#Goolag : l'extrême droite s'empare de la polémique sexiste chez Google

Par Anaïs Cherif  |   |  548  mots
Les femmes représentent seulement 31% des employés chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.
Un ingénieur s'est fait licencier lundi chez Google après avoir rédigé une note sexiste, diffusée en interne. Alors que l'extrême droite s'insurge de cette décision sur les réseaux sociaux, le géant de la Silicon Valley a été contraint d'annuler jeudi une réunion sur la diversité pour des questions de "sécurité".

Google s'embourbe. Le moteur de recherche a licencié lundi un ingénieur, auteur d'une note sexiste diffusée en interne où il justifie la très faible présence des femmes dans la tech pour des "causes biologiques". Alors que la réaction de Google divise la Silicon Valley au nom de la liberté d'expression, ce licenciement est maintenant dénoncé par l'extrême droite sur les réseaux sociaux. Car l'ingénieur James Damore, 28 ans, critiquait également les programmes instaurés par Google pour instaurer davantage de diversité dans l'entreprise (notamment en recrutant davantage d'afro-américains et d'hispaniques). Il poussait le bouchon jusqu'à affirmer que la firme de Mountain View est intolérante... avec les idées "conservatrices". De quoi rallier l'extrême droite à sa cause.

| Lire aussi : Google, coincé entre sexisme et liberté d'expression

Des militants d'extrême droite ont harcelé en ligne cette semaine des employés de Google ayant publiquement soutenu le renvoi de l'ingénieur en publiant une liste de noms, accompagnés de photos et de menaces. Danielle Brown, la responsable diversité de Google, a notamment fermé son compte Twitter, souligne le GuardianLe géant de la Silicon Valley devait tenir jeudi une réunion en interne sur la diversité, organisée à la suite de la publication du mémo polémique. Celle-ci a été annulée au dernier moment par le PDG, Sundar Pichai pour des questions de "sécurité".

La majorité des Googlers contre le licenciement

"Au regard des préoccupations des Googlers (employés de la firme, Ndlr), nous devons créer de meilleures conditions de dialogue", a justifié dans un e-mail adressé aux salariés Sundar Pichai, relayé par le Wall Street Journal. Le patron de Google précise que d'autres moyens vont être engagés dans les prochains jours pour discuter du sujet.

"La grande majorité d'entre vous appuie grandement notre décision. Un pourcentage plus faible souhaiterait que nous fassions davantage. Certains craignent que vous ne puissiez pas vous parler librement au travail ", a-t-il conclu.

Au sein même de l'entreprise, la décision divise. 56% des 441 employés sondés par Blind, une application de chat d'entreprise anonyme, n'approuvent pas le renvoi de James Damore, a dévoilé jeudi Business Insider.

"Goolag", ou l'ingénieuse posture victimaire

Dès le lendemain de son licenciement, le principal intéressé a reçu une proposition d'embauche de la part de Andrew Torba, directeur général du réseau social Gab, très prisé par l'extrême droite aux Etats-Unis.

"Quiconque dévie des points de discours de la gauche libérale est méprisé, montré du doigt et poussé vers la sortie", estimait Andrew Torba auprès de Reuters.

L'ingénieur licencié, quant à lui, ne s'est toujours pas exprimé dans les médias, mais il a accordé des interviews à des personnalités d'extrême droite sur YouTube, comme le controversé Stefan Molyneux. James Damore, qui a porté plainte contre Google pour son licenciement, mène une campagne anti-Google sur les réseaux sociaux. Il s'est créé un nouveau compte Twitter, Fired4Truth ("viré pour la vérité", en français) où il pose avec un t-shirt "Goolag".