Arnaque sur Internet : un fraudeur mondial arrêté par Interpol au Nigéria

Par Nicolas Raffin  |   |  497  mots
Les arnaques sur internet auraient coûté 4,5 milliards d'euros aux Français entre 2010 et 2016, selon le parquet de Paris.
L'homme est soupçonné d'avoir gagné des millions d'euros en incitant ses victimes à faire des virements sur le web.

L'homme était surveillé de près par les cyber-policiers d'Interpol depuis l'année dernière. Dans un communiqué publié hier, l'organisation internationale a annoncé l'arrestation d'un Nigérian de 40 ans, soupçonné d'être à la tête d'un réseau mondial d'arnaqueurs sur internet. L'interpellation s'est faite en collaboration avec les autorités locales.

Interpol explique que l'homme, connu sous le nom de "Mike", aurait arnaqué "des centaines de personnes" pour un total de 60 millions de dollars (53 millions d'euros). Le communiqué explique même que l'une des victimes "a été amenée à payer 15 millions de dollars" en une seule fois.

Un réseau d'escrocs et des arnaques bien rodées

Outre "Mike", quarante personnes ont également été arrêtées suite à l'enquête d'Interpol, et ce dans plusieurs pays : le Nigéria, mais aussi la Malaisie et l'Afrique du Sud. "Le commanditaire présumé avait aussi des contacts en Chine, en Europe et aux Etats-Unis pour blanchir l'argent récolté", explique Interpol. Ce sont d'ailleurs les autorités américaines qui ont livré des détails bancaires pour remonter la piste de l'argent sale.

L'organisation livre ensuite le détail des fraudes, qui étaient principalement de deux sortes. La première, "le faux virement", consistait à prendre le contrôle de l'adresse mail d'un vendeur (magasins en ligne, petites annonces, etc) et à demander à l'acheteur d'envoyer de l'argent sur le compte de l'escroc.

Le second type d'arnaque, dite "arnaque au président", consiste à pirater l'e-mail d'un dirigeant d'entreprise pour ensuite envoyer des ordres de virements au service comptabilité. Selon un rapport du FBI publié en avril 2016, ces arnaques qui visent les entreprises auraient causé 2,3 milliards de dollars de pertes entre 2013 et 2016.

Pour Abdul Chukkol, responsable de la section "Cyber-crime" à l'EFCC, la commission nigériane chargé des délits financiers, cette arrestation au Nigéria est un symbole, car elle démontre que le pays ne doit plus être considéré "comme un paradis pour les criminels".

Vigilance sur internet pour les entreprises

Au delà de ce cas particulier, Noboru Nakatani, directeur de l'IGCI (INTERPOL Global Complex for Innovation) estime que les entreprises doivent renforcer leur vigilance pour éviter ces arnaques. "Des protocoles de sécurité basiques tels que la double identification et une vérification poussée sont essentiels pour réduire le risque d'être piégé", explique-t-il dans le communiqué d'Interpol.

La prudence s'applique aussi pour chaque internaute : en cas doute sur un mail semblant provenir d'une institution officielle (faute d'orthographe, logo contrefait, demande du numéro de carte bleue et du cryptogramme, demande de mandat cash), il est conseillé de le signaler à l'institution en question, mais aussi à Signal Spam, une plateforme communautaire qui travaille avec les autorités publiques.

Ainsi, La Tribune a par exemple été victime d'une arnaque en 2015 et 2016, lorsque des pirates ont reproduit le logo du site et créé un faux article. Au total, les arnaques sur internet auraient coûté 4,5 milliards d'euros aux Français entre 2010 et 2016, selon le parquet de Paris.