« SFR n’aurait valu que 11 milliards d'euros en Bourse »

Par Delphine Cuny  |   |  436  mots
Jean-René Fourtou le président du conseil de surveillance de Vivendi, confirme qu'il va démissionner à l'issue de l'assemblée générale du 24 juin.
Dans une lettre aux actionnaires de Vivendi, Jean-René Fourtou revient sur le choix de vendre SFR à Numericable. Le président du conseil de surveillance se justifie avant de quitter ses fonctions à l’issue de l’assemblée générale du 24 juin.

C'est un étrange « entretien exclusif » publié dans la lettre aux actionnaires de Vivendi envoyée ce jour. Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance, et Jean-François Dubos, le président du directoire, qui vont tous les deux démissionner de leurs fonctions à l'issue de la prochaine assemblée générale, le 24 juin, font d'abord un long rappel des nombreux rebondissements connus par Vivendi depuis deux ans. Mais ils reviennent surtout sur les raisons de la vente de SFR, pour 17 milliards d'euros dont 13,5 milliards en cash, un peu moins d'un mois après la signature de l'accord définitif de cession à Numericable, préféré à Bouygues.

Alors qu'une scission par introduction en Bourse était prévue initialement, le président du conseil de surveillance, dans sa dernière lettre aux actionnaires, près de douze ans après son arrivée à la tête de Vivendi, ne cache pas qu'une vente rapportait plus. Mais l'introduction a-t-elle jamais été envisagée sérieusement ?

 

Les valorisations proposées par Altice/Numericable et Bouygues étaient très supérieures à la valeur qui aurait pu résulter d'une introduction en bourse de SFR : nos banquiers l'estimaient aux alentours de 11 à 12 milliards d'euros, compte tenu des incertitudes du marché du téléphone mobile en France et notamment de la guerre des prix.

 

Or le président du conseil de surveillance avait affirmé en octobre 2013 qu'une offre valorisant SFR 15 milliards d'euros, ce n'était pas assez. Qualifiant de « financièrement très proches » les deux offres, il met en avant la « pertinence industrielle » du projet du câblo-opérateur fondé sur la convergence du fixe et du mobile : « c'est aujourd'hui la stratégie gagnante dans les télécoms et elle est adoptée partout en Europe. » Peu de paroles positives sur le projet concurrent de Bouygues, qui certes « comportait des synergies conséquentes mais avec de nombreux doublons au niveau des effectifs. » Il insiste sur ce volet social.

 

« [En cas de rapprochement de SFR et Bouygues Telecom] il aurait fallu procéder à des réductions d'emploi de 4 000 à 6 000 personnes au sein du groupe, sans compter les difficultés liées aux sous-traitants. »

Et ce même si Martin Bouygues s'était à engager à ne pas supprimer d'emplois pendant trois ans. Après les nombreuses critiques sur l'opacité du processus, Jean-René Fourtou martèle au contraire que tout a été fait dans la « transparence », en collaboration avec quatre banques conseils et quatre cabinets d'avocats, ainsi que l'avis de trois experts en droit de la concurrence, « unanimes pour dire que l'offre d'Altice/Numericable présentait moins de risques que celle de Bouygues. »