Après le rachat de SFR, nouveau rapprochement dans les télécoms

Le petit acteur Prixtel rachète un autre opérateur sans réseaux, Zero Forfait. Depuis l’arrivée de Free Mobile et l’alignement des marques low-cost de Bouygues, SFR et Orange, l’espace économique des MVNO s’est considérablement réduit. Même pour Virgin Mobile, qui réfléchit à toutes ses options.
Delphine Cuny
Le rachat de Zero Forfait par Prixtel relance les questions sur l'avenir de Virgin Mobile, le plus gros MVNO français.

L'arrivée de Free Mobile a porté un rude coup aux MVNO, les opérateurs mobiles virtuels, sans réseau, en dynamitant leurs créneaux des forfaits à prix cassés, jusqu'ici délaissés par les grands opérateurs de réseaux. L'alignement des marques low-cost de ces derniers, B&You de Bouygues Telecom, Sosh d'Orange et Red de SFR, a ensuite encore réduit l'espace économique de ces MVNO : elles comptent chacune environ 1,8 million de clients désormais.

Depuis deux ans plusieurs acteurs sont déjà sortis du marché, faute de taille critique, notamment Auchan Telecom (150.000 clients) repris par EI Telecom (détenu par le Crédit Mutuel NRJ Mobile) en septembre dernier, après Carrefour (quelques dizaines de milliers, rachetés par Orange en septembre 2012) et Simyo (180.000 clients à l'époque, filiale de KPN) repris par Bouygues Telecom fin 2011, juste avant le lancement de Free. C'est aujourd'hui le tour du petit Zéro Forfait d'être absorbé par la société aixoise Prixtel, qui revendique 200.000 clients (nombre de lignes facturées le mois dernier). Les deux sont hébergés sur le réseau mobile de SFR.

Des offres modulables aux forfaits « à la Free »

Selon une source du secteur bien informée, Zéro Forfait n'avait plus que 40.000 à 50.000 clients, moitié moins que le nombre évoqué il y a deux ans. Le montant du rachat du parc (sans personnel ni marque) n'a pas été révélé mais la transaction a probablement été réalisée sur la base d'un ratio inférieur aux 100-125 euros par abonné habituellement rencontrés. Lancé sur le concept des offres au compteur par Patrick Gentemann, le fondateur de Futur Telecom et Call In Europe, ce MVNO s'était résigné à commercialiser des forfaits, avec des formules souples et ajustables, avant d'adopter des forfaits classiques à la Free, « des formules simples et économiques » les forfaits Z à 9 euros et 19,99 euros, ramenés à une seule offre ensuite à 13,99 euros (appels, SMS illimité et 3Go de données).

Prixtel aussi a fait le pari du forfait ajustable (sous le nom de « Modulo »), en mobile, pour tablette et en ADSL (avec une Box SFR à ses couleurs) et s'y tient. La PME de 20 salariés, qui fête ses dix ans d'existence, a aussi souffert de l'arrivée de Free. En 2012, son chiffre d'affaires a chuté de 30% à 29 millions d'euros, malgré une forte augmentation des ventes brutes, avant de remonter à 35 millions d'euros l'an passé. La société est restée légèrement rentable. « Cette opération, réalisée sur fonds propres, nous permet de grossir nos capacités d'achat auprès des opérateurs de réseau et de réduire nos coûts fixes » confie David Charles, le fondateur et président de Prixtel. Il vient de lancer la 4G et espère réaliser une croissance à un chiffre cette année, « dans un marché qui reste très difficile. » Prixtel envisage d'autres opérations de ce type mais les cibles se raréfient. Il reste quelques acteurs tels que Budget Telecom, Coriolis ou Afone.

Virgin Mobile au centre de toutes les spéculations

Ce rachat, même modeste, relance les questions sur l'avenir du plus gros MVNO français, Virgin Mobile, qui revendique 1,7 million de clients et n'est plus aussi virtuel que ses concurrents, EI Telecom mis à part (1,2 million de clients) : ils ont tous deux investi dans leurs propres équipements de réseau, même s'ils ne possèdent pas de fréquences. Des rumeurs ont circulé le mois dernier, en pleine bataille entre Numericable et Bouygues pour le contrôle de SFR : l'actionnaire à 46% de Virgin Mobile France, le britannique Carphone Warehouse (qui possède la chaîne européenne The Phone House) souhaiterait sortir et Virgin chercherait à se vendre. Plusieurs options s'ouvrent à Omea Telecom, la maison-mère de Virgin Mobile France : l'entrée d'un nouvel actionnaire, une introduction en Bourse, qui semble peu probable, une fusion avec un autre MVNO, vraisemblablement son plus proche comparable EI Telecom, ou la vente à un opérateur de réseau.

En janvier, dans une étude sur la concentration du marché télécoms français, les analystes d'Oddo estimaient probable à 30% un rachat de Virgin par Orange. Ils valorisaient Virgin Mobile 250 millions d'euros, l'équivalent de 147 euros par client. Virgin se fournit désormais auprès de tous les opérateurs de réseau, Orange historiquement, SFR depuis 2011 et Bouygues depuis cette année pour la 3G et la 4G. Ce qui fait autant d'acquéreurs potentiels. Econduit par Vivendi, la maison-mère de SFR, Bouygues Telecom pourait avoir intérêt à agrandir son parc. En revanche, Free, qui continue d'engranger seul plusieurs centaines de milliers de clients mobiles par trimestre (605.000 au quatrième) et en compte plus de 8 millions, n'a pas forcément besoin d'une acquisition d'abonnés...

Delphine Cuny

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