La France numéro deux de la 4G en Europe... et bientôt leader ?

Par Delphine Cuny  |   |  712  mots
« La France pourrait assez vite devenir leader de la 4G en Europe », selon le président de l'Arcep.
Avec plus de 3 millions d’abonnés à fin 2013, l'Hexagone se situe derrière l’Allemagne en matière de très haut débit mobile. L’Arcep, le gendarme des télécoms, publiera demain des cartes de couverture 4G vérifiées des 4 opérateurs mobiles ... et considère que la France peut devenir première en Europe.

Si la France est à la traîne dans la fibre optique, elle se défend dans le très haut débit mobile. Selon un classement présenté ce mercredi par l'institut Idate dans le cadre des Assises du très haut débit, l'Hexagone se situe au deuxième rang en Europe en nombre d'abonnés 4G à la fin de 2013, avec 3 millions d'utilisateurs, derrière l'Allemagne, à 5,4 millions, devant la Suède (2,9 millions), le premier pays au monde où fut lancée la 4G en décembre 2009, et le Royaume-Uni (2,7 millions). Orange, Bouygues Telecom et SFR avaient tous trois annoncé en début d'année qu'ils avaient conquis 1 million d'abonnés à la 4G. Et cela progresse : il y avait 3,7 millions d'abonnés actifs au 31 mars 2014 selon le dernier observatoire de l'Arcep, le gendarme des télécoms.

Au niveau mondial, la France n'est cependant que sixième : difficile de rivaliser pour des questions de taille et de date d'attribution des fréquences avec les Etats-Unis, grand leader avec 104,7 millions d'abonnés « LTE » (du nom de la technologie Long Term Evolution), loin devant le Japon (32,7 millions), la Corée du Sud (28,5 millions) et l'Australie (6,9 millions).

« Aux Etats-Unis, les investissements consacrés au déploiement du LTE par les opérateurs sont nettement supérieurs à ceux des opérateurs européens, presque 2 fois plus élevés en Capex par habitant » a observé Valérie Chaillou, analyste de l'Idate. « Et la Corée du Sud a couvert 100% de sa population en l'espace d'un an seulement. »


« Devenir très vite leader de la 4G en Europe »

Aux yeux du président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, « la France pourrait assez vite devenir leader du LTE en Europe », alors que les déploiements s'accélèrent. Sur le papier, ils ont même deux ans d'avance par rapport aux obligations de couverture inscrites dans les licences 4G (25% de la population en octobre 2015, 60% en 2019).

"La 4G couvre désormais, chez plusieurs opérateurs, les deux tiers ou plus de la population » a souligné le président de l'Arcep, lors de ces Assises du très haut débit. Il a annoncé que l'autorité publierait demain, après la clôture de la Bourse, « le taux de couverture 4G vérifié des quatre opérateurs mobiles » de Métropole, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile. Ce sera la première fois que le gendarme des télécoms dévoile des cartes de couverture certifiées pour la 4G, précisant aussi les zones de couverture 2G et 3G, qui font l'objet de contrôles réguliers. 

Bouygues Telecom communique sur 70% de la population couverte en 4G, soit 44 millions d'habitants, et Orange 69%. En revanche, SFR reste loin derrière, à « plus de 40% » selon ses dires. Au vu du nombre d'antennes 4G actives publiées par l'Agence nationale des fréquences, Free Mobile ne serait pas très loin.

Des cartes peu fiables ?

Mais SFR aurait été rappelé à l'ordre par l'Arcep qui lui aurait demandé de corriger sa carte de couverture 4G qui présentait un écart « important » entre la publicité et la réalité, selon « Les Echos ». En novembre l'UFC Que Choisir avait attaqué Orange et SFR pour «pratiques commerciales trompeuses », affirmant que leurs cartes de couverture 4G à Paris n'étaient pas fidèles à l'accessibilité effective.

Cette certification des cartes permettra peut-être de rassurer les consommateurs et de les inciter à s'abonner. En effet, la couverture constitue un argument commercial majeur : le consommateur achète d'abord un accès, pas seulement une enveloppe de minutes ou de gigaoctets, et un très haut débit qui tienne ses promesses et le suive partout, pas seulement dans un point précis de sa ville ! Mais pas suffisant : la qualité du service et le débit aussi constituent des critères de choix importants.

L'Arcep a publié fin juin une vaste enquête sur la qualité des réseaux mobiles qui n'incluait pas encore la 4G. Et si elle contrôle le respect des obligations de couverture, les informations communiquées par les opérateurs sur le débit sont du ressort « du droit de la consommation : au consommateur de porter plainte devant les tribunaux s'il s'estime lésé » avait expliqué Jean-Ludovic Silicani lors d'une conférence de presse à la fin juin...