A Milan, le Women's Forum réussit à fédérer les entreprises autour de la cause des femmes

Avant le sommet du G20, fin octobre à Rome, le Women's Forum for the Economy & Society a lancé un Call to Action lors du Women’s Forum G20 Italy, organisé à Milan mi-octobre, afin de s'assurer que la reprise économique serait bien une « She-Covery ». Une trentaine d'entreprises ont signé une charte d'engagement pour l'égalité des salaires et des évolutions de carrière. Reste maintenant aux 20 pays les plus développés de la planète à rediriger leurs actions et les fonds, déjà existants, dans la bonne direction, celle de l'inclusion des femmes dans l'économie.
Signature de la charte - CEP Champions
Signature de la charte - CEP Champions (Crédits : DR)

Pari réussi ! A l'aube du prochain sommet du G20, qui réunit, sous l'égide de l'Italie, présidente du groupe cette année, les dirigeants des 20 pays les plus développés de la planète, fin octobre à Rome, le Women's Forum, plateforme internationale (filiale de Publicis Groupe), lancée en 2005 pour porter la voix des femmes dans l'économie et la société, a organisé le Women's Forum G20 Italy, visant à faire en sorte que leur cause soit bien entendue. D'autant que la pandémie et des évènements géopolitiques telle la victoire des Talibans en Afghanistan ont fait reculer leur place dans l'économie et la société. « Il est très important d'agir, et d'agir vite, martèle ainsi Chiara Corazza, Managing Director du Women's Forum jusqu'en avril 2021 et actuelle représentante spéciale du Women's Forum auprès des pays du G7 et du G20. Il faut que la reprise soit une 'She-Covery'. » Autrement dit, qu'elle réalise le véritable changement de paradigme dont l'humanité a besoin, pour que les femmes soient au cœur des métiers d'avenir, ceux qui relèvent des sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STEM, en anglais).

Des CEO Champions

La tâche est colossale. Mais la détermination construite autour du Women's Forum G20 Italy est sans égale. Comme il fallait bien commencer quelque part, l'organisation a décidé dans un premier temps de faire appel à des « Champions », des dirigeants d'entreprises qui se mobilisent pour l'égalité des femmes. Accueillis par Alessandra Perrazzelli, vice gouverneure de la Banque centrale d'Italie et sous la houlette d'Elena Bonetti, ministre de la Famille et de l'égalité des chances dans le gouvernement italien, une trentaine de Champions venant des pays du G20, comme AXA, BNP-Paribas, Enel Group, Engie, Generali, Gucci, IllyCaffè, Johnson & Johnson, Publicis Groupe, Snam, et UniCredit, de même que le cabinet McKinsey et d'autres, ont signé une charte d'engagement qui implique d'instaurer l'égalité salariale, de travailler à l'évolution de carrière, de mettre en place des programmes de mentorat au bénéfice des femmes... « C'est une charte contraignante et c'est la première fois qu'elle est signée, se réjouit Chiara Corazza. Charge maintenant à ces dirigeants de relayer notre concept inédit de « She-Covery » auprès des pouvoirs publics, dans tous les pays du G20, pour qu'ils fassent leur part. »

Fonds privés et publics

C'est dans cet esprit qu'au Women's Forum G20 Italy, Chiara Corazza a présenté 10 recommandations visant à flécher les fonds existant en intégrant une dimension genrée. Ce qui signifie, entre autres, pour les Etats, non seulement de créer un cadre réglementaire adapté qui favorisera l'égalité, à l'instar de l'Index égalité professionnelle, en France, mais aussi, par exemple, d'introduire une clause dans les appels d'offres publics, visant à accroître la participation des femmes, sans oublier de mettre les moyens financiers nécessaires à un meilleur accès à l'éducation, l'entreprenariat, l'autonomisation des femmes. « Et cet argent existe déjà ! », poursuit la représentante spéciale du Women's Forum auprès des pays du G7 et du G20. Ainsi, le Forum recommande de verser 3% des montants d'impôts prélevés sur les géants du numérique, les Gafam, pour attirer les filles dans les STEM. De même, il propose que les grands fonds privés d'investissement, qui, dans certains cas, utilisent déjà comme critères de sélection pour leurs opérations le lien entre performance de l'entreprise et climat, fassent de même en associant femmes et climat. En effet, parmi les pays du G20, certains comptent de nombreuses femmes dans l'agriculture, notamment, qui n'ont pas accès aux ressources financières nécessaires pour développer leur activité, ni à la propriété foncière, d'ailleurs, et seront de surcroît largement affectées par le réchauffement climatique.

En outre, au-delà d'un engagement des fonds privés, au Women's Forum G20 Italy l'appel a été lancé afin qu'une diplomatie féministe, déjà pratiquée par certains pays, dont le Canada, joue à plein à l'avenir. Elle implique que, dans le cadre de leur politique étrangère et leur aide au développement, les pays du G20 conditionnent le versement de fonds à un impact positif sur les femmes. Et là encore, il ne s'agit pas de mettre davantage d'argent sur la table, « mais seulement de le rediriger », argumente Chiara Corazza. Autant de propositions - « concrètes, opérationnelles, et, je l'espère, contagieuses » poursuit-elle -, que le Women's Forum veut voir appliquées rapidement sur le terrain. C'est bien l'ambition de ce Call to Action aux pays du G20.




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