Après la polémique, Google se retrouve au cœur d'un débat sur la liberté d'expression. Le géant américain a licencié lundi un ingénieur, auteur d'une note sexiste diffusée en interne où il justifie la très faible présence des femmes dans la tech. Cette annonce divise la Silicon Valley, alors que les cas de harcèlements et de sexisme se multiplient comme chez Uber. Au sein même de l'entreprise, la décision est dénoncée par 56% des 441 employés sondés mardi et mercredi par Blind, une application de chat d'entreprise anonyme. Un résultat partagé par les géants du Net comme Facebook (56%), Microsoft (57%) ou encore Yahoo (60%). Avec 64%, c'est chez Uber que la désapprobation est la plus forte... Les employés qui soutiennent la décision de Google ne sont majoritaires que chez Lyft, LinkedIn et Apple, dévoile Business Insider.
Le principal intéressé, qui a porté plainte contre Google, a déjà reçu des propositions d'embauche. "Quiconque dévie des points de discours de la gauche libérale est méprisé, montré du doigt et forcé vers la sortie" estimait auprès de Reuters Andrew Torba, directeur général du réseau social Gab très prisé par l'extrême droite aux Etats-Unis, se disant prêt à embaucher l'ingénieur. Estimant que "la censure, c'est pour les losers", le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a également proposé mardi un emploi à James Damore sur Twitter.
Dans un mémo de 3.000 mots publié en intégralité dimanche par Gizmodo, le salarié assure : "Les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et (donc) ces différences peuvent expliquer pourquoi on n'a pas une représentation égale des femmes dans la tech et (dans les positions de) leadership". Selon lui, les aptitudes naturelles des hommes leur permettent plus facilement d'apprendre le code informatique, alors que les femmes sont davantage portées sur "les sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées". Conséquence : elles optent pour des carrières "dans le social ou l'artistique".
Vers une plainte collective de salariées contre Google ?
Environ 60 salariées, dont les trois quart travaillent encore chez Google, envisageraient une plainte collective contre le moteur de recherche, dévoile le Guardian. Elles avancent gagner moins que leurs collègues masculins pour des qualifications égales et des postes comparables. Certaines d'entres elles disent même avoir lutté pour faire progresser leur carrière chez Google en raison d'une "culture hostile aux femmes", rapporte James Finberg, l'avocat en charge du dossier.
"Google n'est pas un cas isolé dans la Silicon Valley", estime-t-il. "Le but de l'affaire est non seulement d'amener Google à modifier ses pratiques, mais aussi d'encourager d'autres entreprises de Silicon Valley à modifier leurs pratiques salariales."
En avril, le département américain du Travail a porté plainte contre Google pour "disparités de rémunérations systémiques" observées entre les hommes et les femmes au sein de l'entreprise. En plus d'être sous-payées, les femmes y sont aussi sous-représentées. Elles occupent seulement 31% des emplois chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.
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