Climat : Hidalgo veut partager l’expertise des villes avec les gouvernements

Par Dominique Pialot  |   |  768  mots
La présidente du C40 propose de travailler avec tous ceux qui veulent faire vivre l'Accord de Paris
Au lendemain de la sortie annoncée des Etats-Unis de l’Accord de Paris, la maire de la capitale française et actuelle présidente du réseau C40 (Cities for climate), ré-affirme la puissance et la détermination des villes engagées contre le changement climatique.

Comme l'a montré l'éclairage vert de l'hôtel de ville de Paris hier soir, quelques minutes à peine après le discours de Trump annonçant sa décision de faire sortir les Etats-Unis de l'Accord de Paris, et comme l'a confirmé Anne Hidalgo devant la presse ce vendredi matin, ce scénario avait été anticipé. D'autres actions similaires sont également prévues à New York, Mexico, Sydney ou Montréal pour ré-affirmer la détermination de ces villes à faire vivre l'accord de Paris.

Les villes, a rappelé la maire de Paris, déjà très mobilisées au moment de la COP21 (lors d'un « Sommet des 1.000 maires » qu'elle avait organisé), n'ont cessé depuis de multiplier les initiatives  en faveur du climat. Au sein du C40 (Cities for climate), qu'elle préside depuis décembre 2016, elles phosphorent ensemble et échangent leurs meilleures pratiques. Elles se rassemblent aussi parfois pour passer des commandes groupées, comme en matière de véhicules électriques pour le ramassage des déchets.

Les villes, un des piliers de l'accord de Paris

« Territoires démocratiques où se prennent les décisions et se déroulent les actions », les villes et métropoles se sont donc invitées dans l'Accord de Paris au même titre que le secteur privé ou les ONG. Ces trois piliers sur lesquels repose l'Accord aux côtés des Etats selon le principe des « quatre piliers » théorisé par la diplomatie climatique française, entendent se mobiliser plus fortement encore suite à la déclaration américaine afin de faire vivre l'Accord en dépit de cette défection.

Les 91 villes rassemblées au sein du C40, qui représentent 650 millions de citoyens et 25% du PIB mondial, inventent des « solutions concrètes, collectives, transférables et généralisables », a rappelé Anne Hidalgo. Précisant que pas moins de 11.000 actions de lutte contre le changement climatique avaient été mises en place collectivement, elle a souligné que les villes pouvaient contribuer à hauteur de 40% à la baisse des émissions de CO2 nécessaires pour respecter l'accord de Paris.

Les villes, terrains de jeu pour les entreprises

Ce sont également de parfaits laboratoires pour expérimenter les solutions développées par les industriels, notamment dans la mobilité, la construction et l'énergie, « trois secteurs essentiels qui ont compris que l'Accord de Paris constituait pour eux une opportunité de création de richesse et d'emplois ».

Selon Anne Hidalgo, « 1.000 milliards de dollars seront nécessaires entre 2016 et 2050 pour financer la transition écologique des villes, dont 375 milliards de dollars dans les quatre prochaines années ». C'est pourquoi elle lance un appel non seulement aux villes, mais aussi aux fondations et aux investisseurs pour qu'ils se mobilisent à leurs côtés, comme elles pourront le faire via le fonds d'investissement créé par la ville de Paris.

Les villes, une expertise à partager avec les gouvernements

La maire de Paris a également formé le vœu que le C40 et la Ville de Paris puissent être utiles à tous les gouvernements (à commencer par le gouvernement français) et plus largement à tous ceux qui veulent soutenir l'accord de Paris.

De quelle façon ? L'agilité des villes leur permet par exemple d'organiser une rencontre avec des constructeurs automobiles autour du diesel, dont les conclusions pourraient être explorées par les pouvoirs nationaux, et même, en l'espèce, européens.

« Un réseau de villes tel que le C40 permet également de gagner du temps dans l'identification des solutions les plus efficaces, en matière de mobilité, bâtiments, déchets ou énergie, grâce au partage des bonnes pratiques couronnées de succès dans une autre ville », affirme Jean-Louis Missika, adjoint d'Anne Hidalgo. Même si tout n'est pas réplicable à l'identique entre les capitales africaines et celles du Nord, par exemple, les métropoles du monde entier partagent néanmoins de nombreux enjeux communs. Sans compter l'innovation inversée, conçue pour traiter un défi dans une ville ou un pays du Sud et finalement idéale pour le résoudre également au Nord.

Un rapprochement entre villes et gouvernements pourrait donc aider ces derniers à décider quelles solutions soutenir, y compris sur le plan de l'accompagnement financier, et ainsi gagner du temps dans l'atteinte de leurs objectifs nationaux en matière de climat...

La maire de Paris et présidente du C40 aidera-t-elle Emmanuel Macron à attirer les chercheurs et citoyens américains déçus par Trump  comme il le leur a de nouveau proposé lors de sa réaction jeudi soir à l'annonce du président américain ? En tous cas, leurs intérêts sont convergents.