Etats-Unis : pourquoi les stars ont la folie des startups

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  601  mots
Beyoncé et Jared Leto ont participé à une levée de fonds de 1,7 million de dollars pour une startup.
En investissant 150.000 dollars dans une startup de merchandising, Beyoncé entre dans la longue liste des stars qui se lancent dans l'aventure du capital risque, parfois pour de mauvaises raisons.

La reine de la pop avait caché ses talents de business angel. La chanteuse américaine Beyoncé et sa société Parkwood ont participé à hauteur de 150.000 dollars à la levée de fonds de la startup Sidestep, une application de merchandising, selon le site Tech Crunch. L'interprète de "Single ladies" n'est pas la seule à mettre la main au portefeuille pour financer le développement de jeunes entreprises. Sur les 1,7 million de dollars levés par Sidestep, on compte également l'acteur Jared Leto parmi les investisseurs et cela n'a rien d'étonnant.

Aux États-Unis, des chanteurs (Bono, Linkin Park) aux acteurs de cinéma (Ashton Kutcher, Robert Downey Jr.) en passant par les animateurs de télé (Ellen DeGeneres) et les sportifs (Carmelo Anthony, Kobe Bryant), ils sont nombreux à s'être lancé dans le capital risque pour dénicher le nouveau Facebook. Même le président Obama songerait à s'y mettre une fois son mandat terminé.

Ashton Kutcher et son portefeuille de 250 millions de dollars

Le premier à se lancer dans l'aventure a été Bono, le célèbre chanteur du groupe de rock U2. Au milieu des années 2000, il co-fonde l'entreprise de private equity Elevation Parterners. Après un démarrage difficile, il réalise une belle opération en prenant des parts dans Facebook avant son décollage.

Bono a rapidement été suivi par l'acteur Ashton Kutcher. La star hollywoodienne a comme premier fait d'armes sa prise de participation dans l'application de conversations vidéo Skype en 2009. À l'époque, elle n'était valorisée qu'à 2,75 dollars, mais deux ans plus tard l'entreprise est rachetée par Microsoft pour... 8,5 milliards de dollars ! La même année, il investit 500.000 dollars dans Uber, aujourd'hui la valeur de ses parts a été multipliée par 100.

Passionné de nouvelles technologies, l'acteur est considéré par le magazine Forbes comme l'un des 100 meilleurs investisseurs en capital risque en 2016, et dispose d'un portefeuille de 250 millions de dollars. Reconnus dans le métier avec Bono, ils sont depuis un an conseillers auprès de l'entreprise de private equity TPG Capital.

Investir dans la Silicon Valley parce que "c'est sexy"

Les stars du showbusiness ne se lancent pas toutes dans l'aventure du capital risque pour les mêmes raisons. Certaines s'intéressent aux startups non pas pour l'amour de la création d'entreprises, mais parce que "c'est sexy", estime Steven Neil Kaplan, professeur d'entrepreneuriat à l'université de Chicago, dans les colonnes du Guardian. Pour un dollar investi, une coupure de presse annonce la nouvelle le jour-même, de quoi alimenter leur capital sympathie auprès de leur public.

Le capital risque est pourtant une chose complexe. Les membres du groupe de métal Linkin Park ont suivi des cours à l'université d'Harvard pour mieux gérer leur société Machine Shop Ventures. D'autres sont passés outre, à l'image de Lindsay Loan. L'application de karaoké "Just sing it" a bénéficié des fonds de l'actrice, mais tarde toujours à décoller.

En jouant ce petit jeu, les stars pourraient néanmoins se faire avoir. En effet, s'adresser aux célébrités est parfois l'occasion d'obtenir de la "dumb money" (argent stupide en anglais), selon le New York Times. Moins informées, les stars seraient plus à même de prendre des risques sans en mesurer la teneur, une aubaine pour les entrepreneurs qui peinent à trouver du soutien chez les acteurs classiques. Alors que les innovations de la Silicon Valley tardent souvent à montrer leur réelle viabilité, un tel comportement risque d'alimenter la bulle technologique. Et ça ce n'est pas sexy.

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