Décarboner l'industrie

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance mène une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective, pilotée par des collaborateurs de Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L'un des sujets stratégiques récemment abordés est la captation, le stockage et la valorisation du CO2 émis en grande quantité par certains secteurs industriels, de même que la décarbonation de leurs activités. Eric De Coninck, spécialiste du développement technologique à ArcelorMittal, détaille les avancées du groupe dans ces domaines.
(Crédits : DR)

Construire des éoliennes pour générer de l'énergie renouvelable, c'est bien, mais les pylônes sont en acier... Or la fabrication de cet acier est, aujourd'hui, fortement émettrice de CO2. Cette activité est en effet responsable de 7% du total des émissions de CO2 à l'échelle de la planète. Demain, grâce aux avancées technologiques, aussi bien en matière de capture et de stockage de CO2 que de recyclage et de fabrication de l'acier à l'aide de procédés basés sur l'hydrogène, cela ne sera plus le cas. Car la prise de conscience des industriels est réelle. Ainsi, ArcelorMittal Europe a prévu de réduire de 30% ses émissions de carbone d'ici 2030 et d'être neutre en 2050, en harmonie avec l'objectif européen de neutralité carbone à cet horizon. Le groupe a plusieurs projets en cours. Ainsi, alors que c'est l'oxyde de fer qui, dans le minerai, émet du CO2 en étant travaillé pour produire de l'acier, il faut le traiter autrement. Comment ? Avec de nouveaux procédés, basés sur l'hydrogène et l'électrolyse. Démarré en octobre 2017, le projet de recherche Siderwin, sur le campus de Maizières-lès-Metz, dans le Grand Est, piloté par ArcelorMittal avec 12 partenaires, est chargé de mettre au point cette technologie.

« Mais ce nouveau procédé doit s'appuyer sur de l'électricité propre si l'on veut que les émissions de carbone soient franchement réduites », prévient Eric De Coninck, ingénieur de projets au service Technologie Monde d'ArcelorMittal. Or pour l'heure, si le gaz naturel a remplacé le charbon pour la production d'électricité, c'est encore une énergie fossile... « La décarbonation de l'industrie dépend donc largement du développement des capacités de l'énergie renouvelable », conclut-il.

Réutilisation du CO2

Si décarboner la production est effectivement la voie royale, les industriels se penchent également sur la captation puis la réutilisation du CO2, dans l'esprit de l'économie circulaire. Et là aussi, la technologie avance. Ainsi, à Dunkerque, un consortium de 11 acteurs européens, dont ArcelorMittal, Axens, IFP Energies nouvelles (IFPEN) et Total, a lancé, en mai dernier, 3D, un projet visant à valider les solutions techniques de capture et de stockage de CO2 afin de les déployer ensuite à travers le monde, de même qu'un projet de démonstration d'un procédé utilisant un solvant qui réduit de près de 35 % la consommation d'énergie du captage par rapport au procédé classique. « C'est une première étape, indique Eric De Coninck, avant de construire un démonstrateur industriel ». Et si tout va bien, une première unité sur le site ArcelorMittal de Dunkerque pourrait être opérationnelle à partir de 2025. Elle devrait capter plus de 125 tonnes de CO2 à l'heure, soit plus d'un million de tonnes par an.

Une fois capté, le CO2 peut être réutilisé pour d'autres activités, telles que la production d'éthanol et de méthanol, qui pourrait à son tour servir dans d'autres industries, notamment chimiques. C'est à Gand, où Eric De Coninck travaille, qu'est basée la recherche. « Notre projet de démonstration devrait être capable de produire 80 millions de litres d'éthanol par an. Leur utilisation pourra réduire, chaque année, l'équivalent en émission de CO2 de 600 vols transatlantiques », précise-t-il.

Si la captation, le stockage, la valorisation du CO2 et la décarbonation de l'industrie sont au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique, ces éléments sont également inclus dans le plan de relance économique français. A cet égard, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, récemment en visite sur le site d'ArcelorMittal Dunkerque, a précisé que l'enjeu de la relance était de passer à un modèle économique décarboné, pour, à terme, produire sur le territoire certains biens coûteux en émissions jusqu'ici importés.

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