« Les internautes ont le choix » affirme Google

Par Delphine Cuny  |   |  790  mots
Pour Eric Schmidt, « les barrières à l’entrée sont négligeables, car la concurrence n’est qu’à un clic. »
A Berlin, Eric Schmidt a répondu aux critiques sur la position dominante du moteur de recherche, en question à Bruxelles, en soulignant qu’il y a « de nombreuses fenêtres sur le Web. » Il considère même Amazon comme son plus grand concurrent dans la recherche.

En Allemagne, pays dont les ministres de l'Economie et de la Justice appellent au démantèlement de Google, Eric Schmidt savait que son auditoire ne lui serait pas tout acquis. A Berlin, le président exécutif du géant de l'Internet a profité d'une invitation chez la startup de logiciels pour DJ Native Instruments pour célébrer l'esprit d'innovation allemand mais surtout répondre aux critiques sur le poids démesuré de l'entreprise de Mountain View. Il a d'abord rappelé les 1.100 personnes employées en Allemagne et les 200 millions d'euros investis sur place l'an dernier. Avant d'entrer dans le vif du sujet, sa position dominante dont il abuserait, l'enquête de la Commission européenne étant toujours en cours.

« Nous sommes indéniablement une part importante de l'Internet, et l'acteur principal de la recherche, la découverte d'information prend de nombreuses formes car il existe de nombreuses fenêtres sur le Web », a fait valoir Eric Schmidt.

Il a pris l'exemple du journal allemand « Bild » dont 70% du trafic provient des accès directs, les internautes l'ayant ajouté en favori ou tapant l'adresse dans le navigateur, sans passer par le moteur, lequel représenterait un peu plus de 10% du trafic, presque autant que les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter.

L'anti Google français Qwant cité

Le président de Google a souligné que si, l'on cherche à acheter quelque chose, « une tente de camping par exemple, il y a Google, Bing, Yahoo ou le nouveau moteur de recherche français Qwant », dans lequel Axel Springer a acquis une participation de 20% en juin dernier : l'éditeur de « Die Welt » et de « Bild », précisément, a multiplié les prises de parole sur la domination de Google, comparé à « une araignée aux commandes de la Toile » par le patron Mathias Döpfner.

« La réalité est que les internautes ont le choix et qu'ils exercent ce choix quotidiennement. Google opère dans un environnement concurrentiel qui est en constante évolution », affirme Eric Schmidt, citant justement Axel Springer comme un « nouvel investisseur dans ce domaine ». Or, « les barrières à l'entrée sont négligeables, car la concurrence n'est qu'à un clic ».

Une affirmation qui peut prêter à sourire tant Google semble avoir définitivement remporté la bataille du « search », avec plus de 90% de part de marché en Europe.

« Personne n'est forcé d'utiliser Google »

Discutant des « effets de réseau », ayant parfois une connotation négative, Eric Schmidt souligne qu'il s'agit en fait du « processus qui rend de nombreux services utiles », comme le téléphone ou un réseau social.

« Google n'est pas utile parce qu'il est populaire; nous sommes populaires parce que nous sommes utiles », plaide le président exécutif, concédant que, « bien entendu, plus les internautes utilisent notre moteur de recherche, plus nous sommes utiles aux annonceurs. »

Le patron américain a aussi répondu indirectement à ceux qui demandent de réguler Google :

« La réalité est que Google fonctionne très différemment d'autres entreprises ayant été qualifiées de "point d'entrée" ou de "contrôleur", et régulées comme telles. Nous ne sommes pas une compagnie de ferries. Nous ne sommes pas une société de chemin de fer. Nous ne sommes pas un réseau de télécommunications ou d'électricité qui soit le seul à raccorder votre maison, sans qu'aucune concurrence ne soit possible. Personne n'est forcé de recourir à Google. »

Amazon, son "plus grand concurrent" dans la recherche

Eric Schmidt a aussi souligné que « l'histoire a prouvé que la taille ou les succès passés ne constituent en aucun cas une garantie pour le futur », citant les exemples de Yahoo, Nokia, BlackBerry et même Microsoft ! Et le patron de Google de détourner l'attention sur un autre épouvantail américain, le géant de l'e-commerce Amazon, qui suscite lui aussi de nombreuses critiques en Allemagne.

« Beaucoup estiment que nos principaux concurrents sont Bing ou Yahoo. Mais, en réalité, notre plus grand concurrent en matière de recherche en ligne est Amazon. Ils sont bien sûr plus concentrés sur la partie "commerce" de l'équation, mais au coeur de leur modèle, ils répondent aux questions et aux recherches des internaute, tout comme nous » relève Eric Schmidt.

Surtout, le président exécutif de Google souligne que le "disrupteur", celui que certains considèrent comme le "barbare", pourrait à son tour se faire disrupter.

« Le plus important, c'est que quelqu'un, quelque part, dans un garage, se prépare à entrer dans la course et à nous dépasser. Je le sais, parce qu'il n'y a pas longtemps, c'est nous qui étions dans ce garage.»

> Lire le discours en anglais sur le blog Europe de Google