Rachat de SFR : « une légère hausse de prix ne poserait pas forcément problème » selon l’Arcep

Par Delphine Cuny  |   |  613  mots
« Une légère remontée des prix ne pose pas forcément de problème tant que les clients obtiennent un bon service » a déclaré un des représentants du gendarme français des télécoms.
Un des membres du gendarme des télécoms a reconnu devant des investisseurs que la consolidation était poussée par la convergence fixe-mobile. Une légère hausse des prix ne serait pas, à ses yeux, problématique si le service au consommateur est de qualité.

Silencieuse depuis un mois que la bataille pour SFR bat son plein, l'Arcep, le gendarme des télécoms a fait enfin entendre (discrètement) sa voix sur le sujet. C'est à Londres, lors d'une conférence sur les télécoms organisée ce vendredi par la banque HSBC pour certains de ses clients investisseurs, que l'un des membres du collège de l'autorité de régulation s'est exprimé sur les conséquences d'un rachat de SFR. Interrogé sur l'impact du « choc de l'entrée de Free » sur le marché, il a déclaré que « ce qui pousse la consolidation, ce n'est pas le mobile mais la logique de la convergence fixe mobile » rapporte un des participants à ce « séminaire » en petit comité. En clair, ce n'est pas à cause de la baisse accélérée des prix que les acteurs veulent se rapprocher mais parce qu'ils ont besoin de renforcer leurs faiblesses, soit sur le fixe soit sur le mobile. Une explication qui vaut aussi bien dans le cas de Numericable-SFR que dans celui de Bouygues-SFR et l'accord associé entre Free et Bouygues : Free, venu du fixe, se renforcerait dans le mobile, Bouygues, peu développé dans le fixe, grandirait dans le haut débit en se mariant avec SFR, tandis que Numericable, quasi absent du mobile, y prendrait pied.

Une hausse de prix contre un meilleur service ?

Il a défendu l'idée que « la 4e licence n'avait pas pour but de déclencher une guerre des prix » mais de répondre à cette convergence fixe-mobile. Interrogé sur les conséquences éventuelles sur les prix de cette consolidation, en particulier si un rapprochement intervenait entre deux acteurs du mobile, le représentant de l'Arcep a minimisé leur impact.

 

« Une légère remontée des prix ne pose pas forcément de problème tant que les clients obtiennent un bon service » a déclaré un des membres du collège de l'Arcep.

 

 On se rappelle que le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a l'Arcep dans le viseur, avait fustigé «  la spirale de la baisse des prix dans le mobile » et encouragé, contre ce phénomène, les « ententes » telles que l'accord de mutualisation entre SFR et Bouygues. Le ministre soutenait l'idée que les opérateurs avaient besoin de récupérer une marge de manœuvre pour investir dans les réseaux et ainsi fournir une bonne qualité de service à leurs clients.

Transfert du dossier à Bruxelles peu probable

Alors que Bouygues a prévu de revendre une bonne partie de ses fréquences à Free si son offre sur SFR était acceptée par Vivendi, le membre de l'Autorité a rappelé que les opérateurs pouvaient librement revendre leurs fréquences, après approbation de l'Arcep. Il a par ailleurs indiqué que l'Arcep « doute que l'Union européenne ait des arguments pour transférer le dossier à Bruxelles : à première vue, le critère de chiffre d'affaires paneuropéen n'est pas rempli. » De quoi rassurer Bouygues qui n'a eu de cesse de répéter que son éventuel rachat de SFR serait traité par l'Autorité de la concurrence française et non par la Direction concurrence de la Commission, comme l'envisageait une note de la représentation permanente de la France à l'UE. Un renvoi risquerait en effet d'allonger le délai. « Il n'y a aucun fondement juridique au renvoi » martèle-t-on d'ailleurs à l'Autorité de la concurrence. « Ce sont bien les Etats membres qui demandent eux-mêmes le renvoi, mais ces affaires sont très politiques. Si M. Almunia demande avec insistance le dossier, c'est difficile de le lui refuser » observe un haut fonctionnaire bien au fait des pratiques des institutions.