Le Laboratoire de l'égalité propose un Pacte pour l'égalité entre les sexes au travail

[#8mars #DroitsDesFemmes] Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits des Femmes, La Tribune propose à des femmes engagées dans l'entrepreneuriat, la mixité globale et l'égalité économique femme-homme de s'exprimer sur leurs actions, convictions et expériences de terrain. Annie Batlle, Corinne Hirsch et Olga Trostiansky sont respectivement administratrice, cofondatrice et présidente du Laboratoire de l'Egalité.
Annie Batlle, administratrice, Corinne Hirsch, cofondatrice et Olga Trostiansky, présidente du Laboratoire de l'Egalité
Annie Batlle, administratrice, Corinne Hirsch, cofondatrice et Olga Trostiansky, présidente du Laboratoire de l'Egalité (Crédits : DR)

L'inégalité des salaires, la face visible de l'iceberg. Une face à l'ombre : la précarité pour les femmes.

L'inégalité salariale entre les femmes et les hommes est certainement,  la plus visible, la plus  sensible, celle qu'on pointe en priorité du doigt à propos du monde du travail. Sans doute parce que plus personne ne peut se voiler la face dans ce domaine. Les chiffres sont clairs : 20% de moins en moyenne. On ignore plus souvent les effets collatéraux et manifestes de cette discrimination, la face cachée de l'iceberg : la précarité économique qui touche davantage les femmes. Les femmes constituent 70% des travailleurs pauvres, elles constituent la plupart des cheffes de famille monoparentales dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté. La majorité des allocataires de minima sociaux sont aussi des femmes, et le taux de pauvreté des plus de 75 ans est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.

Le Pacte pour l'égalité soutenu par les 1300 membres du Laboratoire de l'Egalité.

Le tableau semble bien noir. Mais nous savons, au Laboratoire de l'Egalité, que des plans d'action volontaristes peuvent renverser la tendance. C'est pourquoi nous avons élaboré un Pacte pour l'égalité qui comprend 120 mesures concrètes pour faire avancer l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il a été signé par Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle et par Marlène Schiappa, secrétaire d'état à l'égalité entre les femmes et les hommes. Quelques mesures phares.

Décréter la mobilisation générale contre les inégalités de revenus.

D'abord, faire appliquer les lois qui depuis 1972 exigent l'égalité des rémunérations, et l'engagement des entreprises a minima dans des plans d'action d'égalité progressivement correctifs... sous peine de sanction en monnaie sonnante et trébuchante. Pour ce faire, renforcer les contrôles et les sanctions et favoriser les comportements des entreprises vertueuses en développant les missions de l'inspection du travail pour atteindre 20% d'entreprises contrôlées par an. Les entreprises à la traîne devraient être sanctionnées selon la loi, et les « Women friendly » seraient primées.

Lancer un « Grenelle » contre la précarité et l'insécurité de l'emploi des femmes à faible qualification.

Il serait temps de cibler les femmes en précarité ou éloignées de l'emploi dans tous les programmes d'insertion et de développement. Décider aussi de les accompagner avec des dispositifs ciblés. Réduire également les freins liés à la mobilité : coût et temps passé dans les transports, notamment en zone rurale. Enfin, garantir, l'accueil des enfants dans les temps périscolaires, même lorsque les parents n'ont pas d'emploi.

Construire une culture de l'égalité durable.

Avancer dans l'égalité pour et avec les élèves, en créant notamment un Observatoire du Sexisme à chaque niveau, de l'école à l'université. Avancer aussi pour et avec les enseignant.e.s : rendre obligatoire et renforcer l'éducation à l'égalité dans la formation initiale et continue de tous les personnel éducatifs, y compris la petite enfance. Enfin, penser l'orientation des élèves à travers le prisme de la mixité et de l'égalité.

Engager la société toute entière dans une révolution des temps, pour un partage réellement égalitaire.

Pour les femmes comme pour les hommes, révolutionner les temps passe d'abord par une lutte enfin engagée contre le présentéisme et pour favoriser une organisation du temps de travail plus libre. Pour repenser la répartition des rôles familiaux et inciter à un partage plus équitable des tâches domestiques et familiales, le Pacte préconise d'appliquer un congé parental partagé à égalité (un an divisé en deux), pas seulement pour le premier enfant. Engager les hommes dans une « paternité active » devient aussi crucial : porter le congé paternité à 4 semaines et mieux le rémunérer enverrait un signal fort.

Indépendamment de ce qui relève d'un principe fondamental de justice et d'équité, l'égalité dans le monde du travail ne bénéficie pas seulement aux femmes mais également aux hommes : le partage plus équitable des tâches familiales et la flexibilité plus grande du temps de travail pour tout le monde, allègent la charge du «  monsieur gagne-pain ». Les entreprises en tirent aussi profit, car elles ont besoin de recruter et de fidéliser les meilleurs talents à tous les niveaux. Une plus grande autonomie économique des femmes diminue les dépenses de l'Etat, moins ponctionné par les aides sociales qui leur sont dévolues en cas de précarité.

L'OCDE affirme, chiffres à l'appui, qu'une réduction de moitié de l'écart de taux d'activité entre les femmes et les hommes entrainerait une hausse du PIB d'environ 6% d'ici 2030. Qui pourrait refuser ce progrès ?

INFOS + SUR LE LABORATOIRE DE L'EGALITE

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.