Jeux vidéo : pourquoi la dématérialisation ne fait pas baisser les prix

Par Jean-Yves Paillé  |   |  516  mots
"50% des ventes de jeux pour console de salon sera dématérialisée fin 2016", selon l'IDATE.
Les grands éditeurs fixent des prix uniques pour les jeux vendus sur supports physiques et ceux proposés en téléchargement, afin de ne pas encourager la disparition du marché physique, explique Hadopi dans une étude.

"Aux yeux de nombreux consommateurs, le jeu dématérialisé devrait être
moins cher que son équivalent physique."

Dans une étude publiée en décembre 2014, Hadopi souligne l'incompréhension de nombreux joueurs face à une réalité: les jeux vidéo vendus par téléchargement, type pay to play (transposition en ligne du modèle physique de vente à l'unité) des grands éditeurs sont aussi chers que ceux vendus sur des supports physiques.

Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft explique qu'"il est difficile de fixer un prix moindre pour les jeux dématérialisés, car les distributeurs seraient mis en porte à faux".

Les grands éditeurs comptent sur le marché physique

Les éditeurs PC et consoles comptent beaucoup sur le marché physique, précise Hadopi. Les jeux sur consoles sont encore essentiellement vendus en boîte, via des détaillants physiques. Ainsi, la part de vente dématérialisée de jeux vidéo pour console de salon "s'élèverait en France à 276 millions d'euros en 2014, soit 31 % des revenus", explique l'IDATE, think tank spécialisé dans l'économie numériqueDonc, hors de question d'encourager "un passage rapide à l'offre dématérialisée en baissant les prix sur les ventes en ligne", estime le PDG d'Ubisoft.

Mai la progression de ce marché est très rapide. Lthink tank estime qu'en France, "50% des ventes de jeux pour console de salon sera dématérialisée fin 2016". Les ventes par téléchargement pour consoles deviendront ainsi "le premier marché des jeux vidéo dématérialisés d'ici 2016, dépassant les jeux mobiles et les jeux dématérialisés pour ordinateur".

Les jeux vendus par téléchargement ont"un coût important"

 Le PDG d'Ubisof assure en outre que vendre des jeux par téléchargement est coûteux:

"Le consommateur pense que cela va être moins cher. Mais le téléchargement coûte cher, c'est un vrai problème et les gens ne le comprennent pas. On parle d'autoroute de l'information, c'est le bon terme, or une autoroute c'est payant, il y a des péages. Le péage sur l'internet c'est la bande passante, la bande passante est payante. Ca peut être 1, 2, 3 ou 5 centimes, c'est-à-dire avoir des serveurs, permettre à des gens de télécharger très rapidement, etc. Cela n'est pas gratuit ».

Des jeux dématérialisés moins cher pour des promotions

Cependant, il existe des cas où, pour les jeux PC notamment, le dématérialisé est vendu moins cher "avec la multiplicité des sites et des promotions", explique Hadopi. Les éditeurs concèdent des baisses de prix sur des périodes courtes. Et ce dans une logique promotionnelle, afin d'écouler d'importants volumes de jeux. Le PDG d'Ubisoft assure ainsi:

"Un éditeur vendant son jeu sur Steam avec une promotion exceptionnelle de 75% durant quelques jours pourra vendre facilement des dizaines de milliers de jeux, 20 à 30 000 pièces en une journée."

Cependant, ce dernier est convaincu que l'unicité des prix des jeux dématérialisé et physiques "devrait durer, car il n'y a pas de raison de changer".