Trump veut qu'Apple "produise américain" : pourquoi ce n'est pas si simple

Par Sylvain Rolland  |   |  668  mots
Le secteur de la technologie, qui fait fabriquer un grand un nombre de pièces en Chine, est l'un des plus gros perdants potentiels en ce qui concerne la taxation des produits importés voulu par Donald Trump. (Crédits : Regis Duvignau)
Alors qu'Apple et le secteur des nouvelles technologies en général est vent debout contre la guerre commerciale lancée par Donald Trump à l'égard de la Chine, le président américain a incité sur Twitter la marque à la Pomme à fabriquer ses produits aux États-Unis. Pas si simple.

Pour Donald Trump, des solutions très simples peuvent résoudre les problèmes les plus complexes. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, par exemple. L'augmentation possible des droits de douane sur les produits importés de Chine envisagée par Donald Trump, pourrait pénaliser de nombreuses entreprises américaines, à commencer par celles évoluant dans le secteur des nouvelles technologies. Le président américain a déclaré qu'une augmentation des droits de douane de 10% à 25%, sur 200 milliards de dollars d'exportations chinoises, pourrait intervenir en septembre pour sanctionner Pékin, qu'il accuse de pratiques "déloyales". Ce week-end, il a même évoqué pouvoir encore taxer pour 264 milliards de dollars de biens supplémentaires "s'il le voulait".

Dans une lettre au Congrès, Apple, première capitalisation boursière mondiale, a ainsi déploré qu'une telle mesure ferait nécessairement augmenter le prix de certains produits, comme l'Apple Watch, les écouteurs AirPods ou encore l'enceinte intelligente HomePod. Cisco, Dell, Hewlett Packard Enterprise et Juniper Networks ont aussi écrit le 6 septembre une lettre au gouvernement, mettant en garde le président sur l'impact de cette mesure sur la croissance américaine, l'emploi et la capacité du pays à déployer la 5G sur le territoire si la mesure touchait le secteur des télécoms.

"Vous n'avez qu'à produire aux États-Unis !"

La réponse de Donald Trump, cinglante et désarmante de simplicité, ne s'est pas faite attendre sur Twitter : Apple n'a qu'à fabriquer ses produits aux États-Unis.

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 "Les prix Apple pourraient augmenter à cause des énormes droits de douane que nous allons peut-être imposer à la Chine - mais il existe une solution simple où il y aurait ZERO impôt et même une incitation fiscale. Fabriquez vos produits aux États-Unis au lieu d'en Chine. Commencez à construire de nouvelles usines maintenant. Excitant !"

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Apple n'a pas commenté cette déclaration du président américain. Le secteur de la technologie, qui fait fabriquer un grand nombre de pièces en Chine, est l'un des plus gros perdants potentiels en ce qui concerne la taxation des produits importés voulu par Donald Trump. Car non seulement la plupart des entreprises technologiques américaines font assembler leurs produits en Chine et en Asie du Sud-Est pour des raisons de coût de la main d'oeuvre, mais les composants de ces appareils sont aussi, pour la plupart, conçus en Asie, même si Apple, comme d'autres géants de la Silicon Valley, tente de réduire sa dépendance envers ses fournisseurs.

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Relocaliser la production, un chantier complexe, long et coûteux

Relocaliser la production d'appareils Apple aux États-Unis serait donc un chantier extrêmement complexe - la dépendance de la Silicon Valley envers l'Asie et la Chine pour les composants électroniques est réelle -, long et coûteux. Il aurait pour conséquence d'augmenter drastiquement les coûts de production, de réduire les marges et de gonfler la facture pour le consommateur final.

"Notre crainte avec ces droits de douane, c'est que les États-Unis soient les plus durement touchés, ce qui entraînera une baisse de la croissance américaine, de la compétitivité et des prix plus élevés pour les consommateurs américains", déclare la firme de Cupertino dans sa lettre.

En attendant l'épilogue de ce nouvel épisode de tension entre la Silicon Valley et Donald Trump, certains internautes préfèrent se moquer des solutions simplissimes évoquées par le président américain.

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