L'Ohio veut faire de "Google un service public" : coup de com' ou coup de tonnerre ?

Face à la position dominante de Google sur le marché de la recherche en ligne, le procureur général de l'Ohio veut transformer l'entreprise multinationale américaine en "service public". Certains analystes tablent plutôt sur un coup de communication de la part de Dave Yost avec l'idée de taper fort et haut pour obtenir des résultats plus conformes avec les prérogatives du bureau.
Selon le procureur général, l'entreprise mondiale utilise sa domination de la recherche sur internet pour orienter les habitants de l'Ohio vers ses propres produits. C'est discriminatoire et anti-compétitif.
Selon le procureur général, l'entreprise mondiale "utilise sa domination de la recherche sur internet pour orienter les habitants de l'Ohio vers ses propres produits. C'est discriminatoire et anti-compétitif". (Crédits : PAWEL KOPCZYNSKI)

Après les multiples appels au démantèlement, notamment celui de l'ancienne candidate à la primaire démocrate Elizabeth Warren, c'est un nouvel angle d'attaque ouvert par le procureur général de l'Ohio (Etats-Unis) contre le géant Google. Dave Yost veut transformer l'entreprise multinationale américaine en "service public". Il a pour cela lancé mardi une procédure judiciaire sans précédent pour que la firme soit soumis aux même régulations que les services publics, à l'instar des compagnies d'électricité ou la gestion des infrastructures ferroviaires.

"Discriminatoire et anti-compétitif"

L'Ohio reproche à Google sa position dominante sur le marché des services et a engagé des procédures pour infraction au droit du commerce. Selon le procureur général, l'entreprise mondiale "utilise sa domination de la recherche sur internet pour orienter les habitants de l'Ohio vers ses propres produits. C'est discriminatoire et anti-compétitif", a-t-il déclaré, cité dans un communiqué.

Le bureau du procureur donne pour exemple la recherche d'un billet d'avion: "Si les résultats dirigent la personne vers le service Google Flights, cette personne ne voit pas les offres de concurrents tels que Orbitz et Travelocity".

Alors que le géant de la Silicon Valley dénonce une "procédure sans fondement juridique", certains analystes tablent plutôt sur un coup de communication de la part du procureur général avec l'idée de taper fort et haut pour obtenir des résultats plus conformes avec les prérogatives du bureau.

Renforcer la régulation

L'analyste juridique de la chaîne américaine MSNBC, Danny Cevallos, a déclaré au site NBCnews que "le but ultime de l'Ohio n'était pas de placer Google sous l'autorité directe d'une commission des services publics, mais de jeter les bases d'une réglementation accrue". L'expert prend l'exemple de services tels que le transport de déchets, l'activité des compagnies aériennes ou encore la gestion des casinos, des secteurs pilotés par des acteurs privés. Au regard de l'intérêt public de leur activité, ils font face à des réglementations plus drastiques que les entreprises opérant sur des marchés plus traditionnels.

 "Lorsqu'une entreprise sert une partie si importante du public que ses tarifs, ses frais et ses méthodes de fonctionnement deviennent une préoccupation publique, elle peut être qualifiée de service public" et ciblée pour une surveillance gouvernementale accrue, explique Danny Cevallos.

"Trop de pouvoir"

En octobre 2020, le congrès américain fustigeait dans un rapport le monopole de Google et de ses compères Gafam (avec Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). "Ces géants, qui étaient autrefois des petites startups, ont remis en question le statu quo et sont devenus le genre de monopoles que nous n'avions pas vu depuis l'ère des barons du pétrole et des magnats des chemins de fer [...] Ces firmes ont trop de pouvoir, et ce pouvoir doit être contenu et faire l'objet d'une surveillance et d'une application adéquate des lois. Notre économie et notre démocratie en dépendent".

La firme dirigée par Sundar Pichai a été sommée par l'Autorité de la concurrence française de verser 220 millions d'euros pour ses pratiques sur le marché de la publicité en ligne. Des engagements de réforme ont été exigés et devraient avoir une portée mondiale. Les autorités européennes et britanniques multiplient également les procédures contre Google afin de savoir si ces pratiques dans le domaine de la publicité sont anticoncurrentielles.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 09/06/2021 à 14:11
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Coup de com ... et démago en plus!

à écrit le 09/06/2021 à 12:04
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Ce qui serait une mauvase idée pour... Google.

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