Google, coincé entre sexisme et liberté d'expression

Un ingénieur s'est fait licencier chez Google après avoir rédigé une note sexiste, diffusée en interne. Une décision qui divise la Silicon Valley pour atteinte à la liberté d'expression.
Anaïs Cherif
Les femmes représentent seulement 31% des employés chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.

Après la polémique, Google se retrouve au cœur d'un débat sur la liberté d'expression. Le géant américain a licencié lundi un ingénieur, auteur d'une note sexiste diffusée en interne où il justifie la très faible présence des femmes dans la tech. Cette annonce divise la Silicon Valley, alors que les cas de harcèlements et de sexisme se multiplient comme chez Uber. Au sein même de l'entreprise, la décision est dénoncée par 56% des 441 employés sondés mardi et mercredi par Blind, une application de chat d'entreprise anonyme. Un résultat partagé par les géants du Net comme Facebook (56%), Microsoft (57%) ou encore Yahoo (60%). Avec 64%, c'est chez Uber que la désapprobation est la plus forte... Les employés qui soutiennent la décision de Google ne sont majoritaires que chez Lyft, LinkedIn et Apple, dévoile Business Insider.

> Lire aussi : Sexisme : Google licencie l'ingénieur à l'origine du texte polémique

Le principal intéressé, qui a porté plainte contre Google, a déjà reçu des propositions d'embauche. "Quiconque dévie des points de discours de la gauche libérale est méprisé, montré du doigt et forcé vers la sortie" estimait auprès de Reuters Andrew Torba, directeur général du réseau social Gab très prisé par l'extrême droite aux Etats-Unis, se disant prêt à embaucher l'ingénieur. Estimant que "la censure, c'est pour les losers", le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a également proposé mardi un emploi à James Damore sur Twitter.

Dans un mémo de 3.000 mots publié en intégralité dimanche par Gizmodole salarié assure : "Les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et (donc) ces différences peuvent expliquer pourquoi on n'a pas une représentation égale des femmes dans la tech et (dans les positions de) leadership". Selon lui, les aptitudes naturelles des hommes leur permettent plus facilement d'apprendre le code informatique, alors que les femmes sont davantage portées sur "les sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées". Conséquence : elles optent pour des carrières "dans le social ou l'artistique".

Vers une plainte collective de salariées contre Google ?

Environ 60 salariées, dont les trois quart travaillent encore chez Google, envisageraient une plainte collective contre le moteur de recherche, dévoile le Guardian. Elles avancent gagner moins que leurs collègues masculins pour des qualifications égales et des postes comparables. Certaines d'entres elles disent même avoir lutté pour faire progresser leur carrière chez Google en raison d'une "culture hostile aux femmes", rapporte James Finberg, l'avocat en charge du dossier.

"Google n'est pas un cas isolé dans la Silicon Valley", estime-t-il. "Le but de l'affaire est non seulement d'amener Google à modifier ses pratiques, mais aussi d'encourager d'autres entreprises de Silicon Valley à modifier leurs pratiques salariales."

En avril, le département américain du Travail a porté plainte contre Google pour "disparités de rémunérations systémiques" observées entre les hommes et les femmes au sein de l'entreprise. En plus d'être sous-payées, les femmes y sont aussi sous-représentées. Elles occupent seulement 31% des emplois chez Google, selon son rapport annuel pour la diversité publié en juin.

> Lire aussi : Sexisme dans la tech : le début du changement ?

Anaïs Cherif

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Commentaires 17
à écrit le 12/08/2017 à 19:35
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Je ne vais pas pleurer pour ce type. Il avait un job, il était plus payé qu'une femme, il n'était pas victime de racisme mais pour une raison inconnue il décide d'enfoncer les femmes qui n'ont rien demandé et qui galèrent plus que lui. C'est toujours...

à écrit le 12/08/2017 à 14:01
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Parler de liberté d'expression concernant Google est plutôt comique ! Il faut parler de la liberté de surveillance, dans ce cas. C'est un exemple qui démontre que l'on peut être à la fois ultralibéral et totalitaire. Les taux de profit faramineux ...

à écrit le 12/08/2017 à 12:07
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Merci d'écrire un article sur" les caractéristiques" de la génération Y, hommes américains millénium résident en Californie Est ce un préjugé ou pas je ne sais pas le Texas peut il influer sur la silicon valley ? Au Texas : " toutes les femmes au...

à écrit le 12/08/2017 à 11:31
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La 'bien-pensance' et le politiquement correct qui envahit de plus en plus la société actuelle conduit inévitablement à la dictature; ‘soft’ dans un premier temps mais qui peut très vite dériver vers une dictature plus musclée : ce fait divers lament...

à écrit le 11/08/2017 à 23:43
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Vous l'avez lu le mémo avant de dire qu'il est sexiste ou bien vous vous contentez de reprendre toutes les conneries des médias américains?

à écrit le 11/08/2017 à 18:26
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Google m'aurait paru plus sympathique si il avait fait l'effort de financer des formations pour débattre sur le sexisme afin de convaincre cet homme que sa position s'appuyait sur certains préjugés. Mais bon google a préféré le virer, c'est plus faci...

à écrit le 11/08/2017 à 17:12
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Je recommande à tous de bien lire l'article en question d’un bon niveau intellectuel (il est en anglais assez construit, passablement argumente (sans sources) et élaboré, pas facile à comprendre pour ceux qui ne maitrisent pas la langue, que l'on so...

à écrit le 11/08/2017 à 13:46
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C'est n'importe quoi cette polémique, c'est vrai que certaines femmes vont à l'inutile et l'esthétique pour zapper l'essentiel mais il y a aussi des femmes qui sont brillantes et encore plus brillantes qu'un chercheur informatique ou mathématiques ou...

le 25/08/2017 à 9:13
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OK donne nous des exemples de femmes ultra brillantes ? encore plus brillantes qu'un chercheur informatique ou mathématiques ou ingénieur ? Donne nous des exemples.

à écrit le 11/08/2017 à 10:37
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Sans cautionner la misogynie en entreprise (ou ailleurs…), et étant le premier à promouvoir l’intérêt des écoles d’ingénieur à ma fille, il serait bien de relire in extenso l’article de cet ingénieur américain qui vient d’être licencié par google : l...

le 11/08/2017 à 13:32
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Votre post a été pour moi d'un grand intérêt ... Mais néanmoins laissez moi vous rappeler le rôle d'un ingénieur : Un ingénieur trouve et prouve ( son outil étant la rigueur scientifique ) et quand il démontre cela deviens un " chercheur " . Êtes v...

à écrit le 11/08/2017 à 10:03
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Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un "manifeste sexiste" comme la majorité de la presse s'est empressée de répéter, mais d'une réflexion pondérée et scientifiquement argumentée. Seule Peggy Sastre dans Slate (pour la presse française) s'est donné la p...

à écrit le 11/08/2017 à 8:55
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Vu qu il y a beaucoup moins de femme qui etudient l informatique, il n y a rien d etonnant a ce que chez google il n y ait que 31 % de femmes. Avec ce ratio, je suppose qu ils sont deja au dessus du ratio homme/femme des diplomes en informatique (dan...

le 13/08/2017 à 11:41
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Pour ou contre la liberté de dire ses opinions ou pas , tel est la question ! Si on a limité la liberté d'expression c'est pour éviter que des personnes faibles ( approuvant une opinion sans réel jugement ) tombent dans les limbes du délire humain !...

à écrit le 11/08/2017 à 8:52
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.... et dire qu'une majorité d'hommes n'est pas trés portée sur le maquillage c'est sexiste ?

le 13/08/2017 à 7:49
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S'il y a moins de femmes informaticiennes pourquoi ne sont elles pas mieux payées que les hommes (loi basique de l'offre et de la demande)

le 18/08/2017 à 7:21
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Pourquoi elles seraient mieux payées?

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