Uber : des chauffeurs interpellent François Hollande

Par Mounia Van de Casteele  |   |  530  mots
Selon le syndicat SCP/VTC, affilié à l'Unsa, quelque 10.000 candidats seraient en attente d'une immatriculation pour pouvoir exercer le métier de chauffeur VTC.
Des milliers de candidats ne peuvent plus obtenir le statut de chauffeur VTC professionnel depuis le 1er janvier dernier. Le gouvernement tarde à se décider sur les modalités en la matière. Aussi certaines plateformes, toujours en quête d'un plus grand nombre de partenaires, s'impatientent-elles.

"Faites entendre votre voix. Exigez de pouvoir gagner votre vie, exigez du Gouvernement de pouvoir devenir chauffeur VTC".

C'est en ces termes qu'Uber invite ses potentiels partenaires chauffeurs à signer une lettre à l'attention du Président de la République et du Premier Ministre.

Ils seraient plus de 3.000 à avoir répondu à l'appel.

Et pour cause, depuis le 1er janvier, la profession est littéralement bloquée. Un arrêté réglementant les modalités de formation des chauffeurs VTC était censé être publié au journal officiel en ce début d'année. Mais voilà. Après plusieurs concertations avec les différents acteurs du secteur (syndicats représentant les chauffeurs, fédération de plateformes VTC et taxis), le gouvernement n'a pas réussi à trancher.

Concrètement, si la majorité des taxis et VTC s'accordent sur la question d'un examen en remplacement des 250 heures de formation - pourvu qu'il soit aussi pointu que celui des taxis, voire qu'il y ait un tronc commun entre les deux - les parties prenantes divergent sur le nombre de sessions annuelles. Les plateformes voudraient ne pas en limiter le nombre, ou qu'il soit de l'ordre d'une session par semaine, tandis que certains taxis et représentants syndicaux de chauffeurs préfèreraient limiter leur nombre à deux ou trois sessions par an.

Lire : les chauffeurs veulent un numerus clausus, pas les taxis

Un choix cornélien pour le gouvernement - il y aura forcément des déçus -, qui préfère botter en touche pour le moment. Mais jusqu'à quand ? Au ministère des Transports, on nous confie "ne pas avoir d'informations à ce sujet". Problème d'harmonisation interministérielle... Car Bercy pencherait plutôt en faveur d'une ouverture du marché et donc du côté des plateformes, tandis que le ministère de l'Intérieur, dont dépendent les taxis, aurait plutôt tendance à pencher de l'autre côté.

Bref. En attendant, les listes d'attente s'allongent de jour en jour. Sans que les chauffeurs, formés et qui ont pour certains déjà investi dans l'achat d'un véhicule de travail, ne puissent s'immatriculer au registre des VTC professionnels, et donc travailler.

Ils seraient environ 10.000 à en croire le syndicat SCP/VTC. Rien que du côté de la plateforme Marcel Chauffeur, il y en aurait 4.000. Chez Uber France, on avance un nombre de 35.000 personnes - et de 50.000 pour le secteur -, qui auraient engagé des démarches en vue d'embrasser une carrière de VTC professionnel.

Quoi qu'il en soit, il se trouve que justement, le site gérant les immatriculations en question, se trouve en maintenance depuis quelques jours.

Avec une date de remise en service fixée au 26 janvier : jour de la grève nationale annoncée par les taxis...

En attendant, quelques applications (Uber, Allocab, SnapCar, Chauffeur-Privé, Marcel Chauffeur et CinqS) ont lancé ce lundi matin une initiative commune (#nonalafindesapplis): une lettre adressée à François Hollande expliquant que les plateformes VTC sont utiles pour la concurrence et l'emploi. Elles incitent chacun de leurs clients à signer la lettre, qu'ils porteront ensuite au président.

Lire aussi : Qui veut la peau de Heetch ?

Article rédigé vendredi 22 janvier et actualisé lundi 25 janvier.