Concurrence : Google se voit infliger une amende de 220 millions d'euros en France

L'Autorité française de la concurrence annonce ce lundi avoir sanctionné Google avec une amende de 220 millions d'euros pour abus de position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Le géant américain, qui n'a pas contesté les faits, s'est engagé à améliorer l'interopérabilité de ses services avec des solutions tierces.
(Crédits : Dado Ruvic)

Une "décision historique". C'est ainsi que l'Autorité française de la Concurrence a annoncé ce lundi infliger une amende de 220 millions d'euros à Google. Le géant américain est accusé d'avoir favorisé ses propres services dans le secteur de la publicité en ligne, a-t-elle annoncé dans un communiqué.

L'enquête de l'autorité de la concurrence faisait suite à une plainte déposée par trois groupes de presse : News Corp., Le Figaro (qui s'est désisté de la saisine en novembre 2020) et le groupe belge Rossel. Cette plainte portait sur les outils que Google propose aux éditeurs en ligne afin de vendre et gérer les annonces.

Dans le détail, l'Autorité de la concurrence indique avoir "constaté que Google a accordé un traitement préférentiel à ses technologies propriétaires proposées sous la marque Google Ad Manager", selon un communiqué.

"Les pratiques en cause sont particulièrement graves car elles ont pénalisé les concurrents de Google sur le marché des SSP (plateformes sur lesquelles les éditeurs mettent en vente leurs espaces publicitaires, ndlr) et les éditeurs de sites et d'applications mobiles", dont notamment les éditeurs de presse.

Google devra opérer des changements

Selon la présidente de l'Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva, cette décision est "historique" car il s'agit de la première du genre au monde à se pencher sur "les processus algorithmiques complexes d'enchères par lesquels fonctionne la publicité en ligne display" (qui vient s'afficher sur les écrans des internautes), a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse, rapporte l'AFP.

La firme de Mountain View "n'a pas contesté les faits" et l'amende a été décidée dans le cadre d'une procédure de transaction. Google s'est engagé à "améliorer l'interopérabilité des services Google Ad Manager avec les solutions tierces de serveur publicitaire et de plateforme de mise en vente d'espaces publicitaires et mettre un terme aux dispositions qui favorisaient [ses propres services]", selon l'Autorité de la concurrence, qui a accepté ces engagements et les rend obligatoires dans sa décision.

Google n'a pas commenté le montant de l'amende imposé, mais a confirmé qu'il s'était mis d'accord avec l'Autorité de la concurrence sur un certain nombre de solutions à apporter pour améliorer le fonctionnement du marché de la publicité en ligne, dont il est un acteur dominant.

"Nous allons tester et développer ces modifications dans les mois qui viennent, avant de les déployer plus largement, dont certaines à l'échelle mondiale", a indiqué Maria Gomri, directrice juridique de Google France, dans une réaction publiée ce lundi sur le blog de l'entreprise.

Une décision "vitale", salue Bruno Le Maire

Alphabet, la maison-mère de Google, a réalisé 55,31 milliards de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre 2021, majoritairement grâce à la publicité en ligne. L'entreprise fait face à des poursuites des autorités de plusieurs pays sur le front du droit de la concurrence, notamment aux Etats-Unis.

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Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a salué la décision de l'Autorité de la concurrence qui permet, selon lui, de faire appliquer les règles concurrentielles de la France aux géants du numérique qui exercent leur activité dans l'Hexagone.

"C'est d'autant plus vital que les pratiques mises en place par Google pour favoriser ses propres technologies publicitaires ont affecté les groupes de presse, alors même que leur modèle économique est fortement dépendant des revenus publicitaires. Ce sont des pratiques graves et elles ont été sanctionnées à juste titre", a-t-il souligné dans un communiqué.

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Commentaires 2
à écrit le 07/06/2021 à 19:19
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C'est pas trop tôt! Nous (européens) avons laissé un monopole s'installer en se disant il y a 15/20 ans que ce ne serait qu'un épiphénomène dans le monde de la pub et des moteurs de recherche (et aujourd'hui la terre est bien brûlée) J'espère que no...

à écrit le 07/06/2021 à 13:40
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Vu l'humiliation qu'ont infligé les GAFAM aux boites de pubs d'autrefois confortablement installées sur des rentes...

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