Mailly (FO) écrit à Valls pour soutenir le projet Bouygues SFR

Par Delphine Cuny  |   |  550  mots
Jean-Claude Mailly, le patron du syndicat FO, vient d'écrire au nouveau Premier ministre une lettre militant en faveur d'un retour à trois opérateurs mobiles.
Dans un courrier adressé à Manuel Valls hier, le secrétaire général de Force ouvrière prend fait et cause pour le projet de rachat de SFR par Bouygues qui permettrait à la filière télécoms de revenir à trois opérateurs mobiles « viables. » Jean-Claude Mailly affirme que le projet rival de Numericable conduirait à des plans de suppressions d’emplois drastiques et un durcissement de la guerre des prix.

Jean-Claude Mailly monte au créneau. Le secrétaire général de Force ouvrière a écrit hier au nouveau Premier ministre, Manuel Valls, au sujet de l'avenir de la filière télécoms. Dans ce courrier daté du 3 avril dont la Tribune a pu consulter une copie, le patron du syndicat y défend surtout le projet de rachat de SFR par Bouygues et une « organisation raisonnée » du secteur, reprenant les termes d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif (et désormais de l'Economie et du Numérique). Il explique sans nuance pourquoi le projet rival de Numericable ne serait pas bon, à ses yeux, pour l'entreprise et la filière.

 

« Le projet d'achat par Altice propriétaire de Numericable, basé sur plus de 9milliards de dettes selon un LBO… a comme principaux inconvénients de ne pas traiter la question de la consolidation du secteur, de maintenir 4 opérateurs toujours en concurrence sur un marché saturé, de ne pas dégager le cash-flow nécessaire à la maintenance et l'évolution de l'actuel réseau SFR, de conduire à des plans de suppressions drastiques d'emplois (les LBO antérieurs d'Altice le démontrent), d'accroître la guerre des prix selon une logique de dumping aggravée et de baisser les investissements de la filière.

 

Maintien de l'emploi et concurrence « égalitaire »

Il fait totalement abstraction des engagements de maintien de l'emploi pendant trois ans, certes sous conditions, pris par Altice. A contrario, il prend fait et cause pour le projet de Bouygues, très soutenu par les salariés et les syndicats de l'opérateur filiale du groupe de BTP, et auquel il trouve toutes les vertus.

 

« Le projet de fusion Bouyges-SFR, et de vente du réseau mobile à Free, permet des investissements en cash flow et/ou en capitalisation d'investissement (CDC, groupes du CAC 40) et non en endettement LBO, des investissements ciblés sur 3 réseaux et non éparpillés sur 4, l'engagement d'un maintien de l'emploi pendant 36 mois côté Bouygues comme SFR sans aucune restriction. Surtout cela permet à la filière de revenir à 3 opérateurs avec chacun un réseau en propre, à taille équivalente sur le secteur de la téléphonie mobile, donc en situation de concurrence plus « égalitaire », le tout selon une gouvernance industrielle de l'entreprise. »

 

« Catastrophe industrielle, dumping et faillites »

Il dresse ensuite un tableau noir de la situation si ce retour à trois opérateurs « viables » ne se fait pas : « alors c'est le dumping et les faillites qui percuteront la filière, qui pourrait alors être rachetée pour l'euro symbolique par des groupes étrangers. Et ce au prix de dizaines de milliers de nouvelles suppressions d'emplois. » Force ouvrière considère que « l'Etat doit tout faire pour revenir à trois opérateurs », faisant valoir que « c'est une catastrophe industrielle qu'il faut éviter absolument. » Or la vente de SFR reste du ressort de sa maison-mère, entreprise privée, Vivendi. Même Arnaud Montebourg en a convenu. Vivendi réunit justement ce vendredi en fin de journée son conseil de surveillance pour trancher le sort de SFR. Les trois semaines de négociations exclusives avec Altice-Numericable se termine ce vendredi et il semble que le câblo continue d'avoir la préférence de Vivendi pour des questions de faisabilité de l'opération.