Les "preuves d'amour" de François Hollande aux "Pigeons" de Californie

Par latribune.fr  |   |  659  mots
Carlos Diaz, leader du mouvement des "pigeons" a mis François Hollande au défi de l'étreindre, ce que le chef de l'Etat s'est empressé de faire. (Reuters/Robert Galbraith)
Donner des gages aux entrepreneurs : c'était l'objectif du séjour de François Hollande en Californie, aux Etats-Unis. Au cours de celui-ci, le chef de l'Etat a annoncé des mesures en faveur des entrepreneurs, et donné une accolade symbolique au leader du mouvement des "Pigeons".

Accolade symbolique, mais accolade quand même. Profitant d'une visite du président français au "US French Tech Hub", une plate-forme pour les sociétés désireuses de s'implanter aux Etats-Unis, Carlos Diaz, leader du mouvement des "pigeons" a mis François Hollande au défi de l'étreindre, ce que le chef de l'Etat s'est empressé de faire devant un public de chefs d'entreprises.

Avant cet acte de réconciliation avec celui qui l'accusait de faire fuir les entrepreneurs de France par une fiscalité confiscatoire, le président avait énuméré une série de mesures pour soutenir la création d'entreprises. Objectif avoué, selon la ministre déléguée à l'Economie numérique Fleur Pellerin: donner des "preuves d'amour" aux entrepreneurs.

L'épouvantail de la taxe à 75%

La taxe à 75% de François Hollande sur les entreprises comptant des salariés dont les revenus annuels sont supérieurs à un million d'euros, fait figure d'épouvantail aux Etats-Unis. A San Francisco, le chef de l'Etat a annoncé un nouveau mécanisme fiscal afin de permettre aux start-up de mieux rémunérer leurs salariés via une réforme du régime des attributions gratuites d'actions. Et ce alors que bien rares sont les start-up qui peuvent se permettre de rémunérer leurs employés à un niveau suffisamment élevé pour qu'ils soient soumis à la taxe à 75%. 

Le président a en outre promis la signature en mars d'une ordonnance pour développer les financements participatifs qui permettra aux particuliers de prêter, via les plates-formes de "crowdfunding", jusqu'à un million d'euros à des chefs d'entreprise, et dévoilé les premières mesures qui doivent émerger le 17 février du Conseil consacré à l'attractivité du territoire français.

"Venez en France !"

C'est grâce à ces mesures notamment qu'il compte faire venir les entreprises étrangères innovantes en France. Un nouveau "passeport talents" d'une durée de quatre ans renouvelables permettra d'attirer en France entre 5.000 et 10.000 chercheurs ou travailleurs hautement qualifiés, a-t-il promis.

"Venez en France !", a-t-il lancé à l'adresse des grands dirigeants de l'économie numérique américaine, dont il a rencontré l'élite, un peu plus tôt dans la journée, dans un restaurant français. Autour d'un canard à l'orange et de vins français, François Hollande a tenté de convaincre le fondateur de Twitter Jack Dorsey ou Sheryl Sandberg de Facebook que la France n'est pas l'enfer administratif et fiscal parfois dépeint par la presse anglo-saxonne.

Tout à son opération de séduction, le président n'a pas fait du contentieux fiscal qui oppose Bercy à Google un cheval de bataille, même s'il a plaidé pour une harmonisation mondiale des pratiques fiscales afin d'empêcher l'optimisation agressive pratiquée par certains géants de l'économie numérique.

>> Lire : 1 milliard d'euros: le redressement fiscal de Google en France ?

Gattaz-Hollande, nouvelle épisode

Le chef de l'Etat a aussi profité d'un discours devant la communauté française de San Francisco pour dédramatiser la fausse note jouée par le président du Medef, Pierre Gattaz, qui l'accompagne aux Etats-Unis.

Le patron des patrons, qui a dû annuler une conférence de presse à Washington à la demande de l'Elysée, avait jeté un froid ans la délégation quelques jours plus tôt en déclarant à la presse rejeter toute idée de contreparties aux 30 milliards d'euros d'allégements de charges proposés dans le cadre du pacte de responsabilité.

Pierre Gattaz a ensuite précisé ses propos, indiquant qu'il pourrait accepter des objectifs chiffrés à la condition qu'ils ne soient pas contraignant.

"Vous pouvez l'applaudir", a dit François Hollande, s'adressant aux 2.000 Français expatriés rassemblés dans un hôtel de San Francisco. "Je ne doute pas qu'il me rendra la pareille le moment venu. Cela fait partie du pacte de responsabilité, j'imagine", a-t-il ironisé.

>> Lire : Pacte de responsabilité : le patronat et François Hollande se rendent coup pour coup