Le géant chinois Huawei a réussi « parce qu’il n’est pas coté en Bourse »

Par Delphine Cuny  |   |  359  mots
Ren Zhengfei, 69 ans, le fondateur de Huawei, détient 1,4% du capital de l'entreprise dont le reste est détenu par les salariés chinois.
Le fondateur du groupe devenu numéro deux mondial des équipements télécoms dénonce l’avidité des actionnaires et leur vision court-termiste. Une façon de justifier son rejet d’une introduction en Bourse, un refus de se plier aux règles de transparence selon ses détracteurs.

La Bourse ? Très peu pour Huawei. Le géant chinois des équipements télécoms, devenu en dix ans numéro deux mondial derrière Ericsson, devant Alcatel-Lucent et Nokia Networks, n'a aucune intention de sauter le pas d'une introduction pour faire taire ses détracteurs qui le taxent d'opacité. « En réalité, les actionnaires sont avides et ils veulent presser une entreprise au plus vite jusqu'à la dernière goutte » a déclaré le fondateur de Huawei, le discret Ren Zhengfei, lors d'une réunion en petit comité avec des journalistes à Londres, comme le rapportent le « Financial Times », le « Wall Street Journal » et l'agence Bloomberg. L'ancien ingénieur de l'armée chinoise de 69 ans, dont le passé a nourri les rumeurs de liens avec l'Etat chinois, détient 1,4% du capital et « les personnes qui possèdent cette entreprise ne sont pas avides » assure-t-il : le reste du capital est officiellement détenu par environ 7.000 des salariés (tous chinois, les employés étrangers ne pouvant détenir d'actions selon la loi chinoise).

Une vision davantage à long terme

Ren Zhengfei, qui ne confesse « aucun autre hobby que travailler et gagner de l'argent », affirme même que « ne pas être coté en Bourse est une des raisons qui expliquent que nous ayons dépassé nos concurrents », le suédois Ericsson mis à part. Les employés-actionnaires de Huawei « adoptent une vision davantage à long terme au lieu de vouloir juste encaisser les liquidités au plus vite » fait valoir le fondateur. Le plus petit concurrent de Huawei, ZTE, est coté à Hong Kong et à Shenzhen, ce qui ne lui a pas permis d'accéder davantage au marché américain dont les portes sont fermées aux deux équipementiers de l'empire du Milieu. D'ailleurs, Huawei ne compte pas se donner beaucoup de mal outre-Atlantique car « cela prendra aux Etats-Unis dix à vingt ans pour comprendre que Huawei est une entreprise intègre » et préfère concentrer son attention sur les pays qui l'ont accepté, notamment en Europe. Huawei, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 39,5 milliards de dollars en 2013, en croissance de 12%, table sur un quasi doublement (70 à 80 milliards) dans les quatre ans à venir.