« L’industrialisation innovante, la priorité de la Métropole Nice Côte d’Azur ! », Christian Estrosi

La Métropole Nice Côte d’Azur joue la carte de l’attractivité avec une politique territoriale volontariste, à la fois pro-active et pro-business, qui vise à encourager et accompagner un mouvement d’implantation ou de relocalisation d’entreprises sur son territoire. Entretien avec son président, Christian Estrosi.
«Le « Made in France » et le patriotisme industriel étaient, pour moi, plus que des slogans. Ils devaient constituer le fil rouge de la mutation de l'industrie de notre pays pour réaffirmer la place de la France dans la compétition économique européenne et internationale. » pour Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur.
«Le « Made in France » et le patriotisme industriel étaient, pour moi, plus que des slogans. Ils devaient constituer le fil rouge de la mutation de l'industrie de notre pays pour réaffirmer la place de la France dans la compétition économique européenne et internationale. » pour Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur. (Crédits : DR)

La crise de la Covid-19 a mis en exergue la nécessité d'une industrie, ou plus largement d'une économie du « Made in France » solide et diversifiée. Comment l'ancien ministre de l'Industrie, aujourd'hui maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, s'empare-t-il de cette problématique ?

Ministre de l'Industrie sous la présidence de Nicolas Sarkozy, je me suis aperçu très tôt que certaines filières industrielles françaises, notamment sur des secteurs régaliens, avaient un extraordinaire potentiel de création de croissance et d'emplois. Et que ces acteurs pouvaient partir à la conquête de marchés internationaux si la puissance publique les accompagnait avec intelligence. Le « Made in France » et le patriotisme industriel étaient, pour moi, plus que des slogans. Ils devaient constituer le fil rouge de la mutation de l'industrie de notre pays pour réaffirmer la place de la France dans la compétition économique européenne et internationale. C'est ce qui guide mon action à Nice et à la Métropole Nice Côte d'Azur.

Le « Made in France », c'est être aussi capable d'attirer sur son territoire des entreprises exogènes qui y créeront de la valeur...

De nombreuses initiatives ont été lancées depuis 2008. L'idée étant de permettre, puis d'accompagner, un mouvement d'implantation ou de relocalisation d'entreprises sur le territoire de la Métropole Nice Côte d'Azur où nous travaillons à réunir toutes les conditions à leur épanouissement. Parmi elles, l'offre immobilière organisée, adaptée et ambitieuse pilotée par l'un des deux seuls EPA (Établissement Public d'Aménagement) de France ; les efforts de prospection menés tout au long de l'année au national comme à l'international ; ou encore le renforcement d'un écosystème porteur dont le prochain levier n'est autre que l'arrivée de l'École 42 de Xavier Niel, qui forme des développeurs.

Pour quels résultats ?

En 2020, nous comptons 17 entreprises étrangères nouvellement implantées dans les Alpes-Maritimes, dont une grande majorité à Nice. Nos équipes font également un travail de suivi actif auprès des entreprises étrangères déjà présentes car nous savons que la majorité des investissements étrangers directs sont des réinvestissements de ces mêmes entreprises. Les secteurs régaliens, comme la santé, ou l'agroalimentaire, sont regardés en priorité, car ils vont répondre aux enjeux qu'a cruellement révélés la crise sanitaire. Je veux que ces entreprises pensent désormais plus systématiquement à notre territoire quand elles cherchent une nouvelle implantation française.

La crise de la Covid a-t-elle eu une incidence sur ces résultats ?

Si ce mouvement de relocalisation a commencé bien avant la crise sanitaire, il n'en demeure pas moins que la Covid a rebattu les cartes et les entreprises s'interrogent sur la possibilité de s'implanter dans d'autres métropoles. Il est clair que Nice peut tirer son épingle du jeu, surtout depuis les dernières élections municipales où j'ai pleinement assumé notre orientation « probusiness ». C'est pourquoi j'ai souhaité faire appel à une personnalité reconnue du monde des affaires, pour être mon vice-président en charge de l'économie, Jacques Richier, l'actuel PDG d'Allianz. Nice a changé son image, son attitude aussi. J'attends de mes nouvelles équipes qu'elles nous permettent de changer d'échelle sur ce sujet. J'ai également fait de la protection des concitoyens une priorité, notamment avec la création d'une agence de sécurité environnementale, sanitaire et de gestion des risques, ce qui est un atout supplémentaire pour démarquer la Métropole Nice Côte d'Azur dans la concurrence des territoires.

Cette relocalisation est-elle préférable à une réindustrialisation ?

Il ne s'agit pas d'opposer relocalisation et réindustrialisation, mais de s'entendre avec la réalité de notre territoire, foncièrement très contraint. D'où notre priorité, concernant l'économie productive, à l'industrialisation ou la réindustrialisation innovante. Un positionnement d'autant plus cohérent que nous avons à disposition la zone de Carros, premier territoire en France à obtenir la certification « Territoires d'Industrie », dont l'objectif est de redynamiser le site en développant sa vocation innovante. Des projets de réorganisation de la zone industrielle, comprenant la création d'un pôle entrepreneurial, ont déjà été présentés. Il s'agira également de lui trouver une identité de territoire. À cet égard, après la tempête Alex qui a occasionné plus de 1,5 milliard d'euros de dégâts, nous réfléchissons à la meilleure manière de construire face aux risques naturels, ce qui pourrait se traduire par l'implantation, en lien avec les acteurs présents et en accord avec les maires des communes, d'une filière dédiée à l'écoconstruction, par exemple.

Comment la Métropole s'inscrit-elle dans le plan de relance ?

Nous avons de nombreux atouts à faire valoir. Des entreprises de qualité, des élus impliqués issus du milieu de l'entreprise et une ouverture à l'international. Il ne faut pas manquer les transitions que la crise économique accélère. J'en fais une priorité absolue. C'est pour cette raison que nous avons mis en place une cellule relance qui vise à informer et accompagner de façon personnalisée nos entreprises sur les différents dispositifs et appels à projets. Nous sommes notamment très attentifs aux programmes qui cherchent à renforcer la vocation technique des entreprises en finançant le passage de paliers technologiques, à ceux qui poussent à la création de consortiums entre entreprises industrielles et laboratoires de recherche et, enfin, à ceux qui incitent à la transition écologique. Cette crise est aussi un moyen de réorienter les efforts de toutes les forces vives vers de nouvelles opportunités, sans perdre de vue que c'est aussi un nouveau modèle de société que nous devons bâtir.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.