COP21 : une coalition de milliardaires pour développer les cleantech

Par Sylvain Rolland  |   |  526  mots
Bill Gates, le fondateur de Microsoft, a réuni vingt-sept autre investisseurs, dont la plupart viennent du milieu de la high tech, pour développer massivement les innovations dans les énergies propres. (Crédits : © Francois Lenoir / Reuters)
Portée par Bill Gates, la "Breakthrough Energy Coalition" rassemble vingt-huit investisseurs privés, issus surtout de la high-tech, prêts à injecter plusieurs milliards de dollars dans des entreprises développant des innovations dans le domaine des énergies propres.

Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent à Paris pour tenter de trouver des solutions politiques pour contenir le réchauffement climatique, les géants de la high-tech se joignent à la lutte.

L'entrepreneur et philanthrope Bill Gates a annoncé lundi 30 novembre en marge de la COP21 une initiative d'envergure : la "Breakthrough Energy Coalition". Il s'agit d'un fonds doté de plusieurs milliards de dollars et destiné financer des innovations dans le domaine des énergies propres.

Mark Zuckerberg (Facebook), Jeff Bezos (Amazon), Xavier Niel (Free), Jack Ma (Alibaba), Marc Benioff (Salesforce), Neil Shen (Sequoia Capital China) ou encore Meg Whitman (Hewlett Packard) se sont laissés convaincre. A lui seul, Bill Gates y investira deux milliards d'euros.

Un tacle aux gouvernements

Puisque les Etats se sont montrés, jusqu'à présent, plutôt timides pour relever les défis du changement climatique, les géants de la high-tech ont décidé se retrousser les manches en se positionnant comme acteurs majeurs de la lutte.

Le constat effectué par les vingt-huit investisseurs est sévère, mais juste.

"Les investissements des gouvernements pour développer les énergies propres ne sont pas à la hauteur des challenges qui nous attendent [...] Nous ne pouvons plus atteindre que le système change au rythme des cycles normaux", constatent-ils sur le site de la Breakthrough Energy Coalition.

Le message est clair : il faut accélérer, et la technologie aidera à résoudre la crise climatique.

"Le monde a besoin d'énergie largement disponible, fiable, à un prix abordable, et qui ne produit pas de carbone. L'urgence du changement climatique et le besoin en énergie des parties les plus pauvres du monde nécessitent un programme global agressif pour des innovations autour des énergies propres", poursuivent-ils.

Réduire la "vallée de la mort"

Le coup de pouce des certains des investisseurs les plus influents du monde part aussi du constat que de nombreuses solutions innovantes peinent à se retrouver sur le marché faute d'investissement pour les rendre moins coûteuses et aptes à une utilisation à grande échelle.

Cette "vallée de la mort" qui sépare les projets innovants de leur commercialisation représente, selon Bill Gates, un "gouffre" que ni les gouvernements ni les capitaux privés classiques ne peuvent réduire seuls.

20 pays, 20 milliard de dollars d'ici à 2020

Le "modèle" proposé par cette coalition de milliardaires se fonde donc sur un "accroissement dramatique" des partenariats public-privé entre les gouvernements, les instituts de recherche et les investisseurs. Des partenariats qui se veulent "de long terme" et "flexibles", grâce à l'action de la Mission Innovation, également annoncée ce lundi.

Cette mission regroupe vingt pays, qui s'engagent à investir vingt milliards de dollars (18,9 milliards d'euros) dans la recherche sur les énergies propres d'ici à 2020. Soit le double de leurs investissements actuels, selon un communiqué de la Maison Blanche.

En plus de la France et de pays européens comme le Danemark, l'Allemagne, l'Italie, la Suède, le Royaume-Uni et la Norvège, de nombreux pays très pollueurs participent au dispositif, dont les Etats-Unis, la Chine, le Canada, le Brésil, l'Inde, l'Indonésie, la Corée du Sud, le Mexique ou encore les Emirats Arabes Unis.