Logement social : plusieurs offres d'achat pour le promoteur immobilier Alila

Selon l'infolettre hebdomadaire Real Estech, destinée aux professionnels de l'immobilier, un promoteur national né à Lyon bien connu pour sa spécialisation dans le logement social aurait reçu plusieurs offres de rachat. Selon nos informations, il s'agit du groupe Alila.
César Armand
(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration) (Crédits : REUTERS/Charles Platiau)

Le « bruit de couloir » - c'est le nom de la rubrique - a agité l'écosystème immobilier toute la journée de mardi. Selon l'infolettre hebdomadaire Real Estech, écrite par le patron de Stonal et économiste Robin Rivaton et son acolyte Vincent Pavanello, « un promoteur national né à Lyon, bien connu pour sa spécialisation dans le logement social, aurait reçu plusieurs offres de rachat malgré un contexte défavorable ».

Un portrait-robot qui fait penser à la société d'origine lyonnaise focalisée sur le logement social et intermédiaire Alila. Ce que confirme une source proche du dossier à La Tribune: « Alila est actuellement en phase d'être vendu, et plusieurs propositions sérieuses sont en cours d'examen ». Sollicité à plusieurs reprises et par différents canaux, son PDG- fondateur, Hervé Legros, n'a pas répondu à nos sollicitations.

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Un dirigeant placé sous contrôle judiciaire

Depuis sa mise en examen le 3 février dernier pour harcèlement moral au travail, travail dissimulé, faux et usage de faux et abus de biens sociaux, le dirigeant placé sous contrôle judiciaire ne s'exprime que sur le réseau social LinkedIn.

« Concernant les accusations portées contre moi personnellement, et notamment celles impliquant cinq salariés et neuf accusations d'harcèlement moral, il est essentiel de préciser que ces cas sont actuellement sous enquête et la présomption d'innocence prévaut », écrit encore Hervé Legros lundi.

Le patron d'Alila, qui revendiquait encore en 2022 d'être dans le top 10 des promoteurs immobiliers, est un jeune loup de 41 ans ans qui n'a pas la langue dans sa poche. Après un CAP de plomberie, son seul diplôme qu'il brandit en étendard, puis des débuts de carrière dans l'immobilier commercial dans sa ville natale de Lyon, il a toujours joué à fond le mythe du « self made man ».

Hervé Legros aime à rappeler qu'il ne lui aura pas fallu plus de huit mois pour lancer une, puis deux agences immobilières. La première pierre de son modèle actuel sera, elle, posée en 2003 avec la création de sa société de promotion immobilière HPL, qui visait à « dénicher des terrains inexploités afin de bâtir des maisons groupées ». Avant de se spécialiser dès 2007 dans le logement social, martelant très vite à ses homologues que « le logement social ne se construit pas pour des investisseurs qui cherchent un produit de défiscalisation. »

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Le président Macron « ne s'intéresse pas au logement »

De ses débuts à Lyon, l'entrepreneur est désormais implanté dans dix régions, via des antennes à Annecy, Bayonne, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nantes, Orléans, Paris, Strasbourg et Tours. Écouté sur la scène locale et nationale, il n'a jamais hésité à attaquer les bailleurs sociaux - ses clients -, les maires - qui délivrent les permis de construire -, et les promoteurs - ses confrères « responsables de l'image fausse du logement ».

« Ils ont financiarisé le secteur. Ce n'est pas avec une énième loi de défiscalisation qu'on résoudra la crise du logement ! », a asséné Hervé Legros à l'envi.

D'autant que l'ensemble du secteur est un « bordel » dans lequel « il faut remettre de l'ordre ». Sans oublier le président Macron « qui ne s'intéresse pas au logement » - mais à qui il envoie des notes quand même.

Une loi SRU « à l'envers »

Car au-delà des petites phrases, le promoteur a toujours su faire preuve d'audace et d'imagination. Par exemple, il a défendu une loi SRU « à l'envers ». La loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) de 2000 impose la production de 20 à 25% de logements sociaux dans les communes en tension locative.

Dans son esprit, il ne s'agit pas d'arrêter de produire du logement social et intermédiaire (85% de son activité), mais d'instaurer des quotas pour tous types de logement dans les grandes villes, c'est-à-dire là où la demande est supérieure à l'offre.

« Dans la métropole de Lyon, 14.000 logements ont été produits en 2017 contre 2.900 en 2021, et ce, alors que 14.000 à 15.000 personnes arrivent chaque année sur ce territoire. Je plaide donc pour une SRU à 75% de logements en accession libre », expliquait Hervé Legros à la sortie du Covid.

Que pense Hervé Legros de la loi sur le logement abordable ?

En cela, il aurait été été intéressant de savoir ce qu'il pense du projet de loi « pour développer l'offre de logements abordables » et notamment de son polémique article 1. Ce dernier vise à inclure dans les objectifs de production de la loi SRU la construction de logements intermédiaires pour favoriser la mixité. Par logement locatif intermédiaire (LLI), il faut entendre des habitats pour les classes moyennes trop riches pour le parc social, trop pauvres pour le parc privé.

Sauf que selon une enquête réalisée auprès de ses adhérents, l'association d'élus locaux représentant les maires des grandes villes et les présidents de métropole France urbaine a affirmé, hier, que le logement locatif intermédiaire n'est, en moyenne, inférieur que de 15% aux prix du marché libre.

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Hervé Legros a d'ailleurs souvent déclamé « défendre les maires » et « comprendre les problématiques de création d'écoles et d'infrastructures », mais, chassez le naturel, il revient toujours au galop. La maire d'Ormesson dans le Val-de-Marne qui a fait signer à sa population des pétitions contre ses opérations malgré l'avis favorable du préfet de département ? « Il faudrait des sanctions financières ! » Le maire de Villemomble en Seine-Saint-Denis qui pose des plots devant les chantiers ? « Au bout d'un moment, il faut le destituer ! »

Pour celui qui n'a de cesse d'appeler à « un grand plan Marshall du loge­ment », tout est en effet question d'équilibre entre son cœur de métier qui demeure le logement social, et les à-côtés développés dans le domaine de l'ac­ces­sion libre (qui atteint jusqu'à 10% de sa production) et du loge­ment inter­mé­diaire (environ 25%).

César Armand

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Commentaires 3
à écrit le 15/05/2024 à 8:40
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Je vous conseille de changer de photo, car toujours celle-ci dans un secteur aussi peu sexy que celui de l'immobilier donne peu envie de cliquer. Je sais pas moi Taylor Swift doit bien avoir des maisons non ? Ben voilà vous pouvez doubler votre audie...

le 15/05/2024 à 8:46
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@ dossier 51: c est une photo de logement intermédiaire …

le 15/05/2024 à 9:12
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Je ne critique pas je préviens.C'est une photo que l'on voit très souvent qui ne donne pas envie de cliquer, ni de lire le titre, je ne parle pas en tant qu'expert mais en tant que lecteur-internaute, pour l'expérience ce serait vraiment intéressant ...

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