Chine : l'application d'Alibaba à la gloire de Xi Jinping bat des records de téléchargements

Par Reuters  |   |  608  mots
"Xuexi Qiangguo", dont la traduction littérale est "Etude pour rendre la Chine forte" est une application à la gloire du pouvoir. (Crédits : Aly Song)
Alibaba a créé pour le compte du gouvernement chinois une application de propagande qui rencontre un énorme succès, ont annoncé, ce lundi 18 février, deux sources proches du géant chinois de l'internet. Un programme qui intervient dans un contexte de défiance occidentale vis-à-vis des entreprises technologiques du pays pour leurs liens présumés avec Pékin.

Un véritable plébiscite. Depuis son lancement en janvier, l'application "Xuexi Qiangguo", dont la traduction littérale est "Etude pour rendre la Chine forte", a été téléchargée plus de 43,7 millions de fois en Chine, sur les appareils conçus par Apple et ceux compatibles avec le système Android de Google, selon les estimations du cabinet de conseil en statistiques Qimai. Cette application à la gloire du président Xi Jinping, qui met en scène la doctrine du Parti communiste chinois (PCC), est devenue la semaine dernière le programme le plus téléchargé sur l'App store d'Apple en Chine, dépassant l'application de réseau et de partage vidéo Tik Tok et la messagerie WeChat.

La particularité de cette application est qu'elle est développée par une équipe dédiée aux projets spéciaux chezeProjets Y". Cette dernière gère également la maintenance de cette application qui propose des actualités, des vidéos, ont précisé les sources, ajoutant que cette équipe s'occupe des projets extérieurs à la société. Une offre d'emploi pour Xuexi Qiangguo a également été publiée sur le site internet d'Alibaba. Le partenariat très étroit entre cette application et Alibaba se traduit par le fait qu'un utilisateur de l'application de messagerie DingTalk d'Alibaba peut utiliser directement ses identifiants pour se connecter à Xuexi Qiangguo. D'ailleurs,  Alibaba a déclaré que l'application a été créée à partir du logiciel DingTalk.

Huawei dans le collimateur des occidentaux

Si le succès du programme est indéniable, une partie, au moins, de la popularité croissante de l'application peut être attribuée aux directives émises par les autorités locales et les universités qui obligent les membres du Parti communiste à la télécharger. Alibaba, dont le fondateur et président Jack Ma est justement membre du Parti communiste, n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, redoutent que Pékin n'utilise les infrastructures du premier équipementier télécoms au monde à des fins d'espionnage. Le groupe a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations, mais il pourrait être exclu des réseaux mobiles de cinquième génération (5G) sur plusieurs marchés. S'agissant des sanctions contre Huawei, le le vice-président d'Alibaba, Joe Tsai, a jugé que le  traitement réservé au groupe chinois Huawei Technologies était "extrêmement injuste".

Huawei est le premier équipementier télécoms mondial mais plusieurs pays occidentaux, États-Unis en tête, redoutent que Pékin n'utilise ses infrastructures à des fins d'espionnage. Aucune preuve n'a jusqu'à présent été apportée pour étayer ces soupçons et le groupe a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations. La controverse a toutefois conduit les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande à restreindre l'accès à leurs marchés pour la téléphonie mobile de cinquième génération (5G). Washington, qui a ainsi interdit à Huawei d'équiper les agences gouvernementales et les entreprises travaillant pour le gouvernement fédéral, estime qu'un pays européen qui se fournirait auprès de Huawei ou ZTE, un autre groupe chinois, mettrait en danger la sécurité nationale des États-Unis au même titre que sa propre sécurité.

L'Union européenne réfléchit à des propositions qui reviendraient à exclure les équipements de Huawei des réseaux mobiles de prochaine génération. Même si une telle démarche en est encore à un stade très préliminaire et qu'elle pourrait être difficile à mettre en oeuvre, Bruxelles semble durcir ses positions en la matière, marchant ainsi dans les pas de l'administration américaine.