Montebourg somme Orange et Free Mobile de préparer la fin de l'itinérance

Par Delphine Cuny  |   |  486  mots
« La fin de l'itinérance est une issue logique au principe selon lequel les opérateurs doivent investir » dans le déploiement des réseaux a souligné le ministre Arnaud Montebourg.
Le ministre du Redressement productif a enjoint les deux opérateurs de négocier dès cette année les termes de sortie de l’accord par lequel Free Mobile loue le réseau de l’ex-France Télécom. Ce contrat, qui a rapporté plus de 700 millions à Orange l'an passé, expire officiellement en 2018.

Arnaud Montebourg accentue la pression sur Free. Le ministre du Redressement productif l'a enjoint de préparer dès maintenant avec Orange la fin du contrat d'itinérance par lequel il loue le réseau mobile de l'ex-France Télécom. « 2014 doit être l'année de la négociation des modalités et du calendrier de sortie de l'itinérance » a-t-il prévenu vendredi soir, lors de la cérémonie des vœux de la Fédération française des télécoms (FFT). Il a fait valoir qu'il s'agissait d'une « facilité octroyée pour une durée transitoire » au quatrième opérateur qui a lancé son service en janvier 2012 avec un réseau ne couvrant que 30% de la population. « Le moment est venu d'ouvrir la phase de sortie », il faut « anticiper sa mise en sommeil » même si elle n'interviendra « pas du jour au lendemain », a nuancé le ministre. Pas question de couper d'un coup et de priver de connexion une partie des quelque 8 millions de clients de Free Mobile, dont le réseau propre couvre un peu plus de 60% de la population en 3G aujourd'hui selon nos informations.

Maintien de l'itinérance 2G

Ce contrat commercial de six ans expire en 2018 mais peut être dénoncé sous certaines conditions à partir de 2016. L'Autorité de la concurrence avait rendu en mars dernier un avis sur le sujet à la demande de Bercy dans lequel elle affirmait que l'itinérance « ne doit, en aucun cas, être prolongée au-delà d'une échéance raisonnable : 2016 ou 2018. » Free n'ayant de licence qu'en 3G et en 4G, l'itinérance pourra être maintenue plus longtemps mais pour « les seuls clients disposant de terminaux 2G exclusifs » (ne faisant que de la voix et des SMS), avait précisé le gendarme de la concurrence. Un maintien vital alors que plus de la moitié des clients de Free se trouveraient dans ce cas (forfait à 2 euros ou zéro euro pour les abonnés à la Freebox).

Selon nos informations, cet accord a rapporté quelque 718 millions d'euros à Orange en 2013 (après plus de 500 millions en 2012), correspondant en majorité à du trafic 2G, Free faisant désormais transiter une large part de son trafic d'Internet mobile sur son propre réseau. Cette itinérance 2G était d'ailleurs prévue dans la licence de Free Mobile; la partie 3G a été ajoutée en complément dans le contrat mais était indispensable pour que le quatrième opérateur puisse proposer un vrai service national complet au lancement. Il est stipulé dans la licence de Free qu'il doit couvrir en 3G avec son propre réseau 75% de la population dans un an, en janvier 2015, puis 90% en 2018. Il lui faudra pour cela accélérer la cadence du déploiement. « La fin de l'itinérance est une issue logique au principe selon lequel les opérateurs doivent investir » dans le déploiement des réseaux a souligné Arnaud Montebourg.