Métaux rares : Bruxelles s'inquiète des restrictions à l'export mise en place par la Chine

Par latribune.fr  |   |  600  mots
Les restrictions de la Chine visent le gallium et le germanium, deux métaux indispensables pour les semi-conducteurs. (Crédits : FLORENCE LO)
La Commission européenne s'est dite « inquiète » des restrictions que la Chine va imposer sur les exportations de deux métaux rares, indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur. Bruxelles appelle Pékin à respecter les règles de l'OMC et se dit prête à envisager « des actions » si tel n'était pas le cas.

La Chine a fait forte impression ce lundi en dégainant des mesures de restriction sur les exportations de deux métaux rares. Ainsi, à compter du 1er août, les exportations de gallium et de germanium nécessiteront une licence avant de pouvoir être autorisées. De plus, le destinataire final des exportations et l'objet de leur utilisation devront être précisés, ont annoncé les autorités chinoises, justifiant ces mesures par la nécessité de « préserver la sécurité et les intérêts nationaux ».

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Or, ces métaux sont indispensables pour les semi-conducteurs, composants incontournables dans de nombreux objets du quotidien, comme les smartphones, les voitures connectées, mais aussi des équipements militaires. La Chine représente 80% de la production mondiale de gallium, que l'on trouve dans les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques, et autant de la production planétaire de germanium, indispensable pour les fibres optiques et l'infrarouge, selon des chiffres de la Commission.

L'UE prête à envisager « des actions »

Suite à ces annonces, la Commission européenne a indiqué ce mardi 4 juillet préparer « une analyse détaillée de leur impact potentiel sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et l'industrie européenne », a indiqué une porte-parole de l'institution.

« La Commission est inquiète que ces restrictions à l'exportation n'aient rien à voir avec la nécessité de préserver la paix, la stabilité et les obligations de non-prolifération liées aux traités internationaux », autant de motifs invoqués par Pékin, a-t-elle poursuivi.

« Nous appelons la Chine à adopter une approche où les restrictions et contrôles sont basés sur des considérations de sécurité claires dans le respect des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) », a ajouté la porte-parole, selon qui l'UE pourrait envisager « des actions dans le cadre de l'OMC ».

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Les semi-conducteurs, un enjeu crucial

Ces restrictions interviennent en tout cas dans un contexte de tensions internationales grandissantes autour des semi-conducteurs, sur fond de rivalité technologique avec les États-Unis. Après avoir mis sur liste noire des entreprises chinoises pour les priver d'accès aux technologies américaines, les États-Unis ont renforcé récemment les restrictions à l'exportation des semi-conducteurs vers la Chine, et font pression sur leurs alliés pour en faire de même. À partir de septembre, les Pays-Bas imposeront justement des restrictions pour l'exportation de technologies destinées à la fabrication de puces électroniques. La Chine, qui cherche à devenir autonome dans la conception de semi-conducteurs, dénonce ces mesures qui visent selon elle à maintenir la suprématie américaine dans ce domaine.

Quant à la Commission européenne, elle a proposé en mars une nouvelle législation pour réduire la dépendance de l'UE aux semi-conducteurs provenant d'Asie. Objectif : multiplier par deux la part qu'elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% d'ici à 2030 - contre 10% environ actuellement - en mobilisant 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés en faveur de cette industrie. Et pour cause, l'entreprise taïwanaise TSMC produit la quasi-totalité (avec Samsung) des puces ultra-performantes  présentes dans les processeurs de nos ordinateurs et smartphones. Problème, la Chine souhaite depuis plusieurs années mettre la main sur l'île et ses entreprises et se montre de plus en plus menaçante. En cas de prise de TSMC par la Chine, les Européens pourraient alors être incapables de se fournir en semi-conducteurs de pointe.

(Avec AFP)