Quelles ont été les conséquences de la pandémie sur le tourisme en région Centre-Val de Loire après une très bonne année 2019 ?

François Bonneau : L'année dernière, nous avons célébré les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, qui symbolise la Renaissance en France et notamment dans le Val de Loire. Nous avons à cette occasion développé un programme touristique qui englobe les acteurs du secteur mais aussi de la culture avec plus de 700 projets. Avec succès, puisque ces manifestations culturelles ont permis d'augmenter de 35 % la fréquentation de certains sites. L'arrivée de l'épidémie a été très brutale. Quelques jours avant le confinement, j'étais au Quai d'Orsay avec 70 responsables du tourisme et de la restauration pour préparer l'opération Goût de France qui célèbre la gastronomie française dans le monde entier. Nous rentrons et tout se fige. Les sites, les hôtels, les restaurants ferment leurs portes. Et notre projet Nouvelles Renaissances s'arrête net.

Comment avez-vous réagi face à cette situation imprévue ?

FB : J'avais gardé le contact avec les acteurs touristiques à travers des visioconférences et nous avons décidé de nous mobiliser, en proposant au gouvernement un dispositif pour accueillir en sécurité les visiteurs. Un projet qui a montré notre détermination à rouvrir dès que possible. Depuis quinze jours, de nouveaux cheminements ont été mis en place, masques et gel ont été mis à disposition. Le problème est que nous sommes très dépendants des visiteurs d'Île-de-France et avec la limite des 100 km, c'est difficile. Mais nous ne sommes pas résignés. Dès que cette limite sera levée, nous allons promouvoir la destination.

De quelle manière ?

FB : Nous lançons une campagne de communication très puissante en presse, radio et télévision, sans oublier les réseaux sociaux sur lesquels elle a déjà débuté. La Loire est classée au patrimoine mondial par l'Unesco depuis 20 ans et 1,2 million de touristes découvrent le fleuve à vélo. C'est la région du tourisme zen. Après le confinement, les gens ont besoin de se ressourcer dans des espaces d'émotion et de découverte. La campagne intitulée « Envie de » s'étalera de mai à décembre, avec en fil rouge le « slow tourisme » et l'art de vivre, (gastronomie, œnotourisme, produits locaux).

Qu'attendez-vous de l'été qui arrive en matière de tourisme ?

FB : Les pertes sont aujourd'hui considérables, avec aucune recette en mars et avril, et très peu en mai. Or, nous connaissons une forte activité durant les grands week-ends de printemps. Ils ont été  perdus et ça ne se rattrapera pas. Nous n'aurons sans doute pas les étrangers cette année et on ne refera pas notre retard, mais nous espérons retrouver notre niveau normal dès le mois de juillet. Nous accueillons chaque année 11 millions de visiteurs pour un tourisme nature, culture et art de vivre, pour une durée moyenne de sept jours. Avec d'abord les châteaux de la Loire bien sûr, mais aussi les parcs naturels du Perche, proche de Paris, et de la Brenne, dans le Berry. Nous attendons avec impatience la levée des 100 km de distance pour retrouver le niveau de fréquentation de ces dernières années. Je suis allé à la rencontre d'une vingtaine de responsables de sites durant ce week-end de l'Ascension. Ils m'ont demandé de préparer d'ores et déjà l'année 2021 avec un projet collectif autour de ce tourisme zen.

La Région a-t-elle dégagé un budget exceptionnel pour soutenir les professionnels du tourisme ?

FB : Tout à fait. Nous avons apporté plus de 16 millions d'euros au  Fonds National de Solidarité pour les entreprises locales, dont celles qui sont liées au tourisme. Par ailleurs, la Région a créé un fonds spécifique pour les entreprises de moins de 20 salariés, le Fonds Renaissance, de 5 millions d'euros abondé par la Caisse des dépôts et Consignation pour un montant de 5 millions,  plus 2 millions issus des collectivités locales. Avec ces 12 millions, nous proposons des avances remboursables aux professionnels, et nous avons investi 800 000 euros dans le plan de communication que j'ai évoqué. Nous travaillons aujourd'hui à mettre en place une carte cadeau pour les comités d'entreprises, les collectivités et les particuliers qui proposera un accès privilégié dans les lieux touristiques et les restaurants.

Certains sites emblématiques de la région sont-ils en danger ?

FB : Il faut se garder de l'impression que les propriétaires de châteaux sont fortunés. Souvent, ces structures sont très fragiles économiquement. Pour développer leur attractivité, il faut une vraie maintenance et des animations. D'ailleurs, nous avons créé un Campus des métiers et des qualifications pour les formations aux métiers du Patrimoine, du Tourisme et des métiers d'art, qui a reçu la labellisation « Campus d'excellence » : tailleurs de pierre, sculpteurs, spécialistes du mobilier. Un vivier extraordinaire de métiers d'hier qui sont aussi les métiers de demain.

Êtes-vous malgré tout optimiste pour les mois à venir ?

FB : Lorsque je vois les affiches de nos magnifiques châteaux dans les gares, aéroports et métros de la région parisienne, je suis confiant. Cette année sera difficile, mais nous sommes offensifs et optimistes.

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Pour en savoir plus, participez au Connect Live du 2 juin à 10h30 : Comment le tourisme peut (doit)-il rebondir en Centre-Val de Loire ?