Google VS les Etats américains : dans le viseur, le monopole sur l'accès aux applications

Par latribune.fr  |   |  709  mots
"Android et Google Play assurent une ouverture et un choix que d'autres plateformes n'ont simplement pas", a justifié le directeur des politiques publiques de Google, Wilson White. (Crédits : SHANNON STAPLETON)
Les attaques contre le géant se multiplient aux Etats-Unis. L'action en justice soutenue par 37 procureurs généraux accuse Google d'employer des méthodes anticoncurrentielles pour décourager la distribution d'applications par d'autres voies que son Play Store.

Un vent antitrust continue de souffler aux Etats-Unis. Renforcé par la récente nomination de Lina Khan à la tête de la Federal Trade Commission (FTC), le mouvement vise cette fois-ci Google et sa boutique d'applications mobiles "Play Store", accusé d'abuser de son pouvoir auprès des utilisateurs de téléphones Android. Mercredi, des dizaines d'Etats ont intenté collectivement un procès contre le géant californien.

Une action qui fait suite à une autre attaque retentissante menée fin 2020. Mi-décembre, 38 États avaient intenté des poursuites contre le leader mondial sur Internet et la publicité en ligne, pour pratiques anti-concurrentielles. Ils accusaient le groupe de maintenir un "monopole illégal" sur la recherche en ligne et la publicité.

Après ces deux piliers du modèle économique de l'entreprise de Mountain View, les Etats visent désormais la boutique en ligne destinée à obtenir des applications ou autres contenus numériques sur son smartphone Android.

"Nous intentons ce procès pour mettre fin au monopole illégal de Google et enfin donner voix au chapitre à des millions de consommateurs et d'entrepreneurs", a déclaré le procureur général de New York Letitia James, une des têtes de proue de cette démarche.

"Cette société a fait en sorte que des centaines de millions de consommateurs se tournent vers Google, et Google seul, pour l'accès aux millions d'applications qu'ils pourraient vouloir télécharger sur leurs téléphones et tablettes".

L'action en justice soutenue par 37 procureurs généraux accuse Google d'employer des méthodes anticoncurrentielles pour décourager la distribution d'applications par d'autres voies que son Play Store, dont le système de paiement perçoit des commissions sur transactions.

Des revenus qui explosent

Une position d'autant plus lucrative qu'avec la crise Covid, les revenus générés par ces applications mobiles ont explosé. Entre janvier et juin, 41,5 milliards de dollars ont ainsi été dépensés sur l'App Store d'Apple et 23,4 milliards sur Google Play, selon des chiffres préliminaires de Sensor Tower. Soit une hausse de 25% par rapport à la même période l'an dernier.

"Android et Google Play assurent une ouverture et un choix que d'autres plateformes n'ont simplement pas", a justifié le directeur des politiques publiques de Google, Wilson White.

Google est accusé de s'imposer comme "entremetteur" entre les développeurs d'applications et les consommateurs.

Depuis sa création en 1998 dans la Silicon Valley, Google, a d'abord réussi à s'imposer avec son moteur de recherche et un modèle de gratuité de services contre de la donnée. Au début, ces services permettaient d'ailleurs à de nombreux indépendants, tels les développeurs, de créer leur activité. Mais ce deal est aujourd'hui jugé déséquilibré par la classe politique et par certaines entreprises tentant de s'en délier.

Des procédures en cascade

Aussi, une décision est attendue dans le très médiatique procès intenté par Epic Games à Apple pour abus de position dominante avec son App Store.

App Store est la seule porte d'entrée des applications et autres contenus vers les iPhones et autres équipements fonctionnant sur le système d'exploitation iOS.

A l'inverse, les personnes utilisant du matériel mobile Android peuvent obtenir des applications par d'autres moyens que Play Store.

La pression monte aux Etats-Unis. Amazon, Facebook et Google font l'objet de poursuites lancées par des autorités fédérales, des coalitions d'Etats américains et le procureur de la capitale Washington.

En juin, le procureur général de l'Etat de l'Ohio a annoncé vouloir transformer l'entreprise multinationale américaine en "service public" afin que la firme soit soumis aux même régulations que les entités publiques.

En juin, des parlementaires démocrates et républicains du Congrès américain ont présenté cinq projets de loi ciblant directement les "monopoles" des géants des technologies Google, Apple, Facebook et Amazon (Gafa).

La Commission européenne multiplie aussi les attaques depuis des années contre les Gafa, dont les comportements sont jugés anti-concurrentiels.

En 2021, Google emploie près de 140.000 personnes dans le monde.

(Avec AFP)

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