Atos-Kretinsky : des parlementaires s'alarment de voir « un acteur étranger si puissant s'approcher de capacités militaires ultra-sensibles »

Par latribune.fr  |   |  584  mots
(Crédits : STEPHANE MAHE)
Dans une tribune publiée par Le Figaro, 82 sénateurs et députés Les Républicains ont estimé que, même en crise, le groupe informatique Atos doit être « absolument maintenu sous le giron français ». L'opération de rachat de la branche infogérance de l'industriel Atos par le milliardaire Daniel Kretinsky doit être finalisée d'ici la fin de l'année.

Moins de 48 heures après l'officialisation du projet de rachat de la branche infogérance (maintenance de l'infrastructure informatique, IA, cybersécurité) du géant Atos par le milliardaire Daniel Kretinksy, une partie de la classe politique fait entendre sa voix. Alors que l'opération doit être finalisée en fin d'année, 82 sénateurs et députés Les Républicains ont estimé que, même en crise, le groupe informatique Atos doit être « absolument maintenu sous le giron français ». De fait, ils alertent sur le fait que l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky est sur le point de mettre la main sur les activités stratégiques de supercalculateurs.

Ces supercalculateurs, issus de l'activité de Bull reprise par Atos, sont indispensables aux simulations d'essais nucléaires qui servent à la mise au point des armes atomiques et donc à la crédibilité de la dissuasion française, rappellent-ils dans une tribune publiée sur le site internet du Figaro.

« Or cette capacité maintenue au meilleur niveau mondial est aujourd'hui grandement menacée par la crise profonde qui touche Atos », estiment-ils, jugeant désormais « possible, en théorie, d'accéder aux capacités de calcul stratégiques de la France au travers d'une porte dérobée : celle d'une OPA à faible coût ».

Les auteurs de la tribune, signée notamment par Bruno Retailleau et les président et vice-président de la commission de la Défense du Sénat, Christian Cambon et Cédric Perrin, s'inquiètent de la cession des activités très sensibles de cybersécurité et de calculateurs désormais abrités dans l'entité Eviden, amenée à être scindée d'Atos.

« L'hypothèse de voir un acteur étranger si puissant, s'approcher de nos capacités militaires ultra-sensibles, mérite toute notre attention, d'autant plus qu'il n'est pas un habitué du domaine des TIC » (technologies de l'information et de la communication, ndlr), mettent-ils en garde.

Selon eux, « la situation financière d'Atos est aujourd'hui telle qu'il n'est plus si certain qu'Evidian (rebaptisée Eviden, ndlr) sera protégée ».

Une prise de participation dans Eviden

Avec Daniel Kretinsky, « on fait entrer le loup dans la bergerie », a affirmé à l'AFP le sénateur Cédric Perrin, qui regrette qu'une offre française portée par Astek Développement et Chapsvision, ne soit « absolument pas considérée ».

En plus de l'opération de rachat sur une valorisation estimée à 2 milliards de dollars, une augmentation de capital d'Atos est également prévue. La société EP Equity Investment (EPEI), une holding de Daniel Kretinsky, investira au total 217,5 millions et détiendra ainsi 7,5% d'Eviden. Le milliardaire tchèque souhaite également inclure dans l'opération la société Fimalac de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière - déjà son partenaire dans le sauvetage en cours du distributeur Casino -, a indiqué Atos.

L'opération sera soumise à l'approbation des actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire organisée à la fin de l'année. La transaction « devrait être achevée au quatrième trimestre 2023 ou au premier trimestre 2024 », selon le document.

Depuis le départ en 2019 de son PDG Thierry Breton, devenu commissaire européen, le groupe Atos a accumulé plus de 4 milliards d'euros de pertes et sa valorisation a fondu de plus de 84%. En Bourse, le groupe continuait de dévisser, en recul de plus de 47% sur un mois et depuis la publication de ses résultats, pour un cours de 7,47 euros par action le jeudi 3 août.

(Avec AFP)