour améliorer la qualité de l'eau.

L'objectif est double : assainir la Seine et la Marne et réduire les déversements dans les fleuves par temps de pluie. Au-delà de l'horizon 2024, l'engagement pris par le président de la République est d'offrir aux Franciliens, comme héritage des JOP, la possibilité de se baigner dans la Seine de manière durable à partir de 2025. Notamment au Bras Marie c'est-à-dire au niveau du Pont-Marie, au Bras de Grenelle, entre le port de Grenelle et l'île aux Cygnes, ainsi qu'à Bercy au niveau de la passerelle Simone de Beauvoir.

Lire aussiLa facture des JO 2024 n'en finit pas de grimper : qui va payer?

Quels sont les travaux en cours ?

Selon Claire Grisez, directrice adjointe de la Direction régionale et interdépartementale de l'Environnement, de l'Aménagement et des Transports (DRIEAT) en Île-de-France, le premier enjeu pour dépolluer l'eau est d'éviter le rejet des eaux usées dans les fleuves. Dans cette optique, deux usines de traitement des eaux usées (Marne-Aval et Valenton) ont été équipées d'unités de désinfection. Le but est d'éliminer la pollution bactériologique, par un procédé physique (lampe à UV) ou chimique (molécule) et donc de contribuer à l'amélioration de la qualité de l'eau.

Une autre action du programme consiste à accompagner les ports parisiens à proximité des sites d'épreuves pour s'équiper de réseaux d'assainissement afin prévenir les rejets d'eaux usées des bateaux à quai.

Mais il faut aussi assurer la qualité de l'eau fluviale par temps de pluie. Actuellement, quand il pleut, l'eau de la Seine se trouve dégradée car certaines canalisations récupèrent à la fois les eaux usées et les eaux pluviales. Or, quand ces canaux sont trop remplis, une partie de leur contenu se déverse dans le milieu. L'objectif est de créer des bassins de stockage des eaux usées et une station de dépollution. Par ailleurs, une grosse canalisation de 9km, le VL8, est en construction. Elle permet de renvoyer les eaux vers l'usine de traitement des eaux usées de Valenton.

Enfin, des travaux sont en cours de réalisation sur les réseaux publics de collecte et sur les mauvais branchements qui conduisent à un mélange des eaux pluviales et usées. Un plan d'action a été mis en place pour corriger ces mauvais branchements, évalués à 23.000. L'Etat va prioriser les bâtiments publics (600 ont été identifiés) car ils représentent une charge de pollution plus importante que les maisons individuelles. Un travail est aussi en cours avec les collectivités afin de rectifier les branchements des réseaux publics.

Lire aussiAxe Seine : Paris donne son feu vert à la création d'une société commune dédiée aux renouvelables

D'où viennent les financements ?

L'ensemble des travaux nécessaires a été estimé à 1,4 milliard d'euros. Une partie de ce montant est financée par l'Etat, par l'intermédiaire de l'agence de l'eau Seine-Normandie (AESN). À ce jour, les aides distribuées par l'AESN s'établissent à environ 700 millions d'euros, soit 55% du montant total, et concernent tous les investissements du Plan Baignade.

Pour les ouvrages structurants comme le VL8, ou encore le bassin de stockage des eaux de pluie du Ru Saint Baudile, les conditions de financement des travaux sont les suivantes : 60% de subventions et 20% d'avances depuis 2020. La Ville de Paris, la métropole du Grand Paris, Voies Navigables de France, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) et les collectivités traversées par la Seine ont tous mis au pot.

Pour certaines actions, les taux des aides sont passés successivement de 40% à 60% puis 80% depuis 2021. Selon Vincent Graffin, directeur territorial Seine francilienne de l'AESN, « c'est un effort d'aide inédit et exceptionnel pour permettre aux collectivités de réaliser ces travaux ». Toutefois, ces collectivités doivent aussi fournir un effort financier important de leur côté.

Quant au domaine privé, les aides peuvent atteindre 5.000 euros lorsqu'une collectivité effectue les travaux pour corriger un mauvais branchement en accord avec le particulier.

Où en sont les travaux ?

D'après Marc Guillaume, préfet de Paris, préfet de la région Île-de-France, près de 2/3 des actions réalisables pour améliorer la qualité de l'eau ont été effectuées. L'objectif est d'être à 75% à l'été 2024. Selon Claire Grisez (DRIEAT), les préfectures des départements sont très impliquées dans le suivi des travaux et veillent à ce que les ouvrages soient livrés avant l'été 2024.

Le préfet précise par ailleurs que l'eau de la Seine est déjà au-dessus des normes requises pour les JOP. Le fleuve sera donc prêt pour la compétition de 2024, sauf en cas de fortes pluies, auquel cas il se pourrait que les épreuves soient reportées de quelques jours.

Il reste toutefois un certain travail à réaliser afin de rendre la Seine et la Marne durablement baignables. Les travaux vont donc se poursuivre après les JOP, l'horizon étant fixé à l'été 2025. Pour le haut-fonctionnaire Marc Guillaume, il s'agit d'offrir aux Franciliens la possibilité de se baigner à nouveau dans ces fleuves comme un héritage des Jeux Olympiques. Des discussions sont en cours avec une vingtaine de communes pour l'ouverture de zones de baignade pérennes.

Lire aussiDe Paris à la mer : l'« Entente de l'Axe Seine » mise sur les grands événements

Y a-t-il des risques pour la santé et l'environnement ?

Mais la baignade sera-t-elle vraiment sans risques pour les baigneurs ?  La désinfection des eaux usées n'a-t-elle pas un effet néfaste sur l'environnement ?

« Au niveau du point de rejet, la molécule (qui désinfecte l'eau) est dégradée. Il n'y a pas d'impact sur le milieu », assure Claire Grisez.

Pour évaluer la qualité de l'eau du fleuve, des tests réalisés par des collectivités (Eau de Paris, Marne Vive) ainsi que par les utilisateurs de cette eau mesurent des paramètres bactériologiques. Pour que la baignade pérenne soit autorisée, l'eau doit respecter la grille établie dans la Directive Baignade, précise Claire Grisez. 

Dès août 2023, la 4e étape de la Coupe du monde de Natation en eau libre se déroulera dans la Seine et constituera un des premiers tests des JOP 2024.

Qu'est-ce que la leptospirose, « maladie du rat », qui menace les Jeux ?

La leptospirose, plus connue sous le terme de « maladie du rat », vient de ces rongeurs qui excrètent une bactérie dans leur urine, rappelle l'Institut Pasteur sur son site Internet. Celle-ci se maintient dans l'eau douce - comme la Seine - et les sols boueux... Fort heureusement, « chez l'homme, la maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l'insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas ».

Elle se manifeste par une fièvre élevée avec frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires diffuses, voire évoluer vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire. Pis, elle peut se compliquer dans 20% des cas d'une hémorragie. L'existence d'un ictère conjonctival et de myalgies est évocatrice. « La convalescence est longue, mais généralement sans séquelles », dit encore l'Institut Pasteur.

Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation. Il repose sur la réanimation médicale et l'administration d'antibiotiques le plus tôt possible. Les protections individuelles (gants, lunettes, bottes) sont conseillées lors des activités à risque. Un vaccin multivalent pour les chiens est très largement utilisé en France.

Commentaire 1
à écrit le 12/07/2023 à 15:39
Signaler
les plongeurs de haut vol se sont déjà lancés dans la Seine parisienne le 18 juin dernier.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.