3G : l’UFC tacle (encore) Free Mobile sur la qualité des débits

Par Delphine Cuny  |   |  750  mots
Free affirme que "les résultats de l'étude de l'UFC sont à contre-courant d'autres études indépendantes de référence"
L’association de consommateurs a constaté une dégradation sur le réseau propre de l’opérateur lors d’usages tels que le visionnage de vidéos. Free dénonce « une étude partielle et partiale » et un acharnement.

« Il n'y a pas que la 4G dans la vie, malgré la débauche publicitaire des opérateurs ! » remarque Alain Bazot, le président de l'UFC Que choisir. L'association de défense des consommateurs a dévoilé ce mardi matin l'actualisation de son étude présentée en janvier sur les débits 3G qui l'avait conduite à porter plainte contre Free Mobile pour « pratiques commerciales trompeuses », estimant que le quatrième opérateur ne tenait pas ses promesses sur la 3G, en particulier lors de tests en itinérance sur le réseau d'Orange.

Dix mois plus tard, l'UFC constate que « Free reste plus que jamais la lanterne rouge » tant en itinérance que sur son réseau propre. Elle observe que Free est le seul opérateur à offrir moins de 2 Mégabits par seconde dans plus de 50% des cas (c'était 71% en janvier !), sur son réseau propre. La dégradation la plus marquée vient justement des débits sur le réseau déployé par le quatrième opérateur, qui vient d'annoncer 7,4 millions de clients au 30 septembre, ce que l'association juge « inquiétant et préjudiciable car à terme, ce sera ce seul réseau qui sera utilisé par l'ensemble des abonnés Free Mobile. »

Free estime que l'UFC « s'acharne » contre lui

Concrètement, l'UFC, qui a eu recours à un prestataire habituel des opérateurs et du régulateur, l'Arcep, pour ses mesures de terrain effectuées en septembre et octobre dans quatre zones (Ile-de-France, Toulouse, Lille, Grenoble), s'est concentrée sur les débits et certains usages de la 3G, à savoir le téléchargement d'applications (sur l'App Store et Google Play), le visionnage de vidéos et l'écoute de musique en streaming sur Deezer, pas la navigation Web.

L'association mesure la « non-qualité », le taux d'échec en cas de téléchargement, les problèmes au lancement, le temps de « buffering » (chargement), etc. Elle constate que les résultats sont plutôt mauvais en streaming pour tous les opérateurs mais encore plus pour Free, notamment sur le service de France Télévisions Pluzz mais aussi sur Dailymotion (voir les résultats complets). On se souvient que l'UFC a déjà attaqué Free sur les problèmes de lenteur de YouTube sur son réseau ADSL…

Ce qui fait dire à l'opérateur que l'UFC « s'acharne » sur lui et que « l'étude est partielle et partiale », les tests étant limités à « une infime partie du service Free Mobile », excluant la voix et les SMS. Or au moins la moitié des abonnés mobiles du quatrième opérateur ont un forfait à 2 euros (ou zéro s'ils sont clients ADSL de Free) et n'utilisent donc pas la 3G. Cependant, les autres abonnés (au forfait à 19,99 euros ou 15,99 avec rabais) ont au contraire plutôt un profil de « gros » consommateurs d'Internet mobile.

Free privilégie-t-il la couverture « technique » sur la qualité ?

Aussi, l'UFC s'interroge-t-elle sur « les investissements réellement consentis » par Free pour le déploiement de son réseau 3G et se demande même si l'opérateur « privilégie l'étendue de la couverture à son épaisseur. » L'association craint même une dégradation supplémentaire d'ici à janvier 2015, date à laquelle Free devra couvrir 75% de la population, selon les obligations de sa licence 3G, ce qui sera contrôlé par le gendarme des télécoms.

« Free va chercher à honorer ses obligations. La population pourrait être couverte techniquement mais quelle serait la qualité ? » avance Alain Bazot. Des critiques dont avait déjà fait l'objet Free Mobile à son lancement en janvier 2012, mais de la part de ses concurrents.

Chez Free, c'est l'incompréhension : « les résultats de l'étude de l'UFC sont à contre-courant d'autres études indépendantes de référence », comme celle de l'Arcep qui évoquait il y a un an « des débits moyens comparables pour Bouygues Telecom, Free Mobile et SFR en téléchargement » ou le récent comparatif de 4Gmark qui positionne Free en 2e position derrière Orange en termes de débit d'Internet mobile. « A croire que l'UFC regrette l'oligopole d'avant Free Mobile », s'agace-t-on en interne chez l'opérateur. L'association, qui effectue régulièrement des appels à témoin, va s'appuyer sur les utilisateurs pour enrichir sa base de données : elle vient de lancer une application gratuite, Info Réseau, fonctionnant sous Android, afin de mesurer les débits sur le terrain.

>>> L'étude intégrale de l'UFC Que Choisir sur la qualité de la 3G