Windows 10 crée la polémique avec sa politique de confidentialité

Par Mégane Chiecchi  |   |  580  mots
Avec un service qui se met quasi-automatiquement à jour, il est plus difficile de garder le contrôle sur Windows 10
Mots de passe, applications téléchargées, historique des recherches, localisation de l'appareil, fréquence des interactions avec vos amis : Windows 10 s'immisce dans votre quotidien. Les critiques fusent.

Après les déboires de Windows 8 il y a trois ans, la nouvelle version du système d'exploitation de Microsoft était très attendue. En 24 heures, elle a été téléchargée gratuitement plus de 14 millions de fois. Une frénésie qui n'empêche pas les critiques de tomber.

A bien des égards, l'efficacité du nouveau Windows dépend de ses utilisateurs. Présenté comme un système d'exploitation évolutif, il est censé se perfectionner au fur et à mesure des données qu'il emmagasine sur son utilisateur. Une personnalisation accrue, donc, qui pourrait bien nuire à la vie privée des internautes.

Une collecte de données qui dérange

A moins de désactiver le paramètre, Windows 10 collectera automatiquement des informations sur son utilisateur et ses activités, comme le rappelle Numerama. Mots de passe, applications téléchargées, historique des recherches, localisation de l'appareil, fréquence des interactions avec telle ou telle personne, réglage d'alarme : Windows 10  s'immisce dans votre quotidien comme jamais.

Pour justifier cette récupération de données, Microsoft propose de nouveaux services, parmi lesquels Cortana, une voix intelligente qui évolue et se construit en fonction de ce que l'utilisateur lui dit. Dans sa déclaration de confidentialité, le développeur précise son fonctionnement :

"Pour fournir une reconnaissance vocale personnalisée, nous enregistrons votre voix, ainsi que vos nom et surnom, les événements récents de votre calendrier et les noms des personnes avec qui vous avez rendez-vous, et des informations sur vos contacts, notamment leurs noms et surnoms."

Une publicité ciblée accrue

L'autre nouveauté de Windows fortement critiquée, c'est le concept de "l'identifiant publicitaire". Dorénavant, les utilisateurs du système d'exploitation pourront se connecter avec un identifiant global pour plusieurs services. Une centralisation qui permettra à Microsoft de disposer de données utiles pour les publicitaires :

"Windows génère un identifiant publicitaire unique pour chaque utilisateur d'un appareil. L'identifiant peut être utilisé par les développeurs d'applications et les réseaux publicitaires pour proposer des publicités plus pertinentes" explique l'entreprise.

Cependant, Microsoft se défend d'utiliser le contenu des courriels de son utilisateur pour faire de la publicité ciblée, contrairement à son concurrent Google avec Gmail. Un argument qui ne suffit pas à convaincre de la transparence du système, dans la mesure où Microsoft scannera automatiquement tous les documents stockés sur son Cloud, par souci de détecter les logiciels malveillants.

Une transparence mitigée

Avec un service qui se met quasi-automatiquement à jour, il est plus difficile de garder le contrôle sur Windows 10. Si Marine Le Pen s'est indignée dans une lettre à la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) de "l'espionnage généralisé des ordinateurs français par le nouveau système d'exploitation de Microsoft", le développeur est pourtant en règle.

Selon un article du journal Le Monde, la commission aurait même eu sous les yeux la déclaration de confidentialité de Microsoft avant sa publication. Quant au G29, le groupe de travail européen sur la protection des données, il travaille en ce moment sur une publication à propos du nouveau système d'exploitation.

Long mais clair : les 45 pages sur la confidentialité du nouveau service de Microsoft ont le mérite d'être précises. Que ce soit sur la nature des données collectées ou leur utilisation, rien n'est dissimulé, encore faut-il avoir le temps de lire l'ensemble du document.