La motorisation propre, un enjeu pour tous les territoires

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des enjeux majeurs est la motorisation propre, dont les enjeux ne sont pas seulement climatiques mais également territoriaux et de souveraineté, avec la mise en place de nouvelles filières locales de production d'énergie.
(Crédits : DR)

Une voiture électrique, c'est bien, mais pour l'heure, les batteries sont fabriquées et importées de Chine - et dépendent beaucoup des terres rares... Surtout, la très grande majorité du parc automobile français fonctionne encore avec des moteurs thermiques. Autant dire qu'il y a urgence à agir. À plus d'un titre.
« D'abord, parce que le secteur du transport est le premier émetteur de gaz à effet de serre, note Benoît Calatayud, responsable transition énergétique à la direction de l'innovation de Bpifrance, mais aussi parce que le problème touche tous les territoires. L'un des principes directeurs de l'aménagement urbain depuis les années 60 est le 'tout voiture', en particulier dans les villes moyennes ». La banque publique, devenue également banque du climat, a d'abord lancé une étude transversale en interne, coordonnée par Benoit Calatayud, et dont les résultats ont été divulgués et débattus à l'occasion d'une table ronde, lors de la 5e édition de Bpifrance Inno Génération, le 10 octobre dernier. Les principaux enseignements de cette étude militent non seulement pour la prise en compte l'ensemble du cycle - de la production au recyclage, mais aussi, en fonction des usages, pour le choix de secteurs à privilégier afin de structurer les filières créatrices d'emplois et de valeur ajoutée au niveau local. Sans oublier, puisque la motorisation zéro carbone est encore loin d'être atteinte, des stratégies de compensation du CO2...

Bientôt des bornes de recharge sur les parkings de Casino

Aujourd'hui, l'électrique, pour de courtes distances, peut être compétitif, à condition notamment que la France se dote d'une filière de fabrication des batteries afin de préserver sa souveraineté et celle de l'Europe, et que les infrastructures, en particulier les bornes de recharge, soient largement disponibles pour dynamiser l'usage de la voiture électrique.
« Nous entrons dans une économie qui se financiarise, précise à cet égard Julien Touati, partner chez Meridiam, spécialiste de l'investissement et de la gestion d'actifs dans les infrastructures publiques au service de la collectivité, au sens où la mobilité propre doit attirer des montants élevés de capitaux, aussi bien pour les industriels que pour les infrastructures ». D'ailleurs, avec ses 7 milliards d'euros sous mandat de gestion, Meridiam dispose de plusieurs fonds d'investissement à long terme, qui répondent à des stratégies régionales ou thématiques, ces dernières allant des transports durables à l'économie circulaire (avec la biomasse, notamment) en passant par la mobilité électrique.

Ainsi, concernant les bornes de recharge, l'investisseur de long terme a passé un accord avec la chaîne de supermarchés Casino, pour mettre à disposition sur ses parkings des bornes de recharge très rapides, un peu partout en France. « Nous travaillons également avec toute la filière électrique, par le biais de constructeurs comme Volkswagen », indique Julien Touati. Et bien sûr, il faut également compter sur les efforts des constructeurs automobiles pour produire des moteurs thermiques plus propres !

« L'Airbus des batteries »

Meridiam est aussi particulièrement attentif à l'émergence d'une nouvelle filière, qui fabriquerait, en France et en Europe, des batteries électriques. Car « tout le monde a intérêt au succès de 'l'Airbus des batteries' », déclare Julien Touati. Enfin, l'investisseur, désormais société à mission qui met l'impact au cœur de sa stratégie, porte une attention particulière à la fabrication de ces batteries, et notamment aux conditions d'extraction du cobalt, dont la part dans les batteries est heureusement amenée à diminuer à long terme. Et ce n'est pas tout ! Il faut également, dans la production d'électricité, faire en sorte que les énergies renouvelables puissent prendre le relais d'autres sources. « Mais pour cela, il faut pouvoir gérer l'intermittence du courant fourni par des éoliennes ou autres et apparier cette production avec le profil de consommation des bornes de charge », souligne ce spécialiste. Meridiam y travaille aussi, bien entendu...

De l'hydrogène décarboné en 2030

Quant à l'hydrogène propre, cet investisseur ne voit pas, pour la mobilité, la bascule s'opérer avant 15, voire 30 ans, hormis pour des segments de niche (comme pour le train hydrogène roulant sur les voies non électrifiées) ... Une vision que partage Benoît Calatayud, l'expert de Bpifrance. « Pour le transport longue distance, nous n'envisageons pas un déploiement massif de l'hydrogène non-carboné avant 2030 ou 2035 », souligne-t-il ainsi. « La victoire de l'hydrogène décarboné dépendra de l'existence de marchés industriels qui basculeront avant la mobilité, ajoute Julien Touati. Pour que la mobilité hydrogène devienne une réalité, il faudra s'appuyer sur l'essor de l'hydrogène vert dans les raffineries et chez des fabricants de fertilisants agricoles, par exemple, qui pourront être de gros consommateurs et feront ainsi baisser les coûts ». Une façon de rendre la production plus compétitive et donc plus attrayante pour les consommateurs.

Bpifrance, qui en épaule financièrement la pré-industrialisation, entend favoriser le développement d'écosystèmes territoriaux d'hydrogène décarboné, rassemblant l'ensemble des acteurs - de la production aux usages (industriels, transports, sectoriels). Pour que l'hydrogène décarboné émerge, Bpifrance parie sur la mise en place d'un marché organisé où les acteurs pourraient échanger ce produit de manière transparente et non discriminatoire. De même, elle milite pour une fiscalité adaptée. Et avant l'avènement de l'hydrogène décarboné, la banque appuie activement le développement du biogaz et de la méthanisation, secteur où Meridiam est aussi très actif. Autant de pièces d'un grand puzzle restant encore à assembler pour une mobilité propre, qui fera, demain, les beaux jours de tous les citoyens de la planète.

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