Comment Rome veut « italianiser » Telecom Italia

Il y a un mois et demi, le gouvernement italien a décidé d’utiliser ses pouvoirs spéciaux à l’encontre de l’opérateur historique. L’objectif étant de contenir l’influence de Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia à hauteur de 24%. Des mesures pourraient être prises concernant sa filiale Sparkle, qui gère des réseaux stratégiques. Mais aussi concernant son réseau Internet fixe.
Pierre Manière
Selon Reuters, le conseil d’administration de Telecom Italia se réunira mardi pour envisager l’avenir du réseau.

La présence de Vivendi au capital de Telecom Italia continue de susciter des débats. Depuis que le géant français des médias contrôlé par Vincent Bolloré a décidé de prendre les rênes de l'opérateur historique transalpin (dont il possède près de 24%), Rome a décidé, le 16 octobre dernier, d'utiliser ses « pouvoirs spéciaux », visant à protéger certaines activités jugées stratégiques. Ou en d'autres termes, de les « italianiser » pour éviter qu'elles ne les lui échappent.

Aujourd'hui, deux dossiers chauds sont ainsi à l'étude. Le premier concerne le réseau Internet fixe de Telecom Italia. En Italie, des responsables politiques et des opérateurs rivaux plaident depuis longtemps pour que celui-ci, qui est évalué à 15 milliards d'euros par plusieurs spécialistes, soit séparé des autres activités du groupe. Cela permettrait à l'État de rester maître de cette infrastructure jugée essentielle. Selon Reuters, le conseil d'administration de Telecom Italia se réunira mardi pour envisager l'avenir du réseau, même si Amos Genish, le nouvel administrateur délégué du groupe, a souligné qu'aucune décision ne sera prise tout de suite. Ce dernier a d'ailleurs souligné, le mois dernier, que Telecom Italia souhaitait garder la main sur son réseau, tout en précisant qu'il n'avait pas besoin de le détenir « à 100% ».

Quel avenir pour le réseau Internet fixe ?

Amos Genish a en outre affirmé qu'il était ouvert à des accords commerciaux avec Open Fiber - son rival contrôlé par l'électricien Enel qui déploie le très haut débit en Italie - mais certainement pas à une fusion. Selon lui, « l'Italie est assez grande pour avoir deux réseaux concurrents », a-t-il indiqué il y a peu au quotidien Il Sole 24 Ore. Si l'avenir du réseau de Telecom Italia fait tant débat, c'est parce que beaucoup estiment qu'une séparation pourrait permettre à l'Italie d'accéder plus vite au très haut débit, tout en permettant de connecter plus vite, notamment, certaines zones peu denses, qui ne sont généralement pas la priorité des opérateurs télécoms.

Récemment, dans une interview à Edition Multimedi@, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur français des télécoms, a ainsi estimé que « l'incitation naturelle à déployer de la fibre » existait « beaucoup moins en Italie vis-à-vis de Telecom Italia ». Quoi qu'il en soit, l'Agcom, l'autorité italienne des communications, a annoncé qu'elle déciderait mi-2018 comment résoudre les problèmes de concurrence concernant le réseau fixe de Telecom Italia.

L'autre dossier chaud concerne la filiale Sparkle de l'opérateur historique. Cette société est considérée comme un actif particulièrement stratégique, notamment parce qu'elle gère un réseau de câbles sous-marins reliant l'Italie à différents pays européens, à la Méditerranée et aux Amériques. Rome ne veut donc pas voir cette actif partir à l'étranger.

(avec agences)

Pierre Manière

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