[The Village-Atelier#3] Réinventer l'écologie : quel avenir pour la croissance verte ?

Penser le futur de l'écologie et de la croissance verte, tel est l'objectif du troisième atelier préparatoire à l'événement annuel "The Village, changer le monde » organisé en août prochain à Saint-Bertrand de Comminges par La Tribune et INCO. Sandrine Roudaut, co-fondatrice d'Alternité et de La Mer Salée et Alexandre Raguet, fondateur de Lumo, ont présenté leurs initiatives et échangé avec le public de change-makers.
(Crédits : DR)

Si l'écologie est depuis longtemps un sujet primordial, les mauvaises nouvelles concernant le climat et la biodiversité révèlent qu'il est nécessaire de changer de méthode, aussi bien au niveau politique que du grand public. Deux professionnels se sont rencontrés pour discuter de l'avenir de l'écologie et de la manière de réinventer son application concrète. Sandrine Roudaut, co-fondatrice de la maison d'édition La Mer Salée et du cabinet de conseil Alternité, valorise la parole et les actions des chercheurs d'utopie dont elle fait partie. Alexandre Raguet a créé la plateforme d'épargne participative Lumo dédiée aux énergies renouvelables. Leur point commun ? Penser et agir pour la transition écologique en impliquant les gens.

Si la situation n'est pas encore idéale, Alexandre Raguet constate la baisse du prix des énergies renouvelables et leur compétitivité par rapport aux énergies fossiles, comme le confirme l'ADEME. Il félicite aussi l'alignement des parties prenantes : l'implication et le soutien des politiques nationales et européennes pour les investissements dans la transition écologique et l'ambition des particuliers d'être de plus en plus actifs dans leur placement. « Investir dans des sociétés à impact positif permet des rendements intéressants mais surtout de savoir exactement à quoi sert son argent ».

Transformer maintenant

Face aux critiques constantes, contre les éoliennes en France notamment, les deux acteurs de la transformation acceptent l'idée que tout n'est pas parfait. Mais pour Sandrine Roudaut, « les critiques sont des outils de diversions. Il faut s'autoriser à expérimenter, comme ce fut le cas pour le nucléaire. » « Les technologies doivent effectivement progresser, confirme Alexandre Raguet. Mais c'est toujours mieux que ce que cela remplace. Le photon met 8mn à être transformé en énergie solaire, contre 300 millions d'années pour le pétrole. L'important est la façon dont est produite l'énergie. »

Pour continuer à avancer, il faut impliquer plus de monde et pour cela les informer. « L'importance de la future loi PACTE 2018, témoigne Dominique Pialot, journaliste à La Tribune et modératrice de cette rencontre, est surtout de permettre de parler de la transition, de faire débats et donc de faire avancer les choses. » « Certains projets présents sur notre plateforme nécessitent d'être acceptés par les riverains, corrobore Alexandre Raguet. Les entrepreneurs doivent donc faire comprendre leurs actions. » C'est aussi le rôle que s'est donné Sandrine Roudaut en participant à des conférences et en publiant des ouvrages.

« J'ai l'impression de contribuer et c'est ce qui me motive », raconte Alexandre Raguet. Après l'information, l'étape suivante est donc d'inclure chaque individu pour qu'il ne soit pas simplement informé, ni uniquement un consommateur éthique mais aussi un acteur du changement. Pour Sandrine Roudaut, « être impliqué dans un projet incite à être acteur du scénario et donc à tout faire pour que cela marche. C'est le cas de blablacar. C'est l'un des principes de l'utopie. Et une utopie, cela se réalise. »

Participer avant-tout

Pour qu'un mouvement de fond apparaisse, il faut ensuite valoriser les initiatives particulières et locales selon Sandrine Roudaut. « Le monde change grâce à un petit nombre de citoyens. Les suffragettes étaient 300 au Royaume-Uni. Les résistants représentaient 2 à 3% de la population pendant la guerre. Quand on regarde les grands mouvements de l'Histoire, on ne sait jamais quel pion a tout fait basculer. Il faut donc participer, donner à voir les autres, changer de regard sur ceux qu'on ne comprend pas parce qu'ils sont trop utopistes ou désobéissants, leur donner le bénéfice du doute et se mettre en lien avec les autres, en pensant en terme d'écosystème. C'est l'une des grandes leçons du biomimétisme et de la résilience. » Mais pour cela, il faut avant tout un changement radical de mentalité en abandonnant les anciennes terminologies dont celle de « croissance », explique Sandrine Roudaut. «  On se réfère encore à un modèle qui est une croyance et qui repose sur l'utilisation des ressources. Même l'indicateur de croissance, le PIB, est aberrant. Il prend en compte la prostitution, l'armement ou le coût du cancer mais pas l'éducation ou le bien être. »

S'il reste beaucoup de chose à faire et notamment « dans le domaine de l'éducation ou en distribuant des subventions aux bons endroits », conclut Sandrine Roudaut, le regard optimiste d'Alexandre Raguet constate le déploiement de nombreuses innovations positives, bientôt à grandes échelles ce qui laisse penser que « certaines utopies deviendront la norme. »

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