« Pourquoi je vends Virgin Mobile à Numericable » (Roux de Bézieux)

Par Delphine Cuny  |   |  538  mots
Le fondateur de l’opérateur mobile, en passe d’être racheté par Numericable pour 325 millions d’euros, invoque le manque de taille critique, dans un marché bousculé par Free, et la nécessité de réinvestir massivement. Avec la vingtaine de millions d’euros qu'il va empocher, Geoffroy Roux de Bézieux envisage de racheter ou créer une autre entreprise, mais pas dans les télécoms.

« J'ai créé l'entreprise il y a dix ans, j'ai pensé que c'était le moment de passer la main à un acteur plus puissant » explique Geoffroy Roux de Bézieux, le président et fondateur de Virgin Mobile. L'entrepreneur, également vice-président du Medef, a en effet annoncé le 16 mai l'entrée en négociations exclusives avec Numericable - sur le point d'avaler aussi SFR - en vue de la cession de l'opérateur mobile virtuel, pour 325 millions d'euros. Interrogé sur BFM Business ce mardi, le dirigeant d'Omea Telecom, maison-mère de Virgin Mobile, a justifié cette vente par le manque de taille critique:

« Dans une industrie de coûts fixes, la taille compte. Or la taille que nous avions ne nous permettait pas de nous développer sans réinvestir massivement. » a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux.

Il estime qu'il aurait fallu que Virgin Mobile «  à la fois rachète d'autres MVNO, peut-être postule à une licence, et que la politique pro-concurrentielle soit dans l'air du temps et ce n'est plus le cas. » Pour autant, il assure que le rachat de Virgin par Numericable ne sera pas la fin de la concurrence : « c'est un retour de balancier. C'est la vieille loi du capitalisme quand il y a trop de concurrence, les prix baissent, les marges se contractent, il y a concentration. »

 Une nouvelle aventure entrepreneuriale, mais pas dans les télécoms

« Les actionnaires, dont je fais partie, ont décidé de mettre la société en vente. Le prix était correct et c'était le meilleur moyen de pérenniser l'entreprise et ses salariés » justifie-t-il. L'opérateur, qui compte 1,7 million de clients et emploie environ 200 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 468 millions d'euros. Virgin Mobile est détenu par le groupe Virgin de Richard Branson (46%), par le groupe britannique Carphone Warehouse (46% également) et par son management (8%), principalement Geoffroy Roux de Bézieux, qui devrait empocher environ 25 millions d'euros. Que compte-t-il faire de cette coquette somme ?

« Des fiscalistes me conseillent de partir tout de suite. Moi je reste en France, j'aime ce pays. Je compte soit racheter une entreprise pour la développer, soit créer une autre entreprise. Mais pas dans les télécoms : une clause du contrat m'interdit de travailler dans les télécoms pendant deux ans » a confié le fondateur de Virgin Mobile.

La concentration, pas seulement due à un « effet Free »

Geoffroy Roux de Bézieux ne considère pas que Free soit responsable de cette concentration du marché français du mobile, même s'il observe qu'il avait prédit, à l'arrivée de Free, que « cela se terminerait par des rapprochements. »

« Ce n'est pas seulement l'effet Free, cela se passe partout en Europe. Il y a un autre effet important: les consommateurs n'achètent plus comme avant. Tous les réseaux de boutiques, construits dans les années 2000, n'ont plus la même pertinence aujourd'hui. Avec Internet, les consommateurs ont compris comment cela fonctionne. On a désormais un smart consommateur » relève Geoffroy Roux de Bézieux. 

D'ailleurs, il est convaincu que les prix ne remonteront pas, car les consommateurs « sont désormais habitués à payer 2 euros pour 2 heures. »

> Revoir l'interview de Geoffroy Roux de Bézieux