A Barcelone, la French Tech joue les gros bras

Par Pierre Manière  |   |  899  mots
Plus de 60 startups françaises ont fait le déplacement au Mobile World Congress de Barcelone cette année.
Avec 189 entreprises présentes au Mobile World Congress cette semaine, la France est la première nation du salon. Plus de la moitié sont rassemblées au sein du pavillon de la French Tech.

Au Mobile World Congress de Barcelone cette semaine, difficile de rater le principal pavillon de la French Tech. Situé au beau milieu du hall 5 (le salon en compte huit), de part et d'autre de l'allée centrale, celui-ci est encadré par deux panneaux lumineux arborant de grands coqs rouges, le logo de ce label rassemblant les entreprises françaises du numérique. Créé en 2013, celui-ci vise à promouvoir ces sociétés, souvent jeunes, à l'international. Et, pour ce faire, le salon de Barcelone, qui réunit le gratin mondial des télécoms, constitue donc un événement phare.

Au coeur de cet espace, juste à côté de celui du mastodonte Orange, on trouve le stand de Business France, la nouvelle agence nationale chargée de promouvoir les entreprises françaises à l'étranger. Tout autour, des représentants de dizaines de sociétés discutent avec leurs pairs. La place est réduite. Beaucoup ne disposent que d'un modeste corner, doté de deux ou trois chaises hautes. Pour attirer les regards, presque toutes ont installé un écran plat pour montrer leurs produits et solutions.

"Faire du business"

Pas peu fier du pavillon qu'il a façonné, Fayssal Majid, chef de projets pour Business France, se félicite qu'avec 189 entreprises sur place, la France soit "la première délégation du congrès". Au total, l'agence - qui a déboursé "environ 1 million d'euros" pour deux pavillons -, a rassemblé "quelques 115 entreprises dont plus de 60 startups", détaille-t-il. A ses yeux, Barcelone est un des moments les plus importants de l'année:

"Au CES de Las Vegas [le grand salon américain de la high tech, Ndlr], on vient surtout pour se montrer... C'est ce qu'ont fait cette année des groupes comme le fabricant de drones Parrot ou le spécialiste des thermostats connectés Netatmo. A Barcelone, on vient davantage pour faire du business et signer des contrats."

7.000 euros le corner

D'après Fayssal Majid, beaucoup de petites startups aux moyens limités ne seraient pas venues sans l'appui financier et logistique de son agence. En s'installant dans le pavillon, elles bénéficient à moindre frais d'une bonne exposition.  "Pour les plus petits corners, elles payent 7.000 euros hors taxes pour les quatre jours du congrès", souligne Fayssal Majid, précisant que ces emplacements sont en général cantonnés aux extrémités des halls d'expositions. Et sont donc de facto moins visibles.

Pour se démarquer, certaines startups se sont offerts des espaces plus grands. C'est le cas de SunPartner, l'inventeur d'un composant photovoltaïque permettant de charger la batterie d'un téléphone sans câble. "Eux, ils ont 30 m2", constate le responsable de Business France, sachant que le mètre carré coûte 1.100 euros.

"Prendre la température"

Parmi les jeunes pousses du pavillon français, on trouve CopSonic. Créée en 2013, cette société développe une solution de communication par ultrason. Elle a profité du salon pour annoncer un partenariat avec la banque Natixis pour créer une application de paiement mobile avec cette technologie. "Lorsqu'on effectue un achat sur le Net via un ordinateur, par exemple, il suffit de charger l'appli sur son mobile au moment de payer. On choisit la carte bleue que l'on souhaite utiliser, et toutes les informations bancaires sont immédiatement complétée", explique Fayssal Majid.

Au deuxième jour du salon, il affirme que les affaires vont bien: "On a déjà signé plusieurs accords de confidentialité avec des groupes français et étrangers pour développer et tester des applications", précise-t-il. Ici se joue pour lui une grande part des 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires qu'il espère réalisé cette année, contre environ 700.000 euros en 2015.

Approcher les industriels étrangers

A quelques mètres à peine, aux milieux de plusieurs startups, un gros industriel des télécoms a installé de manière surprenante son petit corner: Sagemcom. Peu connue du grand public, cette société de 4.200 personnes fabrique des box Internet et des décodeurs pour les grands opérateurs français. Elle a lancé récemment une offre complète de réseau bas débit dédiée à l'Internet des objets. Assis sur une chaise haute, Eric Rieul, directeur général délégué de la branche énergie et télécoms, ne trouve pas sa place trop étroite:

"C'est la première fois qu'on vient à Barcelone. On n'a pas besoin d'un grand espace parce qu'on est pas venu pour signer des contrats. Notre objectif, c'est de prendre la température et de rencontrer les acteurs de l'Internet des objets. Pour nous, il est important de cibler correctement les usages de demain pour adapter notre offre aux entreprises."

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De l'autre côté de l'allée centrale, un autre acteur de l'Internet des objets enchaîne les rendez-vous. Il s'agit de Qowisio, un spécialiste des réseaux bas débit"On est venu à huit", détaille Xavier Eme, son directeur des ventes. A Barcelone, il espère vendre ses solutions aux opérateurs télécoms du monde entier, qu'il s'agisse d'Orange, de Vodafone ou d'Etisalat. Mais aussi des opérateurs plus petits, qu'il est ici plus facile d'approcher. En croisant les doigts, bien sûr, pour que les serrages de louches se muent en signatures au bas d'un contrat.