"La Finlande a été trompée" par Microsoft (ministre des Finances)

Par latribune.fr  |   |  454  mots
"Il est temps pour Microsoft de faire preuve de responsabilité sociale", a insisté le ministre du Travail Lauri Ihalainen. (Photo : Reuters)
La suppression de 18.000 emplois annoncée jeudi par l'américain Microsoft dans le monde entier, dont 12.500 chez Nokia, est un coup dur pour la Finlande, siège historique de l'ancien numéro un mondial des téléphones, acquis officiellement en avril par le géant du logiciel.

"La Finlande a été trompée" par Microsoft, a lancé le ministre des Finances finlandais Antti Rinne.

Après Steve Jobs, accusé par le Premier ministre Alexander Stubb d'avoir volé ses emplois au pays nordique, en "mettant K.O. Nokia", c'est au tour de Microsoft d'être pointé du doigt par Helsinki. La suppression de 18.000 emplois annoncée jeudi par l'américain Microsoft dans le monde entier, dont 12.500 chez Nokia, est un coup dur pour la Finlande, siège historique de l'ancien numéro un mondial des téléphones mobiles que le géant des logiciels a officiellement acquis en avril.

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1.100 postes supprimés en Finlande

Il faut dire que le pays devrait subir la destruction d'environ 1.100 emplois chez Nokia. Le site d'Oulu (nord-ouest), emblématique pour les ingénieurs de la marque finlandaise, va définitivement fermer. Au total, 500 salariés spécialisés dans les téléphones dits "classiques", et non les smartphones, sont concernés.

"C'est un grand choc", s'est attristé auprès de l'AFP la dirigeante syndicale d'Oulu Tiina Nortamo. "On nous prend nos emplois malgré les promesses qui nous avaient été faites" par Microsoft après l'annonce du rachat en septembre, a-t-elle déploré.

La promesse non tenue de Microsoft

L'ex-patron de Microsoft Steve Ballmer, remplacé par Satya Nadella début février, avait en effet promis à l'époque que le groupen'avait pas "de plan significatif pour relocaliser les postes de travail (...) dans le cadre de la fusion" avec Nokia. 

"Si les hommes politiques ont cru que les promesses (de Microsoft) étaient éternelles, ils devraient se regarder dans un miroir", a ironisé auprès de l'AFP un analyste de la banque Nordnet Jukka Oksaharju.

A ses yeux, Microsoft avait à l'époque "tout intérêt" à garder le savoir-faire de Nokia à l'intérieur du groupe "jusqu'au bout" :

"Je ne crois pas que Microsoft savait (au moment de l'acquisition des portables de Nokia) qu'il allait licencier autant des personnes."

"Faire preuve de responsabilité sociale"

Dans une économie dégradée, l'avenir s'annonce difficile pour les centaines d'ingénieurs qui vont être licenciés. Les perspectives de trouver un emploi dans la région d'Oulu, notamment, sont faibles. La zone est en effet déjà sinistrée par les précédents plans de licenciements de Nokia, qui comptait à l'époque quelque 2.000 employés.

Dans ce contexte, "il est temps pour Microsoft de faire preuve de responsabilité sociale", a insisté le ministre du Travail Lauri Ihalainen, cité dans un communiqué. Les négociations portant sur les conditions de licenciement devraient démarrer la semaine prochaine et durer environ six semaines.

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