4G : Orange dépasse Bouygues Telecom

L'opérateur historique possède plus d'antennes en service que son concurrent, dont l'avance n'aura duré que huit mois. Free Mobile se rapproche du nombre de sites de SFR en 4G mais progresse lentement en 3G, ce qui lui vaut une enquête du régulateur.
Delphine Cuny
Le PDG d'Orange Stéphane Richard s'était engagé à combler le retard sur Bouygues d'ici à la mi-2014.

Pari (presque) gagné pour Orange : en septembre dernier, le PDG Stéphane Richard s'était engagé à rattraper Bouygues Telecom, qui s'apprêtait à ouvrir son réseau national 4G couvrant 63% de la population, alors que celui d'Orange se situait plutôt entre 25% et 30%. « Je vous donne rendez-vous au milieu de l'année prochaine, vous verrez, il n'y aura plus cet avantage » avait-il lancé. Or au 1er juin, l'opérateur historique affiche 6.393 antennes 4G en service, selon l'observatoire de l'Agence nationale des fréquences (ANFR), contre 6.083 pour Bouygues Telecom. Pour autant, son réseau couvre 62% de la population métropolitaine, précise le directeur technique, soit encore un peu moins que les 69% revendiqués par Bouygues, notamment pour des questions de fréquences : Orange a surtout déployé en fréquences très hautes (2,6 Ghz), tandis que la filiale du groupe de BTP a déployé principalement dans des fréquences 1800 Mhz (utilisées auparavant pour la 2G), après en avoir obtenu l'autorisation du régulateur, ce qui lui a permis de basculer à moindre frais une large partie de ses antennes en 4G au 1er octobre.

Huit mois après, cet avantage concurrentiel Bouygues a disparu, sans que l'opérateur ait réussi à transformer cette avance en réelle arme de conquête commerciale (1,4 million de clients 4G à fin mars, comme Orange).

Cinq ans d'avance sur les obligations de couverture… grâce à Free ?

Mais l'ex-France Télécom, habitué à la place de numéro un et piqué au vif par cette avance de Bouygues, a mobilisé ses importantes équipes internes sur le déploiement, devenu prioritaire. « Nous avons résorbé notre retard en mettant les bouchées doubles » a fait valoir Stéphane Richard le 20 mai dernier lors d'une audition au Sénat. Lors de cette audition, Pierre Louette, le directeur général adjoint d'Orange, a observé que « le taux de couverture de 60% sera atteint avec cinq ans d'avance sur les obligations légales » : en effet, les engagements de couverture inscrits dans les licences prévoyaient ce seuil en octobre 2019, les 25% devant d'abord être atteints en octobre 2015. Free considère que c'est grâce à lui si l'on a vu « un démarrage très rapide de la 4G, sans doute dû à notre présence comme quatrième opérateur. Rappelez-vous combien de temps il a fallu pour lancer la 3G du temps de l'oligopole… » a glissé le même jour au Sénat Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, la maison-mère, oubliant que les terminaux compatibles 3G manquaient à l'appel à l'époque.

 Enquête du régulateur sur le déploiement de Free

En 4G, Free Mobile se rapproche de SFR en nombre d'antennes en service, avec 1.360 sites contre 1.675 pour la filiale de Vivendi en cours de rapprochement avec Numericable, qui reste très en retrait par rapport à Orange et Bouygues. En 3G en revanche, le déploiement de Free progresse doucement : l'opérateur compte 3.026 antennes actives, soit 99 de plus que le mois dernier, dans la moyenne des mois précédents. Le réseau de Free Mobile couvre pour le moment « 65% de la population » a déclaré Maxime Lombardini il y a dix jours. Il doit atteindre 75% dans sept mois, le 12 janvier 2015, trois ans après l'ouverture commerciale de son service, ce qui semble ambitieux.

La semaine dernière, le gendarme des télécoms, l'Arcep, a d'ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête administrative « afin de s'assurer que l'opérateur est sur une trajectoire d'investissement compatible avec cette obligation », que «Free Mobile met en œuvre tous les moyens nécessaires à l'atteinte de son obligation » et d'évaluer « la réalité d'éventuels obstacles au déploiement. » En effet, le quatrième opérateur mobile, devenu numéro trois en nombre d'abonnés totaux (fixes et mobiles) et chiffre d'affaires devant Bouygues, se plaint des lourdeurs administratives et des délais de déploiement des antennes, pouvant aller « jusqu'à 600 jours » et s'inquiète de la proposition de loi de la députée EELV Laurence Abeille, qui allongerait les phases de concertation des opérateurs avec les municipalités...

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 04/06/2014 à 8:36
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Nombre d'antennes ne veut pas dire couverture. Il faut environ 4 fois moins d'antennes 1 800 MHz (la majorité de celle de Bouygues) que d'antennes 2.6 MHz pour couvrir la même zone (environ) Cdt,

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