Effondrement d'Altice en Bourse : ce n'était donc pas fini

Par Pierre Manière  |   |  565  mots
Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice, la maison-mère de SFR.
Le titre du géant des télécoms et des médias a une nouvelle fois lourdement chuté de 13,17% à 8,90 euros ce mardi, dans le sillage des baisses d'objectifs de cours de deux intermédiaires financiers.

[Article publié à 16:05 et mis à jour à 18:02]

« Et ce n'est pas fini. » L'ancien célèbre slogan publicitaire de SFR semble, pour le pire, s'appliquer aujourd'hui au cours de Bourse d'Altice, sa maison-mère. Le groupe, qui a vu son cours dégringoler la semaine dernière - dans le sillage des résultats jugés préoccupants de l'opérateur au carré rouge publiés le 2 novembre - continue de susciter la défiance des marchés. Ce mardi, le titre du géant des télécoms et des médias a plongé de 13,17% à 8,90 euros à la Bourse d'Amsterdam. Il a donc perdu environ 45% de sa valeur depuis le 2 novembre, où il valait encore 16,2 euros. Sur cette période, ce sont plus de 10 milliards d'euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée. Le titre passe aussi largement sous la barre symbolique des 10 euros et évolue au plus bas depuis avril 2014.

Cette chute intervient dans la foulée de l'abaissement des objectifs de cours de deux intermédiaires financiers. Kepler Cheuvreux reste ainsi à « conserver » sur la valeur, mais avec un objectif de cours de 11 euros contre 18 euros auparavant. « Le plongeon de l'action n'offre pas d'opportunité claire d'achat, de notre point de vue », écrivent les analystes selon Reuters. « Nous voyons les tendances d'exploitation évoluer bien plus négativement que ne le suggère un consensus très optimiste, notamment aux Etats-Unis, où la compétition se renforce et où les coûts des contenus grimpent », poursuivent-ils. Morgan Stanley, de son côté, abaisse son objectif de cours de 20,50 euros à 13,50 euros. Ses analystes précisent qu'ils ont besoin de garanties sur la réduction de la dette d'Altice - qui s'élève à plus de 50 milliards d'euros - pour réviser leur opinion.

Chambardement managérial

Concrètement, les marchés ne semblent pas rassurés par le chambardement du top management d'Altice et de SFR, qui a été annoncé jeudi dernier, après une nouvelle lourde chute du titre. Pour rappel, Michel Combes, jusqu'alors DG d'Altice et PDG de SFR a été remercié et remplacé à la tête de l'opérateur au carré rouge par Alain Weill, jusque-là à la tête de SFR Medias (BFM TV, RMC, L'Express, Libération...). Quand à Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice, celui-ci a choisi de reprendre les rênes de son groupe, en tant que président du conseil d'administration.

A noter qu'Altice a aussi fait l'objet d'une critique très sévère de son rival Orange ce week-end. Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur historique, a carrément estimé qu'Altice avait « un problème de modèle », ce dimanche, lors de l'émission « Le Grand Jury » sur RTL-LCI-Le Figaro. « On ne peut pas tout faire, a lancé le patron en campagne pour son renouvellement à la tête de l'opérateur historique. On ne peut pas investir massivement dans la fibre optique et investir massivement dans les contenus. » Avant d'en remettre une grosse couche : « Je ne veux pas jouer un peu les Cassandre [mais] franchement, j'ai des doutes sur le modèle. Parce que le modèle financier est difficilement soutenable tel qu'il est aujourd'hui. Il supposerait qu'il y ait effectivement des performances opérationnelles, qui, aujourd'hui, ne sont pas tout à fait au rendez-vous. »