Atos : le milliardaire Daniel Kretinsky met la main sur la branche d'infogérance

Par latribune.fr  |   |  667  mots
Atos a enregistré une perte nette de 600 millions d'euros au premier semestre. (Crédits : STEPHANE MAHE)
Le groupe informatique français a confirmé son projet de cession de ses activités historiques d'infogérance au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, ce mardi. Celles-ci sont valorisées à 2 milliards d'euros. Atos a également annoncé sa restructuration autour des activités de sa filiale Eviden dont il prendra le nom.

[Article publié le mardi 1er août 2023 à 08h44 et mis à jour à 13h10] Les négociations étaient en cours depuis plusieurs semaines, c'est désormais officiel : Atos se restructure, et cède son activité historique. Ce mardi 1er août, le groupe informatique français a confirmé mardi son projet de cession de ses activités d'infogérance à Daniel Kretinsky, valorisées à 2 milliards d'euros. En outre, l'activité d'Atos sera restructurée autour des activités de sa filiale Eviden.

A la Bourse de Paris, l'enthousiasme des investisseurs après ces annonces s'essoufflait un peu à l'approche de la mi-journée. Après avoir été bondi de plus de 13% dans la matinée, l'action Atos a perdu de l'altitude et, vers 11h45 (9h45 GMT), elle gagnait près de 5% à 9,91 euros, dans un marché en recul de quasiment 1%. La semaine passée, elle avait fortement chuté à la suite de la publication des résultats semestriels, cédant plus de 35% en deux jours.

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L'opération sera soumise à l'approbation des actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire organisée à la fin de l'année. Elle aura « un impact positif net » sur la trésorerie du groupe de 100 millions d'euros, a précisé dans un communiqué Atos. La transaction « devrait être achevée au quatrième trimestre 2023 ou au premier trimestre 2024 », selon le document. Le groupe informatique prévoit également de lancer une augmentation de capital de 900 millions d'euros. La société EP Equity Investment (EPEI), une holding de Daniel Kretinsky, investira au total 217,5 millions et détiendra ainsi 7,5% d'Eviden. Le milliardaire tchèque souhaite également inclure dans l'opération la société Fimalac de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière - déjà son partenaire dans le sauvetage en cours du distributeur Casino -, a indiqué Atos.

« Cela créera de la valeur pour nos actionnaires »

Le groupe finalise ainsi la scission entre ses activités historiques en difficulté (Tech Foundations, maintenance de l'infrastructure informatique, qui compte 52.000 employés dans le monde) et celles en croissance centrées sur les nouvelles technologies (IA, cybersécurité), comme il l'avait annoncé en juin 2022. A l'issue de l'opération, Tech Foundations conservera le nom d'Atos.

« Cela créera de la valeur pour nos actionnaires en évitant le risque lié au redressement de (Tech Foundations) et à ses divers passifs et en recentrant le groupe sur Eviden et ses bonnes perspectives de croissance », a commenté le président du conseil d'administration d'Atos, Bertrand Meunier, cité dans le communiqué.

Atos a enregistré une perte nette de 600 millions d'euros au premier semestre, selon ses résultats publiés vendredi dernier Le flux de trésorerie disponible s'est effondré, passant de -555 millions d'euros à -969 millions d'euros, bien en dessous des attentes des analystes. Malgré plusieurs remaniements de sa gouvernance depuis le départ en 2019 de son PDG Thierry Breton, devenu commissaire européen, le groupe a accumulé plus de 4 milliards d'euros de pertes et sa valorisation a fondu de plus de 84%. Côté activité, le groupe a vu son chiffre d'affaires global légèrement diminuer au premier semestre, à 5,5 milliards d'euros.

De nombreux actionnaires inquiets

Dans le détail, Eviden profite d'un engouement pour la cybersécurité et la transformation numérique, avec une croissance à taux de change et périmètre constant de plus de 7%. Tech Foundations subit en revanche une « baisse organique maîtrisée » de son activité, de 1,6%. Atos a relevé ses objectifs annuels et vise désormais une croissance comprise entre +0% et +2% à données constantes. Il a aussi confirmé son objectif de marge opérationnelle, malgré les tensions inflationnistes sur les coûts.

Lors de la dernière assemblée générale des actionnaires en juin, le fonds activiste Sycomore avait échoué à renverser la gouvernance, avec le rejet à 65% de sa résolution visant à révoquer le président du conseil d'administration Bertrand Meunier. Mais de nombreux actionnaires restaient inquiets des plans de l'entreprise.

(Avec AFP)